Catholiques et Anglicans: front commun contre le trafic d'êtres humains

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Soulager les victimes et combattre cette plaie sociale (texte intégral)

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« Nous nous engageons à persévérer dans la lutte contre les nouvelles formes d’esclavage, certains de pouvoir contribuer à apporter un soulagement aux victimes et à faire obstacle à ce commerce tragique. Comme disciples envoyés pour guérir le monde blessé, je remercie Dieu qui nous a rendus capables de faire front commun contre cette plaie gravissime, avec persévérance et détermination », déclare le pape François ce lundi matin, lors d’une rencontre avec l’archevêque anglican de Cantorbéry, Justin Welby.

L’archevêque était en effet en visite au Vatican pour la seconde fois, ce 16 juin 2014 (la première ayant eu lieu il y a un an, le 14 juin 2013). Après un entretien privé, l’archevêque et le pape François ont tous deux prononcé un discours, qui a été suivi par l’échange des cadeaux. Pour conclure, ils ont pris un long temps de prière en commun dans la chapelle Urbain VIII.

« Lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois, nous avons partagé un même sentiment d’horreur devant la plaie de la traite des êtres humains et les diverses formes d’esclavage moderne », a rappelé le pape, saluant l’engagement de l’archevêque Welby contre « ce crime intolérable contre la dignité humaine ».

Soulignant l’importance des trois « p », « prière, paix et pauvreté », le pape a invité à « marcher ensemble », « comme des compagnons de voyage à la suite du Seigneur, collaborateurs dans sa vigne, pèlerins sur la route qui mène à son Royaume ».

A.K.

Allocution du pape François

Votre Grâce,
Monsieur le cardinal Nichols,
Monsieur le cardinal Koch,
Chers frères et sœurs,

« Oui, il est bon, il est doux pour des frères de vivre ensemble et d’être unis » (Ps 133,1). Une fois encore, Votre Grâce, nous nous rencontrons comme des compagnons de voyage à la suite du Seigneur, collaborateurs dans sa vigne, pèlerins sur la route qui mène à son Royaume. En vous souhaitant la bienvenue de tout cœur, à vous-même et aux membres distingués de votre délégation, je prie le Seigneur afin que la rencontre de ce jour contribue à renforcer nos liens d’amitié et à affermir notre engagement au service de la grande cause de la réconciliation et de la communion entre ceux qui croient dans le Christ.

À nous aussi, le Seigneur semble nous demander : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » (Mc 9,33). Quand Jésus posa cette question à ses disciples, ils restèrent en silence parce qu’ils avaient honte, ayant discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. Nous aussi, nous sommes confus devant la distance qui existe entre l’appel du Seigneur et notre pauvre réponse. Devant son regard miséricordieux, nous ne pouvons faire comme si notre division n’était pas un scandale, un obstacle à l’annonce de l’Évangile, selon l’ordre que nous a donné le Seigneur (cf. Mt 18,19).

L’objectif de la pleine unité peut sembler une perspective lointaine, mais il demeure toujours la destination vers laquelle nous devons orienter chacun des pas du cheminement œcuménique que nous parcourons ensemble. Je trouve un encouragement dans la sage exhortation du Décret sur l’œcuménisme du concile Vatican II, qui nous invite à faire progresser nos relations et notre collaboration sans opposer d’obstacle aux voies de la Providence et sans faire de tort aux futures impulsions de l’Esprit-Saint (cf. Unitatis Redintegratio, 24). Notre progrès vers la pleine communion ne sera pas simplement le résultat de nos actions humaines mais le don libre de Dieu. L’Esprit-Saint nous donne la force de ne pas nous décourager et nous invite à nous remettre avec une pleine confiance à son action puissante.

En tant que disciples qui s’efforcent de suivre le Seigneur, nous savons que la foi est parvenue jusqu’à nous à travers de nombreux témoins. Nous avons une dette envers de grands saints, envers des maîtres et des communautés qui nous ont transmis la foi au cours des siècles et qui attestent nos racines communes. Hier, en la solennité de la Très Sainte Trinité, Votre Grâce a célébré les vêpres dans l’église de Saint-Grégoire-au-Celio, où le pape Grégoire le Grand avait invité le moine Augustin et ses compagnons à évangéliser les peuples d’Angleterre, donnant naissance à une histoire de foi et de sainteté dont allaient bénéficier plus tard bien d’autres nations d’Europe : un chemin glorieux, dont la trace est profonde dans les institutions et les traditions ecclésiales que nous partageons et qui constituent un fondement solide pour notre fraternité.

Sur ces bases, nous regardons l’avenir avec confiance. La Commission internationale anglicane-catholique et la Commission internationale anglicane-catholique pour l’unité et la mission constituent des cadres particulièrement significatifs pour examiner, dans un esprit constructif, les défis anciens et nouveaux de notre engagement œcuménique.

Lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois, Votre Grâce, nous avons parlé de nos préoccupations communes et de notre douleur devant les maux qui affligent la famille humaine. En particulier, nous avons partagé un même sentiment d’horreur devant la plaie de la traite des êtres humains et les diverses formes d’esclavage moderne. Je remercie Votre Grâce pour l’engagement dont vous faîtes preuve en vous opposant à ce crime intolérable contre la dignité humaine. Dans ce vaste champ d’action, qui se présente dans toute son urgence, d’importantes activités de coopération ont été lancées, que ce soit dans le domaine œcuménique ou avec les autorités civiles et les organisations internationales. Les initiatives caritatives nées de nos communautés et menées avec générosité et courage dans diverses parties du monde sont nombreuses. Je pense en particulier au réseau d’action contre la traite des femmes, créé par de nombreux instituts religieux féminins. Nous nous engageons à persévérer dans la lutte contre les nouvelles formes d’esclavage, certains de pouvoir contribuer à apporter un soulagement aux victimes et à faire obstacle à ce commerce tragique. Comme disciples envoyés pour guérir le monde blessé, je remercie Dieu qui nous a rendus capables de faire front commun contre cette plaie gravissime, avec persévérance et détermination.

(Le pape François) : N’oubliez pas les trois « p » !

(S.G. Welby) : Trois « p » ?…

(Le pape François) : Prière, paix et pauvreté. Nous devons marcher ensemble.

(S.G. Welby) : Nous devons marcher ensemble.

Votre Grâce, je vous remercie encore pour votre visite. Je prie le Seigneur de bénir abondamment votre ministère, et de vous soutenir, vous et ceux qui vous sont chers, dans la joie et dans la paix. Amen.

Traduction de Zenit, Constance Roques

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