Cantique d´Anne: En Dieu, la joie et l´espérance des humbles

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Audience du 20 mars

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CITE DU VATICAN, Mercredi 27 mars 2002 (ZENIT.org) – « En Dieu résident la joie et l´espérance des humbles », tel est le titre donné par L´Osservatore Romano habdomadaire en français à l´allocution de Jen-Paul II au cours de l´Audience générale du 20 mars 2002 sur le cantique d´Anne, mère de Samuel (Lecture: 1 S 2, 1-10).

– Allocution de Jean-Paul II –

1. Une voix de femme nous guide aujourd´hui dans la prière de louange au Seigneur de la vie. En effet, dans le récit du Premier Livre de Samuel, Anne est celle qui entonne l´hymne qui vient d´être proclamée, après avoir offert au Seigneur son enfant, le petit Samuel. Celui-ci deviendra prophète en Israël et marquera par son action le passage du peuple juif à une nouvelle forme de gouvernement, le gouvernement monarchique, qui aura comme acteurs le malheureux roi Saül et le glorieux roi David. Anne portait sur ses épaules une histoire de souffrances car, comme le dit le récit, Yahvé « l´avait rendue stérile » (1 S 1, 5).

Dans l´antique Israël, la femme stérile était considérée comme une branche sèche, une présence morte, également parce qu´elle empêchait son mari d´avoir une continuité dans le souvenir des générations successives, une donnée importante dans une vision encore incertaine et voilée de l´au-delà.

2. Anne avait cependant placé sa confiance dans le Dieu de la vie et elle avait prié ainsi: « O Yahvé Sabaot! Si tu voulais considérer la misère de ta servante, te souvenir de moi, ne pas oublier ta servante et lui donner un petit d´homme, alors je le donnerai à Yahvé pour toute sa vie » (v. 11). Et Dieu accueillit le cri de cette femme humiliée, en lui donnant précisément Samuel: le tronc sec produisit un bourgeon vivant (cf. Is 11, 1); ce qui était impossible à des yeux humains était devenu une réalité vibrante en cet enfant qui devait être consacré au Seigneur.

Le chant d´action de grâce, qui fleurit sur les lèvres de cette mère, sera repris et réélaboré par une autre mère, Marie qui, en restant vierge, engendrera par l´oeuvre de l´Esprit Saint. En effet, le Magnificat de la Mère de Jésus laisse entrevoir en filigrane le cantique d´Anne qui, précisément pour cette raison, est appelé « le Magnificat de l´Ancien Testament ».

3. En réalité, les chercheurs font remarquer que l´auteur saint a placé dans la bouche d´Anne une sorte de Psaume royal, rempli de citations ou d´allusions à d´autres Psaumes.
Au premier plan apparaît l´image du roi juif, assailli par des adversaires plus puissants, mais qui est finalement sauvé et qui triomphe car, à ses côtés, le Seigneur brise l´arc des forts (cf; 1 S 2, 4). La fin du chant est significative, lorsque, dans une solennelle épiphanie, le Seigneur entre en scène: « Yahvé, ses ennemis sont brisés, le Très Haut tonne dans les cieux. Yahvé juge les confins de la terre, il donne la force à son Roi, il exalte la vigueur de son Oint » (v. 10). En hébreu, la dernière parole est précisément « messie », c´est-à-dire « consacré », ce qui permet de transformer cette prière royale en chant d´espérance messianique.

4. Nous voudrions souligner deux thèmes de cette hymne d´action de grâce qui exprime les sentiments d´Anne. Le premier dominera également dans le Magnificat de Marie, il s´agit du renversement des situations opéré par Dieu. Les forts sont humiliés, les faibles « revêtus de vigueur », les rassasiés recherchent désespérément de la nourriture et les affamés participent à un banquet somptueux; le pauvre est retiré de la poussière et reçoit « un siège d´honneur » (cf. vv. 4-8).

Il est facile de reconnaître dans cette antique prière le fil conducteur des sept actions que Marie voit accomplies par Dieu Sauveur dans l´histoire: « Il a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au coeur superbe. […] Il a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles; Il a comblé de bien les affamés et renvoyé les riches les mains vides. Il est venu en aide à Israël son serviteur » (Lc 1, 51-54).

Il s´agit d´une profession de foi prononcée par ces deux mères à l´égard du Seigneur de l´histoire, qui se range aux côtés des derniers, des pauvres et des malheureux, des opprimés et des humiliés pour les défendre.

5. L´autre thème que nous voulons souligner est encore davantage lié à la figure d´Anne: « La femme stérile enfante sept fois, mais la mère de nombreux enfants se flétrit » (1 S 2, 5). Le Seigneur qui renverse les destins est également celui qui est à la racine de la vie et de la mort. Le sein stérile d´Anne était semblable à une tombe; et pourtant Dieu a pu y faire germer la vie, car « Il tient en son pouvoir l´âme de tout vivant et le souffle de toute chair d´homme » (Jb 12, 10). Dans cette ligne, on chante immédiatement après: « C´est Yahvé qui fait mourir et vivre, qui fait descendre au shéol et en remonter » (1 S 2, 6).

Désormais, l´espérance ne concerne pas seulement la vie de l´enfant qui naît, mais également celle que Dieu peut faire fleurir après la mort. C´est ainsi que s´ouvre l´horizon presque « pascal » de la résurrection. Isaïe chantera: « Tes morts revivront, tes cadavres ressusciteront. Réveillez-vous et chantez, vous qui habitez la poussière, car ta rosée est une rosée lumineuse, et le pays va enfanter des ombres » (Is 26, 19).

© L´Osservatore Romano

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ZENIT Staff

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