Chemin de Croix aux Champs Elysées par Mgr Follo (2)

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ROME, Jeudi 20 mars 2008 (ZENIT.org) – Dans ses méditations pour le chemin de Croix du Vendredi Saint, Mgr Follo invite les fidèles à se mettre à l’école de Marie, à regarder Jésus avec les yeux de sa Mère, pour comprendre notamment la parole du Christ : « mon fardeau est léger ».

Les méditations du chemin de Croix qui passera aux Champs Elysées ont été composées par l’Observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO à Paris, Mgr Francesco Follo, à la demande du curé de la paroisse Saint-Pierre de Chaillot (cf. Zenit du 19 mars pour les cinq premières) dont le site publie le texte intégral (cf. http://eglise-chaillot.com).

Nous publions ci-dessous la conclusion de Mgr Follo.

Conclusion : La joie précède la douleur

« Never let anything so fill you with pain or sorrow so as to make you forget the joy of Christ Risen. » (Mother Teresa of Calcutta)

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« Que jamais rien ne vous remplisse de douleur et de souffrance au point de vous faire oublier la joie du Christ ressuscité ».

C‘est avec cette phrase de Mère Teresa de Calcutta que je désire terminer ce chemin de Croix que nous avons parcouru avec Notre Dame. Comme pour Marie, Vierge et Martyre, notre chemin, notre croissance du coeur, est aussi un pèlerinage difficile sur les routes poussiéreuses de chaque jour, à travers les montagnes du bonheur et à travers les nuits de la douleur. Dans cet humble pèlerinage derrière le Christ vers la Croix, la Vierge Marie nous a aidés à fixer notre regard sur notre frère Jésus qui, de la Croix glorieuse, fixe sur nous un regard d’amour.

Maintenant que nous entrons dans le Samedi-Saint, prenons, comme Jean l’Evangéliste, Marie chez nous (cf. Jn 19, 27), dans notre coeur, dans notre maison. Où donc Jean emmena-t-il Marie en ce dramatique sabat ? Il n’est pas facile de l’imaginer. Dans sa véritable et propre maison ? dans un refuge temporaire pour pélerins ? à Béthanie ? Mais la maison, avant d’être un refuge, est d’abord un lieu tissé de rapports bien ordonnés d’amour authentique. Donc, gardons Notre Dame dans la maison de la charité, composée de Jean, des deux Marie, de Joseph d’Arimathie et de Nicodème, durant le temps compris entre l’obscurité la plus intense – « l’obscurité se fit sur la terre entière » (Mc 15, 33) – et l’aurore du jour de Pâques – « de grand matin, le premier jour de la semaine… le soleil s’étant levé » (Mc 16, 2).

Sa nouvelle famille, ses nouveaux fils et filles, regardent Marie ; et nous aussi, ses fils, nous contemplons notre mère, qui nous a engendrés dans le Fils par un travail d’enfantement inimaginable. Que peut nous dire du silence de Dieu, en ce samedi, Celle qui est demeurée la « Virgo fidelis », la Vierge croyante, qui porte à son accomplissement la spiritualité d’Israël, nourrie d’écoute et de confiance, et qui nous obtient la « consolation de l’esprit et du coeur »? Que peut nous dire la Mère du Seigneur de l’abîme de sa souffrance ?

Que nous suggère-t-elle à nous, ses fils égarés ? Elle nous murmure une parole, semblable à celle que son Fils a dite un jour : « Si vous aviez de la foi gros comme une graine de moutarde…! » (Mt 17, 20).

Que veut-elle nous communiquer ? Elle veut qu’en participant à sa douleur, nous participions aussi à sa consolation. Elle sait, en effet, que Dieu « nous réconforte dans toutes nos détresses, afin que, grâce au réconfort que nous recevons nous-mêmes de Dieu, nous puissions réconforter tous ceux qui sont dans la détresse » (2 Co 1, 4). C’est le réconfort qui vient de la foi. Dans la soirée commençante du samedi de la déception, Marie est la Mère de l’espérance, qui nous obtient le réconfort de l’esprit et du coeur, répétant comme un soupir les paroles de son Fils : « C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie » (Lc 21, 19).

Marie, qui avait la sainte habitude de méditer dans son coeur – « Marie, quant à elle, gardait toutes ces paroles et les méditait dans son coeur »  » (Lc 2, 51) – les grands événements de sa vie, nous invite à faire de même, non seulement durant le Samedi-Saint tout proche, mais durant le Samedi-Saint de l’histoire, de notre vie quotidienne.

Si la contemplation de notre coeur trouve en Notre Dame son exemple et sa forme, du Christ nous apprenons que de la mort jaillit la vie, que du don de soi naît la fécondité, que de la joie d’un amour infini nait la capacité d’accueillir la douleur qui sauve.

En effet, la condition de la Croix ne concerne pas seulement le Christ : ce n’est pas isolée en elle-même que la mort du Christ en croix sauve le monde. Ce n’est pas tout seul que le Christ sauve le monde, mais c’est avec l’adhésion de chacun de nous à la souffrance et à la croix. C’est ce que dit saint Paul :  » Je complète en ma chair ce qui manque à la Croix du Christ, à la passion du Christ ».

Marie ne connut pas les douleurs de l’enfantement quand elle donna naissance à Jésus, mais elle les souffrit de façon immensément plus aiguë quand elle vit la passion de son Fils. Ces douleurs reçurent leur véritable signification quand Elle vit le Fils – nouvelle annonciation – se manifester à Elle ressuscité. Si elle chanta le Magnificat après l’annonce de l’Ange, combien plus joyeux et plus grand fut le cantique de louange que Marie éleva vers Dieu, en voyant son Fils ressuscité, après un incomparable travail d’enfantement, duquel nous sommes nés!

Du bois de la mangeoire à celui de la Croix, de l’Enfant Jésus à l’humanité entière. De l’arbre sec a germé une fleur. Le nom de la nouvelle alliance est filiation, parce que grâce à cette alliance définitive, scellée sur la Croix, naît un peuple nouveau, afin qu’il soit une bénédiction pour toutes les nations (cf. Gn 12, 1-3). Le Christ est le sacrement de la fidélité de Dieu à son dessein de salut pour l’humanité entière, pour nous tous (cf. Benoît XVI, Homélie pour l’Epiphanie, 6 janvier 2008).

Avec toi, ô Marie, Mère de la Croix et notre Mère, reconnaissons que la douleur qui nous est demandée durant notre vie n’est pas un châtiment, mais qu’elle est une condition dramatique et sanctifiante pour le salut de cette vie, pour son exaltation, pour son développement, pour la joie pleine et durable.

Ô Marie, fais que notre offrande, l’offrande de notre vie, aide le pauvre monde, ce pauvre monde, à s’enrichir dans la connaissance du Christ et à se réjouir dans l’amour pour le Christ.

N‘oublions pas qu’Osée prophétisa :
« Ainsi parle le Seigneur : Dans leur détresse, ils me chercheront de nouveau. Venez, revenons à Yahvé. Il a déchiré, il nous guérira ; il a frappé, il pansera nos plaies ; après deux jours, il nous fera revivre, le troisième jour il nous relèvera et nous vivrons en sa présence » (5, 15b-6, 2).

Vivons dans la conscience que, comme dans la récitation du rosaire, la joie (mystères joyeux) précède la douleur (mystères douloureux), qui est source de gloire (mystères glorieux), de vie joyeuse pour le premier-né des ressuscités et pour nous tous.

Terminons par cette très belle prière de saint Bernard de Clairvaux :
« Souvenez-vous, ô très miséricordieuse Vierge Marie, qu’on n’a jamais entendu dire qu’aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection, imploré votre assistance ou réclamé votre secours ait été abandonné. Animé d’une telle confiance, ô Vierge des Vierges, ô ma Mère, je viens vers vous, et gémissant sous le poids de mes péchés, je me prosterne à vos pieds. Ô Mère du Verbe Incarné, ne méprisez pas mes prières mais écoutez-les favorablement et daignez les exaucer. Ainsi soit-il ».

Cette prière, la Vierge Marie la présentera à Dieu le Père, qui nous a tant aimés qu’il a envoyé son Fils mourir pour nous. Ce qu’Il a épargné à Abraham, il ne se l’est pas épargné à lui-même. Avec le Christ, nouveau et définitif Isaac, le Père lui-même est monté sur le Calvaire et a voulu que le Christ remette l’Esprit, qui renouvelle la face de la terre. Amen.

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ZENIT Staff

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