Card. Ratzinger: « Aujourd’hui nous courrons le risque que nos Eglises deviennent des musées »

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Le cardinal encourage à redécouvrir le sens de l’Eucharistie

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CITE DU VATICAN, lundi 31 mars 2003 (ZENIT.org) – Le cardinal Ratzinger, qui a collaboré avec le pape Jean-Paul II à la rédaction de l’encyclique sur l’Eucharistie qui sera publiée le 17 avril prochain, le Jeudi Saint, vient de publier un livre également consacré au thème de l’Eucharistie.

« Dans la crise de la foi que nous traversons, le point névralgique devient de plus en plus une célébration correcte et une bonne compréhension de l’Eucharistie », constate le cardinal au début de l’un des chapitres de son livre intitulé « Il Dio vicino », Edizioni San Paolo, (Le Dieu proche) qui vient de sortir en italien.

« Nous savons tous quelle est la différence entre une église dans laquelle on prie et une église transformée en musée » déclare le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.

« Aujourd’hui nous courrons le risque que nos églises deviennent des musées », dit-il. « La mesure de la vitalité de l’Eglise, la mesure de son ouverture intérieure, sera montrée par le fait que ses portes pourront rester ouvertes, précisément parce que c’est une église dans laquelle on prie en permanence ».

« L’Eucharistie est sacrifice, représentation du sacrifice de Jésus Christ sur la croix », écrit le cardinal Ratzinger. « Lorsque nous entendons répéter cette phrase, des résistances émergent au-dedans de nous, une question surgit : lorsque l’on parle de sacrifice, ne sommes-nous pas peut-être devant une image de Dieu indigne, ou au moins ingénue ? Ne finit-on pas par penser que nous les hommes devrions ou pourrions donner quelque chose à Dieu ? L’idée de base n’est-elle pas alors que nous les hommes sommes un partenaire de Dieu, à l’égal de lui, que nous faisons avec lui une sorte d’échange : nous lui donnons quelque chose parce que lui nous donne quelque chose ? »

« En pensant de cette manière ne méconnaissons-nous pas peut-être la grandeur de Dieu, qui n’a pas besoin de nos dons, parce que c’est lui celui qui donne tous les dons ? poursuit le cardinal. (…) Ne sommes-nous pas tous peut-être des débiteurs de Dieu, en fait non seulement des débiteurs mais des coupables, du moment que non seulement nous lui devons la vie et notre être, mais nous nous sommes rendus coupables envers Lui ? (…) On ne peut rien lui donner mais on ne peut pas non plus laisser que notre culpabilité soit traitée comme si de rien n’était, qu’elle ne soit pas prise au sérieux, que l’homme ne soit considéré que comme un jouet » poursuit le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.

Le cardinal Ratzinger explique que « c’est précisément à ces questions que l’Eucharistie donne la réponse. La première chose qu’elle nous dit est que Dieu se donne afin que nous puissions donner. L’initiative dans le sacrifice de Jésus Christ vient de Dieu. Au début c’est lui qui s’abaisse. Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique (Jn 3, 16). Le Christ n’est pas d’abord un don que nous les hommes présentons à Dieu en colère, mais le fait que le Christ qui vit, souffre et aime, soit là, est déjà une œuvre de l’amour de Dieu. Il est l’amour miséricordieux de Dieu qui se penche sur nous ; le Seigneur se fait pour nous serviteur. De même dans la deuxième épître au Corinthiens on lit, comme une sorte d’appel de la grâce à notre égard : laissez-vous réconcilier avec Dieu (5, 20) ».

« Même si c’est nous qui avons provoqué l’affrontement, précise le cardinal Ratzinger, même si ce n’est pas Dieu qui s’est rendu coupable à notre égard, mais nous à son égard, c’est Lui qui vient à notre rencontre et qui mendie la réconciliation à travers le Christ. Il réalise ce que le Seigneur explique par la parabole de l’offrande présentée au temple, quand il dit : ‘Quand donc tu présentes ton offrande à l’autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis reviens, et alors présente ton offrande’. En Jésus-Christ, Dieu lui-même nous a précédés sur cette voie, il est venu vers nous, vers ses fils non réconciliés. Il est sorti du temple de sa gloire pour nous réconcilier avec Lui ».

Le cardinal Ratzinger conclut sa réflexion en soulignant l’amour que Dieu éprouve pour le genre humain. « Si nous regardons uniquement de l’extérieur, écrit-il, si nous ne laissons Dieu agir que de l’extérieur et en fonction de nous-mêmes, nous finirons rapidement par voir en Dieu un tyran qui joue avec le monde. Mais plus nous avançons avec lui, plus nous prenons conscience que le Dieu qui en apparence nous tourmente est celui qui nous aime vraiment, entre les mains duquel nous pouvons nous abandonner sans résistances et sans craintes. Plus nous descendons dans la nuit du mystère incompris et nous nous donnons à lui, plus nous le trouvons, plus nous trouvons l’amour et la liberté qui nous soutiennent à travers toutes les nuits. Dieu donne afin que nous puissions donner. C’est cela l’essence du sacrifice eucharistique, du sacrifice de Jésus-Christ : voici comment s’exprime depuis les temps les plus anciens le canon romain : ‘Dei tuis donis ac datis offerimus tibi’ Nous t’offrons de tes dons et de ce que tu nous as donné.

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ZENIT Staff

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