Cameroun : Des jeunes réclament « de l'eau, au lieu des préservatifs »

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Lettre ouverte d’étudiants de Rome

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ROME, Mercredi 6 mai 2009 (ZENIT.org) – « La distribution d’eau au lieu de la distribution massive de préservatifs en Afrique signifierait réduire la mortalité causée par beaucoup de maladies infectieuses et virales, y compris le sida »: un groupe de 15 étudiants du Cameroun présents à Rome ont adressé cette Lettre ouverte à Zenit pour protester contre les positions exprimées par des médias et des gouvernements européens, à l’occasion du voyage de Benoît XVI en Afrique, au Cameroun et en Angola, en mars dernier.

Ils interpellent l’Occident en affirmant : « Nous disons avec fermeté notre NON à ce modèle culturel tout à fait étranger à nos valeurs et à nos traditions, qu’on veut nous imposer comme facteur déterminant pour l’amélioration de notre qualité de vie ».

– Lettre ouverte d’étudiants camerounais de Rome –

Rome, le 30 Avril 2009

Lettre ouverte d’un Groupe d’étudiants du Cameroun, pour protester contre les polémiques déchaînées par certains gouvernements européens sur la position du Saint-Père au sujet de l’usage du préservatif pour la lutte contre le sida, pendant le vol-aller de sa visite pastorale en Afrique au mois de mars dernier. [etudiantscamerounaisp@yahoo.fr]

Comment peut-on accepter que le Parlement d’un pays de longue tradition comme la Belgique, cœur des institutions de l’Union Européenne, montre sa capacité d’être uni seulement pour s’opposer aux déclarations du saint Père afin d’obtenir le « nulla osta » pour l’exportation des préservatifs en Afrique ?

Nous disons avec fermeté notre NON à ce modèle culturel tout à fait étranger à nos valeurs et à nos traditions, qu’on veut nous imposer comme facteur déterminant pour l’amélioration de notre qualité de vie.

Le Pape, durant son voyage pastoral, en vue du prochain Synode pour l’Afrique sur le thème: l’Église africaine au service de la réconciliation, de la justice et de la paix, a lancé avec beaucoup de courage, à la Communauté internationale, un message clair pour l’Afrique. Il a dénoncé les problèmes qui donnent de l’Afrique l’image d’un continent désespéré: l’exploitation de ses ressources naturelles par les grandes multinationales, l’ingérence étrangère dans la Chose publique, les guerres alimentées en grande partie par des intérêts occidentaux, les situations d’oppression et d’injustice, la corruption. Et il a tracé les lignes d’intervention pour la résolution de ces « urgences ». Mais les médias occidentaux ont été manipulés et corrompus par ceux qui spéculent sur le sida, pour que le message du Saint-Père ne soit pas écouté et accueilli. Les journalistes occidentaux ont ainsi manipulé injustement, dans une violente campagne médiatique sagement orchestrée, ses paroles sur l’usage du préservatif, en fourvoyant l’opinion publique et en détournant l’intérêt pour les problèmes réels de l’Afrique.

La réponse du Pape aux journalistes sur l’usage du préservatif n’est pas une nouveauté, c’est pourquoi ses paroles ne devaient pas soulever trop de polémiques. Et il est très clair que les « personnes éclairées » cachent leurs intérêts derrière leurs polémiques, fruit d’une pitié hypocrite envers les Africains. La pluie des accusations furieuses, ridicules et gratuites, nous a fait toucher du doigt leur convoitise et leur avidité, car ils ont identifié le continent africain en tant que l’un des principaux marchés des préservatifs, ce qui doit ainsi favoriser la croissance de leurs économies nationales. Le jeu est clair: les industries des préservatifs sont implantées en Occident, où l’entrepreneur et les ouvriers y gagnent et dans la phase du transport en Afrique, y gagnent aussi les compagnies aériennes et maritimes occidentales.

Le Saint-Père a touché le noyau du problème en alarmant les opérateurs de ce business florissant en Afrique. Le Pape n’a rien ajouté de nouveau, il a juste confirmé la position de l’Église de toujours, celle d’être contraire à l’usage d’autres méthodes contraceptives en dehors des méthodes naturelles. Où est donc le problème? Pourquoi alors toutes ces polémiques sur ses paroles? Ils attendaient peut-être que l’Église change de position vis-à-vis des Africains?

Les politiques de prévention du sida, basées sur la distribution massive des préservatifs, constituent une duperie pour endormir les consciences, car les préservatifs destinés à l’Afrique sont financés par des contributions des pays riches comme des pays pauvres (les souscriptions volontaires de certains pays membres de l’ONU), qui finissent par alimenter et développer le circuit économique national des pays producteurs de préservatifs. Il suffit de penser que dans cette comédie, l’Afrique a seulement le devoir de décharger les navires et recevoir des « bienfaiteurs étrangers » les paquets déjà bien confectionnés.

Nous sommes indignés et attristés par l’agressivité factieuse de cette campagne médiatique, par les attaques, par les accusations et par les critiques féroces et injustes envers le Pape et du mépris de notre dignité humaine. Raison pour laquelle, nous nous adressons:

au Ministre des Affaires Étrangères de la France;

aux Ministres allemands de la Santé et de la Coopération;

au Ministre espagnol de la Santé;

à la Chambre des Députés du Royaume de Belgique;

au Directeur exécutif du Fond mondial pour la lutte contre le sida.

Pour leur dire que les attaques et les accusations contre le Pape sont inacceptables et injustes. Et qu’elles représentent une ingérence honteuse dans la réalité africaine. C’est inconcevable que, sans aucun scrupule, ils aient considéré prioritaire d’ourdir un procès contre le Saint-Père, « coupable » d’avoir exercé son rôle au « sujet de certains thèmes, desquels l’importance morale est évidente, et d’enseigner la doctrine de l’Église ».

Pour les inviter à présenter publiquement des excuses:

au Saint-Père, pour l’avoir intentionnellement utilisé comme « bouc émissaire » afin de défendre leurs intérêts économiques cachés derrière l’exportation massive des préservatifs en Afrique et leurs mécanismes d’exportation de leurs pratiques contraceptives dans les pays de forte croissance démographique;

à l’élite des Nations africaines, pour l’avoir considérée incapable d’évaluer le message du Pape et de réagir, en agissant en qualité de « responsables des politiques de développement dans le continent africain ». Au sujet de cette à ingérence, confirmons qu’ils soutiennent et défendent l’usage du « condom » chez eux, puisque ce choix correspond à leurs conceptions anthropologiques de l’être humain, mais ils n’ont pas le droit d’imposer leur choix aux Africains.

aux populations africaines, pour les avoir scandalisées avec leur insolence et leur incivilité vis-à-vis du Pape, par contre accueilli avec dévotion, respect et affection au Cameroun et en Angola; pour avoir publiquement relégué les Africains à une vision de vie bestiale, en les contraignant au libéralisme sexuel et en leur imposant l’usage du préservatif puisque « essentiel et décisif » pour la lutte contre le sida en Afrique; pour s’être moqués des Africains en se présentant comme vrais bienfaiteurs, alors qu’en réalité ils ne le sont pas. Il suffit de penser comment le protectionnisme de l’agriculture européenne, soutenu par l’UE, endommage les pauvres paysans africains, en les mettant hors du marché mondial, en condamnant leurs familles à mourir de faim et de maladies et à l’impossibilité d’améliorer leurs conditions de vie. À quoi sert alors protéger les Africains avec le préservatif si après ils sont tués des mécanismes d’exploitation ou des armes de
guerre d’intérêts politiques et économiques de leurs bienfaiteurs?

Il faut donc dire que les Africains ne meurent pas seulement de SIDA, et que c’est du mensonge que le préservatif « sauve les vies humaines » en Afrique. La réelle volonté de sauver la vie des Africains interpelle les consciences et exige de se réconcilier avec l’Afrique, en promouvant la justice et la paix dans ce continent, en permettant ainsi aux Africains de vivre tranquillement dans leur belle et riche terre. C’est ce que le Saint-Père a demandé et demande.

Nous concluons, en confirmant notre NON à la diffusion de la culture et de la dépendance du préservatif en Afrique, car non seulement il blesse notre culture pour la vie, mais il pollue aussi notre existence et notre environnement. Nous demandons, donc à tous ces présumés bienfaiteurs de l’Afrique qu’ils cessent une fois pour toute de spéculer sur elle. Il faut inverser la tendance: la pauvreté de l’Afrique ne doit plus faire la richesse des pays déjà développés!

Voilà pourquoi, nous demandons d’urgence au Professeur Michel Kazatchkine du Fond mondial pour la lutte contre le sida, de destiner ces fonds à l’envoi massif de foreuses pour creuser les puits d’eau et à la construction d’installations photovoltaïques pour la production d’énergie solaire, afin de favoriser une distribution massive d’eau et de lumière, éléments clé dans la lutte contre la pauvreté et dans la promotion du développement économique. Ceux-ci sont alors des biens essentiels et décisifs pour l’Afrique et tous les acteurs de la coopération internationale au développement en sont parfaitement conscients.

Les populations africaines ont besoin d’eau potable et d’hygiène pour préserver leur propre santé et maintenir leur dignité humaine. La distribution d’eau au lieu de la distribution massive de préservatifs en Afrique signifierait réduire la mortalité causée par beaucoup de maladies infectieuses et virales, y compris le sida. En outre, l’eau et l’électricité sont des facteurs catalyseurs du développement humain, agricole, industriel et de tout autre activité économique, un développement qui permettrait aux Africains d’avoir un revenu moyen stable pour accéder aux biens et aux services, et satisfaire ainsi leurs besoins fondamentaux. C’est de ce type d’aide humanitaire dont l’Afrique a besoin pour se développer et pas du préservatif.

Le condom s’est révélé désormais inefficace et sans fiabilité dans la lutte contre le sida en Afrique. Et il y n’a plus de doute que la distribution massive des préservatifs en Afrique est encore soutenue seulement pour créer des gains économiques aux entreprises productrices. Donc, si on veut réellement vaincre la bataille contre le sida en Afrique, il faut accepter et suivre l’alternative au préservatif proposée par le Saint-Père: les soins et l’éducation morale et sexuelle.

Joseph DJONKOU Armel ASSALA

Jacky Florent NDZANA Rose Marthe BATSOTSA

Joël Henri MENYE Laurent NGOUME BILAÏ

Bernard Simon TOUNA Louis Thierry NGONO

Jean Jacques NTOMO Marie Anne MOLO

Serge EKOUMA Pierre Claver ONANA

Denis EVOUNA Bienvenue MAKAMTO

Serge ONDOBO

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ZENIT Staff

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