Centrafrique : l’unité des chrétiens qui souffrent ensemble

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Visite du pape à la faculté évangélique (texte complet)

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« Comment le Père refuserait-il la grâce de l’unité, même encore imparfaite, à ses enfants qui souffrent ensemble, et qui, en de multiples occasions, se dévouent ensemble au service de leurs frères? » : à la faculté de théologie évangélique de Bangui, le pape François a évoqué « l’œcuménisme du sang », ce dimanche 29 novembre 2015.

« Dieu, a dit le pape, ne fait pas de différences parmi ceux qui souffrent. J’ai souvent appelé cela l’œcuménisme du sang. Toutes nos communautés souffrent indistinctement de l’injustice et de la haine aveugle que le démon déchaîne; et je voudrais à cette occasion faire part de ma proximité et de ma sollicitude envers le Pasteur Nicolas dont la maison a été récemment saccagée et incendiée, ainsi que le siège de sa communauté. »

Il y voit une raison de plus pour le chemin de l’unité : « Dans ce contexte difficile, le Seigneur nous envoie sans cesse manifester à tous sa tendresse, sa compassion et sa miséricorde. Cette souffrance commune et cette mission commune sont une occasion providentielle de nous faire avancer ensemble sur le chemin de l’unité; elles en sont même un moyen spirituel indispensable. »

Le pape a été accueilli par le doyen de la faculté, le Dr. Nupanga Weanzane wa W., et par le pasteur Nicolas Guérékoyame-Gbangou, qui préside l’association des évangéliques de Centrafrique. Il parcourt le pays depuis 2012 pour tenter d’apaiser le conflit. Ils ont ensuite tous deux assisté à l’ouverture d ela Porte Sainte et à la messe à la cathédrale de Bangui. L’archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, a participé à la rencontre des évangéliques avec le pape. Avec l’imam et président du Conseil islamique Oumar Kobine Layama, qui accueillera le pape à la mosquée lundi matin, l’archevêque et le pasteur ont été surnommés “les trois saints de Bangui”. Ils ont reçu le prix Sergio Vieira de Mello mercredi 19 août au Palais des Nations à Genève pour leur travail de réconciliation en Centrafrique.

Voici le texte intégral de l’allocution du pape François.

A.B.

Allocution du pape François

Chers frères et sœurs,

Je suis heureux d’avoir l’occasion de vous rencontrer dans cette Faculté de Théologie évangélique. Je remercie le Doyen de la Faculté et le Président de l’Alliance des Évangéliques en Centrafrique, pour leurs aimables paroles de bienvenue. Je salue chacun d’entre vous, et aussi à travers vous tous les membres de vos communautés, dans un profond sentiment d’amour fraternel. Nous sommes tous ici au service du même Seigneur ressuscité, qui nous rassemble aujourd’hui; et, par le commun Baptême que nous avons reçu, nous sommes envoyés pour annoncer la joie de l’Évangile aux hommes et aux femmes de ce cher pays de Centrafrique.

Depuis trop longtemps, votre peuple est marqué par les épreuves et la violence qui causent tant de souffrances. Cela rend l’annonce évangélique d’autant plus nécessaire et urgente. Car c’est la chair du Christ lui-même qui souffre, qui souffre, en ses membres préférés: les pauvres de son peuple, les malades, les personnes âgées et les abandonnés, les enfants qui n’ont plus de parents ou qui sont livrés à eux-mêmes, sans guide et sans éducation. Ce sont aussi tous ceux que la violence et la haine ont blessés dans leur âme ou dans leur corps; ceux que la guerre a démunis de tout, de leur travail, de leur maison, de leurs êtres chers.

Dieu ne fait pas de différences parmi ceux qui souffrent. J’ai souvent appelé cela l’œcuménisme du sang. Toutes nos communautés souffrent indistinctement de l’injustice et de la haine aveugle que le démon déchaîne; et je voudrais à cette occasion faire part de ma proximité et de ma sollicitude envers le Pasteur Nicolas dont la maison a été récemment saccagée et incendiée, ainsi que le siège de sa communauté. Dans ce contexte difficile, le Seigneur nous envoie sans cesse manifester à tous sa tendresse, sa compassion et sa miséricorde. Cette souffrance commune et cette mission commune sont une occasion providentielle de nous faire avancer ensemble sur le chemin de l’unité; elles en sont même un moyen spirituel indispensable. Comment le Père refuserait-il la grâce de l’unité, même encore imparfaite, à ses enfants qui souffrent ensemble, et qui, en de multiples occasions, se dévouent ensemble au service de leurs frères?

Chers frères, la division des chrétiens est un scandale, car elle est d’abord contraire à la volonté du Seigneur. Elle est aussi un scandale devant tant de haine et de violence qui déchirent l’humanité, devant tant de contradictions qui se dressent face à l’Évangile du Christ. Aussi, saluant l’esprit de respect mutuel et de collaboration qui existe entre les chrétiens de votre pays, je vous encourage à poursuivre sur cette voie dans un service commun de la charité. C’est un témoigne rendu au Christ, qui construit l’unité.

Puissiez-vous, de plus en plus et avec audace, ajouter à la persévérance et à la charité, le service de la prière et de la réflexion commune, dans la recherche d’une meilleure connaissance réciproque, d’une plus grande confiance et d’une plus grande amitié, en vue de la pleine communion dont nous gardons la ferme espérance.

Je vous assure que ma prière vous accompagne sur ce chemin fraternel de service, de réconciliation et de miséricorde, un chemin long mais rempli de joie et d’espérance.

Je demande au Seigneur Jésus de vous bénir tous, qu’il bénisse vos communautés, qu’il bénisse aussi notre Église. Et je vous demande de prier pour moi. Merci beaucoup.

[Texte original: Italien]

© Librairie éditrice du Vatican

 

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