Chaldéens: une Eglise souffrante, animée par l'Esprit-Saint

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Synode chaldéen à Rome, par le card. Sandri

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Benoît XVI a convoqué le Synode des évêques de l’Église chaldéenne ce 28 janvier au Vatican pour l’élection de leur nouveau patriarche, et non à Bagdad, pour des raisons de sécurité.

Le patriarche et cardinal Emmanuel III Delly (85 ans) a en effet présenté sa démission en décembre 2012, pour raison d’âge.
Ce synode est présidé par le préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales, le cardinal Leonardo Sandri. Il est composé des dix-sept évêques représentant les communautés irakiennes d’Irak et de la diaspora, notamment d’Europe et d’Amérique du Nord.
Rappelons que les Chaldéens d’Irak représentaient quelque 550.000 personnes en Irak, avant la Guerre du Golfe de 2003, et 150.000 dans la diaspora: l’exode a aujourd’hui inversé les chiffres.
Lundi matin, Mgr Enrico Dal Covolo, recteur magnifique de l’Université pontificale du Latran, a proposé aux évêques électeurs une méditation sur la première communauté de Jérusalem, icône de l’Eglise et de toute communauté chrétienne.
Sergio Centofanti (Radio Vatican en italien) a recueilli les réflexions du cardinal Sandri.

Quel est le vœu du pape pour ce synode ?
Cardinal Sandri – Celui de réaliser dans la communion et dans la mission la vie nouvelle de l’Eglise chaldéenne, avec l’élection du nouveau patriarche. Le Saint-Père a envoyé sa bénédiction et il suit de près ce synode qui marquera l’avenir de l’Eglise catholique chaldéenne.
Dans ce synode, nous sommes en présence d’une petite mosaïque de la souffrance du Moyen-Orient : les évêques d’Irak, et nous savons bien tout ce qu’ils ont souffert et ce qu’ils souffrent encore ; deux évêques d’Iran, les évêques de la diaspora (aux Etats-Unis, au Canada, en Australie), un du Liban et enfin l’évêque de Syrie, pays dont nous touchons la souffrance chaque jour à travers les moyens de communication.
Cette Eglise souffrante est donc réunie, éclairée par le Saint Esprit, pour choisir le nouveau chef qui la guidera dans la collégialité et dans la synodalité pendant les prochaines années. Et le pape espère qu’en cette Année de la foi, ce sera un moment de croissance qui portera du fruit après tant de souffrances et de douleur.

Quels sont les principaux défis que devra affronter l’Eglise chaldéenne ?
Ce sont les mêmes défis que ceux de l’Eglise en général : la foi et, dans le cas particulier de l’Eglise chaldéenne, évidemment, une grande importance est réservée au dialogue œcuménique et au dialogue interreligieux. 
Le manque de foi, parce que les chrétiens sont peu nombreux et beaucoup des nôtres ont dû fuir, émigrer, aller ailleurs chercher cette paix et cette sécurité qui faisaient défaut dans leur patrie.
Dans cette situation de violence et de souffrance, la foi s’est affaiblie. En cette Année de la foi, le pape nous appelle précisément à la fortifier et à la vivre intensément de sorte que ce ne soit pas seulement une foi intellectuelle, une foi en paroles, mais une foi de vie qui se transmet à travers l’exemple et le témoignage personnels.

Vous êtes allé récemment en Irak : quelles impressions avez-vous rapportées ?
L’impression que malgré tout ce que nous apprenons par les nouvelles, sur la situation de violence et de terrorisme, il existe une Eglise vivante, l’Eglise d’Irak, qui se manifeste à travers l’Eglise chaldéenne, à travers l’Eglise syro-catholique ou à travers l’Eglise latine. Il y a nos frères qui vivent l’Evangile, qui cherchent à mettre toute leur vie entre les mains du Père, à travers Jésus-Christ, dans la communion de l’Esprit-Saint.
Et cela, je l’ai vu dans les liturgies auxquelles j’ai participé et qui m’ont vraiment encouragé dans l’espérance d’un avenir meilleur. Et puis la sensation de voir qu’ils appartiennent de tout leur cœur à l’Eglise universelle, à l’Eglise catholique ; ils sentent l’étreinte paternelle du pape, ils sentent sa proximité et la nôtre, nous qui, par la prière et l’affection, les suivons toujours avec tant d’admiration et tant de fraternité.
Dans les pays arabes, un vent islamiste souffle actuellement. 

Quel dialogue est possible, aujourd’hui, avec le monde musulman ?
C’est d’abord le dialogue auquel nous invite le concile Vatican II : après avoir parlé de nos frères juifs, il parle aussi, en premier lieu, des musulmans et de ceux qui appartiennent à d’autres religions. Avec les musulmans, nous partageons la foi dans le Dieu unique.
Mais il y a un engagement commun qui peut être associé aussi à ce qu’on appelle le printemps arabe et qui consiste à donner toute son importance à la dignité de la personne humaine, à cette dignité qui se manifeste dans sa liberté, spécialement dans la liberté religieuse, et dans la défense des droits fondamentaux des hommes et des femmes.

Mais il existe des craintes pour l’avenir parmi les chrétiens ?
Vivant dans un pays à majorité islamique, les chrétiens peuvent avoir des craintes, mais pas tant à cause de l’islam, parce que l’islam aussi est une religion qui veut la concorde et la paix; c’est tout ce qui est déformation de l’islam, comme la violence ou la volonté d’imposer sa religion par la force, ce qui n’a rien à voir avec l’islam. Avec l’islam authentique, il y a une possibilité de dialogue et d’entente.

Traduction d’Hélène Ginabat

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ZENIT Staff

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