Chemin de Croix aux Champs Elysée par Mgr Follo (1)

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Méditations des cinq premières stations

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ROME, Mercredi 19 mars 2008 (ZENIT.org) – « Commençons le Chemin de Croix en faisant le signe de croix comme Mère Teresa de Calcutta avait l’habitude de le faire » : cette invitation de Mgr Follo donne une clef de sa méditation du Chemin de Croix. Mgr Follo invite les fidèles à se mettre à l’école de Marie, à regarder Jésus avec les yeux de sa Mère, pour comprendre la parole du Christ : « mon fardeau est léger ».

Voici en effet le texte intégral des cinq premières stations du Chemin de Croix de la paroisse de Saint-Pierre de Chaillot qui passera aux Champs Elysée, le Vendredi Saint : les méditations ont été composées par l’Observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO à Paris, Mgr Francesco Follo, à la demande du curé de la paroisse Saint-Pierre de Chaillot.

Commençons le Chemin de Croix en faisant le signe de croix comme Mère Teresa de Calcutta avait l’habitude de le faire :

Au nom du Père – prière,
et du Fils – pauvreté,
et du Saint-Esprit – zèle pour les âmes.
Amen – Marie.

Unissons notre Amen à celui de la Vierge Mère et accomplissons notre marche vers la Croix comme un « exode », comme un acte d’amour, de cet amour qui conduisit Jésus à Getsémani et au Calvaire pour ramener au bercail ceux qui s’étaient égarés.
Identifions-nous avec elle, notre Mère, elle qui resta debout, près de son Fils marchant vers le Calvaire pour nous sauver, nous qui, de la Croix, lui avons été donnés comme fils.
Quel supplice il y a dans le coeur de cette Mère qui voit son Fils unique s’acheminer vers la mort!
Entrons dans le coeur de cette Mère immaculée et contemplons sa douleur. Le prophète Jérémie avait écrit : « O vous tous qui passez par le chemin, regardez et voyez s’il est une douleur pareille à la douleur qui me tourmente » (Lam. 1,12).

Entrons ensuite dans le coeur du Christ et étreignons avec Lui Marie, la remerciant pour son Amen. Demandons-lui qu’elle nous tienne dans son coeur très pur. Etant près d’elle, nous serons conduits face à face avec l’Amour crucifié, nous pourrons donner au Christ notre amour et recevoir l’Amour du Christ, Lui qui est « la Parole à proclamer, le Pain de Vie à manger, la Faim à nourrir, la Soif à rassasier » (Mère Teresa de Calcutta : To me, Jesus is the Word – to be spoken, the Bread of Life – to be eaten, the Hungry – to be fed, and the Thirst – to be satiated »).

L‘enseignement que nous donne Jésus par sa vie atteint son point culminant dans l’événement de la Croix. Dieu s’est révélé Lui-même et, plus précisément, il a révélé son amour passionné pour nous, surtout par l’Incarnation, la Passion, la Mort et la Résurrection de son Fils. Cet amour, à ce niveau, est la plus importante des vérités révélées par le Christ. Elle constitue le noyau du Christianisme.
Quand Jésus a voulu exprimer l’amour de Dieu dans sa pointe maximale, il a dit : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a livré (sous-entendu ‘à la mort’) son Fils unique, afin que tout homme qui croit ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jn 3,16), la vraie vie, maintenant et pour l’éternité.

« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13).
« Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mt 20,28; Mc 10,45).

Avec Marie, unissons-nous à Jésus pour sauver nos frères d’exil et prions : « Garde, Seigneur, nos âmes unies pour toujours, afin qu’en ne suivant que Toi, dans ton chemin de Croix, notre dilection devienne charité » (cf. S. Augustin : « Custodi, Domine, animas nostras in perpetuo iunctas, ut te solum sequentes in via dilectio nostra caritas fieri posset »).

Première Station : Jésus est condamné à mort

– Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi
– Quia per sanctam Crucem tuam redemisti mundum

 » Voici l’Homme!  »
Alors Pilate ordonna d’emmener Jésus pour le flageller. Les soldats tressèrent une couronne avec des épines, et la lui posèrent sur la tête ; puis ils le revêtirent d’un manteau de pourpre. Ils s’avançaient vers lui et ils disaient : « Salut, roi des Juifs! ». Et ils le giflaient. Pilate sortit de nouveau pour dire aux Juifs : « Voyez, je vous l’amène dehors, pour que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun motif d’accusation ». Alors Jésus sortit, portant la couronne d’épines et le manteau de pourpre. Et Pilate leur dit : « Voici l’homme! ». Quand ils le virent, les chefs des prêtres et les gardes se mirent à crier : « Crucifie-le! Crucifie-le! ». Pilate leur dit : « Prenez-le vous-mêmes et crucifiez-le ; car pour moi, je ne trouve en lui aucun motif d’accusation » (Jn 19, 1-6).

Voici l’Homme. Condamner le Christ, c’est déclarer l’homme coupable. Comment est-il possible de regarder l’Homme courronné d’épines, revêtu de pourpre et de crier : « Crucifie-le, crucifie-le » (Jn 19, 6) ? Pourquoi écarter Jésus et choisir Barabbas ? Pourquoi crucifier l’Amour ? Pourquoi condamner l’Amour ? Pourquoi son amour est-il vu comme une menace pour l’homme ?
Il est absurde de déclarer quelqu’un innocent et de le condamner ensuite. Ce n’est pas seulement irrationnel, c’est inhumain, même si la peur peut servir d’excuse.
Il est absurde de demander la crucifixion de l’Homme ovationné quelques jours auparavant. Ce n’est pas seulement insensé, c’est inhumain, même si l’espérance déçue est une circonstance atténuante.
Il est absurde de vouloir crucifier le Fils de l’Homme, l’élu, au nom de la loi divine. Ce n’est pas seulement contradictoire, c’est impie, amplement inhumain.
Pourquoi peut-on condamner à mort le Fils au nom du Père, en l’accusant de blasphème ? Pourquoi ne veut-on pas accueillir la révélation que Dieu est Amour, qu’il guérit notre amour, en nous enseignant l’obéissance du coeur ?

Aujourd’hui comme alors, nous avons l’excuse de la peur, de l’espérance déçue, de l’irreligiosité. Mais aujourd’hui comme alors, nous avons l’exemple de la Vierge Marie
– qui ne condamna pas les fils coupables, par amour du Fils innocent ;
– qui ne désespéra pas, restant debout près de la Croix, comme un signe d’espérance ;
– qui conserva sa piété envers son Fils et envers nous, ses fils.

Prions :
Seigneur Jésus, par le mérite de ton Chemin de Croix, accompagne-nous dans notre chemin de Croix d’aujourd’hui et dans celui de chaque jour vers l’éternité. Toi qui es Dieu et qui vis et règnes sur la Croix avec le Père et l’Esprit Saint. Amen.

Pater Noster…; Ave Maria…; Gloria Patri…

Stabat Mater dolorosa
Iuxta Crucem lacrimosa
Dum pendebat Filium

Deuxième Station : Jésus est chargé de sa Croix.

– Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi
– Quia per sanctam Crucem tuam redemisti mundu
m

–  » Signe de contradiction « 
« Jésus, portant lui-même sa Croix, sortit en direction du lieu dit : Le Crâne, ou Calvaire, en hébreu : Golgotha » (Jn 19,17).

L‘évangéliste saint Jean dit expressément : « Jésus porta la croix par sa propre décision » (« baiulans sibi crucem »). Jésus, le Seigneur, reçoit des hommes cette Croix que, de toute éternité, il a déclaré à son divin Père être prêt à assumer, dans la plus parfaite liberté de l’amour.
Librement, avec la liberté de l’amour, Jésus reçoit la Croix comme un Roi reçoit le Sceptre. L’agneau conduit à l’abattoir porte la Croix comme un Roi porte le sceptre. « Dominus regnavit a ligno » (Ps 95, 9; cf. aussi Is 9,6) et, de cette faço
n, il manifeste son amour.
Qui nous séparera de l’amour du Christ ? Certes pas la Croix, par laquelle il cloue son amour dans un don plénier, gratuit, passionné d’amour envers et pour nous, ses frères en humanité. La croix était un instrument de mort honteux, infâme. Il n’était pas permis de condamner à la mort en croix un citoyen romain : c’était une manière trop infâmante de séparer un homme des autres hommes, parce qu’elle élevait son humiliation et l’éliminait en l’élevant. La Croix du Christ est un instrument de communion, c’est un sceptre avec lequel le Christ règne, lorsque, sur elle, il offre Sa vie. La Croix est portée par le Christ comme la brebis perdue est portée sur les épaules du Bon Pasteur qui, du précipice où elle était tombée, lui fait reprendre le chemin.
Alors que Jésus se met en route avec ce lourd sceptre de l’amour, une grande multitude de personnes le suit. Mais où sont-ils, en cette heure, ceux à qui il a prodigué ses bienfaits ? Pourquoi ne sont-ils pas là pour témoigner du bien reçu de Lui ? Ils ont peur et se cachent. Pourquoi ? Parce qu’ils sont ingrats. Pourquoi ne crient-ils pas comme lorsqu’ils imploraient la guérison ? Parce qu’ils ont honte et peur.
Seule Marie, Vierge et Martyre, la Mère des Douleurs, Sa Mère, la comblée de bienfaits depuis l’éternité, le suit sans honte et sans peur, même si la Croix, qui brise les épaules de son Fils, traverse son coeur comme une épée.
Si une épée traversa le coeur paternel d’Abraham, et si le Seigneur le combla de bénédiction pour ses descendants, l’épée qui traverse le coeur virginal de la Mère de Dieu se réfère au Bois de la malédiction (Dt 21,23), d’où le Père, dans le Fils, donne sa bénédiction et la promesse faite à Abraham, c’est-à-dire l’Esprit Saint (Gal 3,13.14).
La même épée du Verbe divin traverse le coeur de tous les fidèles quand, par le baptême, ils sont appelés à une existence sacrificielle devant leur Seigneur.
Le Christ, signe de contradiction, nous invite à décider si nous voulons refuser sa Croix ou bien la reconnaître, non comme un signe de condamnation, mais comme un signe d’offrande.

Prions :
Dieu, Père plein de grâce et de miséricorde, aide-nous à regarder cette Mère qui, de la crêche au Calvaire, a partagé dans son coeur toutes les douleurs de son Fils, pour que nous placions notre coeur entre ces deux Coeurs sacrés qui vibrent par amour de la créature humaine, de manière à vivre et à agir dans la même charité. Par Jésus-Christ, notre Seigneur, qui, de la Croix, règne avec Toi et le Saint-Esprit. Amen.

Pater noster… ; Ave Maria… ; Gloria Patri…

« Cuius animam gementem
contristatam et dolentem
pertransivit gladius »

Troisième Station : Jésus tombe pour la première fois

– Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi
– Quia per sanctam Crucem tuam redimisti mundum

 » La logique de l’amour « 
« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit (Jn 12, 24).

Jésus tombe, épuisé par la faiblesse et par la souffrance causée par nos péchés. Il trébuche, il tombe et s’affaisse sous le poids de la Croix. Qui a compassion de Lui ? Sa Mère.
Les autres, en revanche, s’acharnent avec des coups de poing et des gifles. Quelqu’un lui décoche un coup de pied et lui dit : « Lève-toi, Roi des Juifs, ne fais pas semblant de tomber pour ne pas marcher ». Un autre agace les épines de la couronne et crache sur le visage adorable de Jésus qui, pendant ce temps, prie et invoque le pardon sur ses bourreaux insensés. Pas loin de là, la Vierge Mère s’unit à sa prière de son Fils pour ses persécuteurs, même si elle ne sait pas encore qu’Il lui demandera de les prendre pour fils. Elle a compassion du Fils, elle voudrait courrir près de lui pour le relever et elle est consciente que quiconque aidera le Christ a reprendre le chemin, l’aidera ainsi à atteindre le sommet du Calvaire et à accomplir sa mission, grâce au sceptre royal de la Croix.
Le Père semble avoir abandonné le Fils, mais la Mère non. Elle ne s’éloigne pas du Fils qui, ainsi, n’est pas seul dans son offrande, dans son Chemin de Croix, Croix royale, sainte, arbre de la vie.
Sont-ce les péchés qui ont jeté à terre le divin Condamné ? Sont-ce eux qui ont décidé du poids de la Croix qu’il porte sur ses épaules ? Sont-ce les péchés qui ont provoqué sa chute ? Oui, mais pas seulement. Cet abaissement, cette kénose, ont été voulus par l’amour du Rédempteur. Donc « ayez entre vous les dispositions que l’on doit avoir dans le Christ Jésus : Lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouiila lui-même, en prenant la condition de serviteur (j’ajouterais : de condamné). Devenu semblable aux hommes (condamnés à mort) et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix » (Ph 2, 6-8).
Demandons au Seigneur la grâce de comprendre la logique de cet amour de Dieu
– qui peut mettre en croix le monde et se laisse mettre lui-même en croix
– qui est réduit à rien, et qui remplit pourtant toute chose
– qui peut écraser la terre comme le marchepied de Ses pieds et se laisse pourtant écraser par un morceau de bois.
« Il est descendu Dieu, il est monté homme ; le Verbe est devenu chair pour que la chair puisse revendiquer pour elle le trône du Verbe à la droite de Dieu ; il n’était qu’une plaie, et pourtant il en coulait un parfum, il apparaissait ignoble et pourtant on reconnaissait Dieu »(S. Ambroise, Commentaire sur le Psaume CXVIII, 3,8).

Prions :
Ô Christ, toi qui tombes sous le poids de nos fautes et te relèves pour notre justification, aide-nous et aide tous ceux qui sont écrasés par le péché à se remettre sur pieds et à reprendre le chemin derrière toi, accompagnés par ta Mère que tu nous as donnée fraternellement. Toi qui, de la Croix, règnes avec le Père et l’Esprit Saint. Amen.

Pater noster…; Ave Maria…; Gloria Patri…

O quam tristi et afflicta
fuit illa benedica
Mater Unigeniti

Quatrième Station : Jésus rencontre sa Mère

– Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi
– Quia per sanctam Crucem tuam redemisti mundum

 » La piété : familiarité amoureuse et obéissante « 
« La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais quand l’enfant est né, elle ne se souvient plus de son angoisse, dans la joie qu’elle éprouve dut fait qu’un être humain est né dans le monde. Vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre coeur se réjouira ; et votre votre joie, personne ne vous l’enlèvera » (Jn 16, 21-22).

Le Christ aurait voulu épargner à sa mère, et à lui-même, cette rencontre chargée d’une douleur énorme. Une douleur qui dépasse en intensité toutes les autres, parce qu’elle ne regarde pas le physique, mais la sphère de leurs sentiments les plus intimes.
Mais qu’est-ce qui a poussé Marie à se frayer un chemin parmi la foule et à être encore plus près de son Fils qui va mourir ? Voulait-elle, peut-être, se substituer à lui, comme le ferait spontanément toute mère prête à mourir à la place du fils qu’elle a enfanté ? Même si l’instinct maternel aurait pu le lui suggérer, elle savait que la décision concernant la mort du Fils était irrévocable. Voulait-elle demander compassion et pitié pour son Fils, en montrant sa douleur de mère ? Elle était mue par la piété qui, dans le langage chrétien, est la familiarité amoureuse et obéissante. N
ous devrions chercher à imiter, au moins un tout petit peu, cette piété, cette familiarité amoureuse et obéissante, dans nos « pratiques de piété » : dans nos prières, dans notre manière de célébrer l’Eucharistie, Sacramentum Caritatis, sacrement de la piété.
Jésus et Marie se regardent avec des yeux bouleversés de douleur. Jésus demande a sa Mère de pardonner à ceux qui sont en train de le détruire. La Mère affligée redit son fiat et cela confirme, affermit le Fils dans son geste de piété (= de familiarité amoureuse et obéissante), par lequel il obéit amoureusement au Père, pour être, amoureusement, pour toujours l’Emmanuel, le Dieu avec nous, le Dieu qui a pitié de nous, constamment.
Marie, par cette rencontre, étreint la Croix, maternellement, et se manifeste comme la Mère du Rédempteur de l’humanité.
Marie comprend que ces paroles lui sont appliquées : «  »O vous tous qui passez par le chemin, regardez et voyez s’il est une douleur pareille à la douleur qui me tourmente » (Lam 1,12).
La Mère de douleurs est
– la Mère très bonne,
– la Servante obéissante,
– la Corrédemptrice du monde.

Prions :
Marie, Mère très bonne, toi qui as accompagné de près ton Fils dans le chemin de Croix, demande pour nous et pour toute l’humanité la grâce de la piété, de l’obéissance à l’amour de Dieu. Fais qu’en face de la souffrance, du refus, de l’épreuve même prolongée, nous ne doutions pas de la pitié de Dieu.
Seigneur Jésus, pardonne nos fautes et puisque nous n’avons pas de mérites qui pourraient nous rendre agréables à toi, fais que nous obtenions le salut par l’intercession de la Mère des douleurs. Amen.

Pater noster… ; Ave Maria…; Gloria Patri…

Quae maerebat et dolebat
pia Mater, dum videbat
Nati paenas incliti


Cinquième Station : Simon de Cyrène porte la Croix avec Jésus

– Adoramus te, Christe et benedicimus tibi
– Quia per sanctam Crucem tuam redimisti mundum

 » Le don de la Croix « 
« Et ils réquisitionnent, pour porter la croix, un passant, Simon de Cyrène, qui revenait des champs » (Mc 15, 21).

Le Christ trébuche et chancèle. La foule qui suit Jésus sursaute, elle craint que le « condamné » ne puisse pas arriver au sommet du Calvaire. Les soldats décident que quelqu’un doit absolument l’aider. Mais personne n’est volontaire. La terreur de prendre la Croix, instrument de mort, et la honte d’aider un condamné bloquent ceux qui pourraient aider l’Homme-Dieu qui, à travers les soldats, demande de l’aide. L’homme ne veut pas aider l’Homme, l’homme ne veut pas collaborer avec Dieu. Et le Christ reste seul, mais continue son chemin de pardon.
Alors des païens « obligent » un paysan de Cyrène qui passe par là. Le Cyrénéen prend la Croix, à contre-coeur, parce qu’il est offensant pour la dignité d’un homme libre de porter la croix d’un condamné. Il doit subir cette contrainte et, laissant le fagot de bois qu’il rapportait de la campagne pour le foyer de sa maison, il prend le lourd morceau de bois de la Croix et se met en marche avec le Christ.
Le Rédempteur accueille cet homme sous la Croix et lui en fait don. La Croix, même prise avec réticence, transforme le sentiment hostile de Simon de Cyrène et lorsqu’il commence à l’étreindre plus volontiers, il s’aperçoit que le « joug est suave et léger » et qu’il lui confère une nouvelle dignité : celle de participer à l’oeuvre rédemptrice de l’Agneau de Dieu. En portant la Croix, il apprend la sagesse de la Croix, il apprend l’évangile de la Croix. Il comprend que la joyeuse nouvelle apportée par le Christ est Dieu lui-même
– qui « saisit et conquiert » (cf. Ac 2, 10; 6, 9; 13, 1),
– qui se fait trouver même par ceux qui ne le cherchent pas,
– qui se manifeste même à ceux qui ne se tournent pas vers lui (cf. Rm 10,20).

La Vierge Marie est soulagée de voir que, finalement, un homme aide son Fils. Elle est consolée de constater qu’un homme accepte l’étreinte du Christ : une étreinte qui unit la grâce divine à l’oeuvre humaine et qui comprend les paroles de Jésus : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera » (Lc 9, 23-24). Cela signifie que la vie ne finira pas sur le lieu du Crâne, ni dans une tombe, mais dans le Royaume des cieux.

Prions :
Seigneur Jésus, le long du chemin vers la mort, prends-nous avec toi comme compagnons de route. Accueille-nous dans le groupe de ceux qui t’offrent leur soutien. Imprime en nous l’esprit de Simon de Cyrène, et emmène-nous au-delà du Calvaire. Par l’intercession de ta Mère, qui est aussi la nôtre, fais que nous portions les fardeaux les uns des autres, devenant ainsi témoins de l’Evangile de la Croix, témoins de Toi, qui, de la Croix, règnes avec le Père et l’Esprit Saint. Amen.

Pater noster…; Ave Maria…; Gloria Patri…

Quis est homo qui non fleret
Matrem Christi si videret
in tanto supplicio ?

[à suivre]

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ZENIT Staff

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