Catholiques et orthodoxes : une unité d'esprit et de sang

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Conférence de presse dans l’avion d’Istanbul à Rome

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« Nous avons déjà une unité, dans l’esprit et dans le sang » : c’est ce qu’affirme le pape François qui fait le point sur les relations de l’Église catholique avec le monde orthodoxe.

Dans l’avion qui le ramenait d’Istanbul à Rome, au terme de trois jours de voyage apostolique en Turquie, le 30 novembre 2014, le pape a répondu durant 45 minutes aux questions des journalistes présents à bord.

Après son voyage accompli à l’invitation du patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomaios Ier – pour la fête de saint André, patron du patriarcat – il a évoqué les relations du Saint-Siège avec le patriarche Kirill de Moscou : « le mois dernier, pour le synode [sur la famille], le métropolite Hilarion [président du Département des relations ecclésiastiques extérieures (DREE) du Patriarcat de Moscou, ndlr] est venu comme délégué fraternel. Il a voulu me parler. »

« Il y a une volonté commune de se rencontrer avec le patriarche Kirill… Je lui ai dit : ‘Je viens où tu veux ; tu m’appelles et je viens’ ; il a aussi la même volonté… Tous les deux voulons nous rencontrer et avancer », a affirmé le pape en précisant cependant que « ces derniers temps, avec le problème de la guerre, le voyage et la rencontre sont passés au second plan ».

Il a fait le point sur les relations de l’Église catholique avec le monde orthodoxe : « Nous sommes en chemin. Ils ont les sacrements, la succession apostolique… l’unité est un chemin qui doit se faire ensemble. »

Le pape a exprimé son scepticisme quant aux débats théologiques : « Les théologiens travaillent bien mais le patriarche Athenagoras avait dit à Paul VI : “Avançons seuls et mettons tous les théologiens sur une île, pour qu’ils pensent !” ». La citation a été confirmée par Bartholomaios, a-t-il ajouté.

Pour le pape « partager les chaires universitaires » est bon mais il faut « avancer », « on ne peut attendre » : il faut poursuivre « l’œcuménisme spirituel : prier ensemble, travailler ensemble… avancer ensemble ».

Les chrétiens vivent aussi « l’œcuménisme du sang », comme les martyrs de l’Ouganda, canonisés par Paul VI il y a 50 ans (1964) : certains étaient anglicans, d’autres catholiques « mais ceux qui les ont tués n’ont pas fait de différence, c’étaient des chrétiens », a-t-il souligné. « Les martyrs crient : « Nous sommes un ! Nous avons déjà une unité, dans l’esprit et dans le sang » ».

Pour les questions théologiques, le pape a invité à trouver d’autres voies que « l’uniatisme », qui plaide pour une communion d’Églises locales avec Rome tout en gardant leur rite d’origine : « Hilarion a proposé d’approfondir le thème du Primat », a-t-il confié.

Cette question répond à la demande de saint Jean-Paul II que le pape François formule ainsi : « Aidez-moi à trouver une forme de Primat sur lequel nous pouvons nous mettre d’accord ». C’est-à-dire « trouver une forme qui soit plus conforme à celle des premiers siècles ».

Il a mis en garde : « si l’Église se regarde trop elle-même et ne regarde pas assez Jésus-Christ, alors arrivent les divisions… et elle devient une “Ong théologique” ». « Je ne dis pas que l’Église s’est trompée. Elle a fait sa route historique. Mais aujourd’hui la route historique de l’Église est celle qu’a demandée Jean-Paul II », a poursuivi le pape.

Évoquant les questions en débat – comme l’unification de date de Pâques qui rencontre « des résistances des deux côtés » – le pape a indiqué l’attitude à avoir envers les « groupes conservateurs » : « il faut être respectueux avec eux et ne pas se lasser d’expliquer, de catéchiser, de dialoguer, sans insulter, sans les salir, sans médire. On ne peut écarter une personne en disant : “C’est un conservateur”. Non. Il est fils de Dieu autant que moi. Mais il faut inviter à parler. S’il ne veut pas parler c’est son problème, moi je respecte. Patience, douceur et dialogue. »

Mais le pape a surtout rappelé qu’au cœur de l’œcuménisme, « le seul chemin juste est celui de l’Esprit-Saint », comme il l’avait souligné durant son homélie à Istanbul le 29 novembre : « L’Esprit Saint est l’âme de l’Église. Il donne la vie, il suscite les différents charismes qui enrichissent le peuple de Dieu et surtout, il crée l’unité entre les croyants : de beaucoup il fait un seul corps, le corps du Christ. Toute la vie et la mission de l’Église dépendent de l’Esprit Saint ; c’est lui qui réalise toute chose. »

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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