« Je vous exhorte à mettre en œuvre aussi dans votre pays cette transformation missionnaire que l’Église est appelée à réaliser dans le monde entier. Ceci demande une conversion spirituelle et pastorale, qui commence par une prise de conscience que, par la force du Baptême, nous sommes tous des disciples missionnaires », déclare le pape aux évêques de Bulgarie.
Le pape François a reçu les évêques de la Conférence épiscopale bulgare, en visite « ad limina apostolorum », hier, 13 février 2014, au Vatican.
Évoquant la canonisation prochaine du pape Jean XXIII (27 avril 2014), il a rappelé « l’affection » de celui qui a été délégué apostolique dans leur pays, « pour le peuple bulgare qui, au milieu des vicissitudes de l’histoire, a entretenu la flamme de la foi en Jésus Christ ».
Le pape a rendu hommage à la vitalité de l’Eglise catholique bulgare, après deux décennies de liberté retrouvée, et a donné « les conditions qui permettent à la foi de grandir » : « un engagement renouvelé et concerté dans la formation des fidèles », la « promotion d’une bonne catéchèse » mais aussi « une pastorale particulièrement attentive aux jeunes et aux vocations ».
Discours du pape François
Chers frères et sœurs dans l’Episcopat !
Je vous accueille avec joie à l’occasion de la visite ad limina Apostolorum, et en vos personnes je vois et honore la foi et la charité du peuple fidèle qui vit en Bulgarie.
Grâce à Dieu et à l’engagement commun des divers membres de l’Église, évêques et prêtres, religieux, catéchistes et fidèles laïcs, nous assistons à un réveil d’activités et d’initiatives qui montrent la vitalité de la foi catholique dans votre pays. En particulier, je fais allusion à certains événements dont l’Église en Bulgarie s’est fait promotrice au cours des dernières années: le Jubilé proclamé en 2010 par l’Exarquat apostolique pour les catholiques de rite byzantin slave pour célébrer le 150ème anniversaire de leur Union avec le siège apostolique de Rome; le Congrès scientifique commémorant l’œuvre de l’archevêque Angelo Giuseppe Roncalli, visiteur et délégué apostolique en Bulgarie dans les années 1925-34; les célébrations du 60ème anniversaire du martyre du bienheureux évêque passionniste Evgenij Bossilkov. Par ailleurs, au cours de la récente Année de la Foi, ont eu lieu d’autres moments significatifs, comme la rencontre nationale des catholiques de Bulgarie, la Journée nationale des jeunes et un congrès d’étude sur le Concile Vatican II.
Ces initiatives confirment que les communautés catholiques, appartenant aussi bien à l’Église latine qu’à l’Église grecque catholique, malgré leur petit nombre dans le pays, qui fait d’elles une petite minorité, conduisent avec brio leur mission de témoignage, tant des valeurs morales naturelles que de l’Évangile du Christ, dans une société marquée par tant de vides spirituels laissés par l’ancien régime athée ou par la réception acritique de modèles culturels dominés par les suggestions d’un certain matérialisme pratique. Je vous exhorte à marcher avec courage sur ce chemin, en cherchant à mettre en œuvre aussi dans votre pays cette transformation missionnaire que l’Église est appelée à réaliser dans le monde entier. Ceci demande une conversion spirituelle et pastorale, qui commence par une prise de conscience que, par la force du Baptême, nous sommes tous des disciples missionnaires, que le Seigneur a envoyés évangéliser avec joie et entrain, en valorisant aussi le précieux trésor de la piété populaire. Cet engagement missionnaire possède aussi une dimension sociale qui a comme élément de référence la doctrine sociale de l’Église et dont les priorités sont l’inclusion sociale des pauvres et l’engagement pour le bien commun et la paix sociale.
Il est très significatif, à ce propos, que les institutions civiles reconnaissent le rôle du Saint-Siège comme autorité spirituelle et morale au sein de la communauté internationale et jugent positive la présence de l’Église catholique dans la construction de la nation bulgare et la contribution que celle-ci met au service du bien commun et du progrès du pays.
Que les grands témoignages courageux de fidélité au Christ et à l’Église rendus lors de périodes dramatiques et le chemin parcouru durant ces deux dernières décennies de liberté retrouvée, vous comblent de gratitude envers le Seigneur et infusent en vous la confiance en son action providentielle dans l’histoire. En même temps, je vous exhorte à un engagement renouvelé et concerté dans la formation des fidèles, en promouvant une bonne catéchèse mais aussi une pastorale particulièrement attentive aux jeunes et aux vocations, tout en ayant le souci de la fraternité sacerdotale, de manière à favoriser les conditions qui permettent à la foi de grandir et à notre horizon missionnaire de s’ouvrir généreusement.
Vos communautés, chers frères, vivent et travaillent aux côtés de celles de l’Église orthodoxe bulgare. Je vous demande donc de transmettre mes plus cordiales salutations au Patriarche Néophyte, qui fêtera bientôt le 1er anniversaire de son élection canonique, et je vous invite chaudement à poursuivre vos efforts pour promouvoir un dialogue toujours plus intense et fraternel avec l’Église orthodoxe. Dans l’écoute commune et orante de la Parole de Dieu, je souhaite que s’ouvrent les cœurs et les esprits de tous afin que se réalise concrètement l’espérance d’arriver à célébrer ensemble le sacrifice eucharistique, mémoire de la Parole de Notre Seigneur qui, la veille de sa mort, pria le Père pour que tous ses disciples « deviennent parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé » (Jn 17,23).
Le 7 avril prochain se tiendra à Rome la canonisation des bienheureux Jean XXIII et Jean Paul II. Je me réjouis de savoir que les diocèses de Sofia et Plovdiv, mais aussi celui de Nicopolis et l’Exarquat apostolique pour les catholiques de rite byzantin slave, seront présents à la célébration solennelle. C’est le signe éloquent de la portée qu’à eue dans l’âme et dans la vie de la communauté catholique bulgare le témoignage du premier pape slave, en particulier la visite qu’il effectua dans votre patrie en mai 2002; et le signe également que le souvenir laissé par l’archevêque Angelo Giuseppe Roncalli durant ces neuf années de permanence en Bulgarie, est encore très vif. A son départ du pays, il s’est exprimé en ces termes : « Si quelqu’un venant de Bulgarie doit passer près de chez moi, durant la nuit, au milieu des difficultés de la vie, il trouvera toujours à ma fenêtre la lampe allumée. Qu’il frappe! Qu’il frappe ! On ne lui demandera pas s’il est catholique ou orthodoxe : frère de Bulgarie, cela suffit. Qu’il entre, deux bras fraternels et le cœur chaleureux d’un ami l’accueilleront tout en fête » (Homélie de Noël, 25 décembre 1934). Ces paroles révèlent l’affection du délégué apostolique Mgr Roncalli pour le peuple bulgare qui, au milieu des vicissitudes de l’histoire, a entretenu la flamme de la foi en Jésus Christ.
Chers frères, je confie à la Très Sainte Vierge Marie, Mère de l’Église, aux saints Cyrille et Méthode, évangélisateurs des peuples slaves, et au bienheureux évêque et martyr Evgenij Bossilkov, vos espérances et vos préoccupations, le chemin de vos Églises et le développement de votre Patrie terrestre, et invoque sur vous, sur les prêtres, les religieux, les religieuses et les fidèles de la chère nation bulgare, la bénédiction du Seigneur.
Traduction d’Océane Le Gall
