Bulgarie: Les projets de visite de Jean-Paul II se précisent

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Un « instrument irremplaçable, dans le dialogue entre l´Orient et l´Occident »

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ROME, Vendredi 9 novembre 2001 (ZENIT.org) – Le pape Jean-Paul II a été invité en Bulgarie par les plus hautes autorités du pays à plusieurs reprises, puis par les Eglises, il semble maintenant, de source bulgare, que le voyage du pape pourrait avoir lieu dans la seconde quinzaine du mois de mai 2002. Jean-Paul II estime que la Bulgarie est un « instrument irremplaçable dans le dialogue entre l´Orient et l´Occident ».

Nous annoncions en mars dernier que la Biélorussie et la Bulgarie pourraient faire partie des prochains voyages de Jean-Paul II. Le porte-parole du Saint-Siège, M. Joaquin Navarro Valls, avait évoqué ces préparatifs. Le président de la République M. Stoianov, et plus récemment le président du Parlement M. Sokolov, ont invité le pape. A Sofia le pape devrait être accueilli par le président de la République, M. Petar Stoianov et par le premier ministre, l´ancien roi, Siméon II.

Ce voyage en terre orthodoxe viendra ainsi s´ajouter aux voyages en Géorgie, en Roumanie, en Ukraine. Il supposait en effet le plein accord des responsables orthodoxes.

Le Métropolite orthodoxe bulgare Galaktion a déclaré souhaiter la venue du pape Jean-Paul II en Bulgarie, – en janvier dernier, à Rome, lors du congrès organisé au Latran sur le Bx Eugène Bossilkov et le Bx Jean XXIII (ancien nonce à Sofia) – affirmant que le pape serait accueilli avec « chaleur » et « respect ».

Mgr Antonio Mennini, Nonce apostolique à Sofia souligne pour sa part que cette visite doit être « l´expression du respect du souverain pontife envers la Bulgarie chrétienne orthodoxe ». Ce serait aussi pour le pape l´occasion de rencontrer la communauté musulmane.

La population actuelle du pays est en effet de 3, 4 millions d´habitants, dont 1,1 dans la capitale, Sofia. A 85% la population est Bulgare, avec des minorités turque (8, 5 %), rom (2, 6 %) et macédonienne (2, 5 %). Du point de vue religieux, la population est orthodoxe à 85 %, avec une communauté musulmane qui représente 13 % de la population.

Des intellectuels bulgares ont eux aussi souhaité la venue du pape: 75 intellectuels orthodoxes bulgares ont écrit à Jean-Paul II une lettre ouverte, publiée le 19 janvier 2001, pour l´inviter à se rendre dans leur pays tout en déplorant que leur pays ait été accusé d´être impliqué dans l´attentat du 13 mai 1981.

Trois Bulgares avaient en effet été soupçonnés d´être impliqués dans la préparation de l´attentat, Serghei Antonov, et deux autres employés de l´ambassade de Bulgarie à Rome: c´est ce que les enquêteurs ont appelé la « piste bulgare ». Mais ils ne furent pas arrêtés et les poursuites furent abandonnées faute de preuves.

Cette visite serait donc une façon de tourner une page de l´histoire. Le Turc auteur de l´attentat, Mehmet Ali Agça, a lui-même été gracié l´an dernier, dans le cadre du Jubilé, par le président de la République italienne, Carlo Azeglio Ciampi, avec le plein accord du Vatican qui était intervenu dans ce sens auprès des autorités du pays. Agça avait déjà purgé vingt ans de sa peine pour l´attentat, il a été extradé vers la Turquie où il a été incarcéré pour purger dix autres années, pour d´autres crimes.

La lettre ouverte des intellectuels salue la « contribution extraordinaire » de Jean-Paul II à la chute du Mur de Berlin et au « progrès du dialogue » entre les religions et personnes de bonne volonté. « Une visite du pape, écrivent-ils, serait une manifestation de la sagesse des Bulgares, de leur décision de s´intégrer en Europe, et de leur adhésion aux valeurs humaines fondamentales ».

Chaque année, en mai, pour la fête des frères saint Cyrille (+869) et saint Méthode (+885), co-patrons de l´Europe, le pape reçoit la visite à Rome d´une délégation de Bulgarie. En 863, les deux frères avaient commencé à évangéliser la Grande Moravie. Cyrille, le plus jeune des deux frères, et l´inventeur de l´alphabet qui porte son nom, devint plus tard moine à Saint-Boniface-et-Alexis, sur l´Aventin, et mourut peu après (v. 869). Ses reliques sont vénérées à Rome en la basilique Saint-Clément.

A l´occasion de cette visite annuelle, le pape a souligné que le peuple bulgare est un « instrument irremplaçable, dans le dialogue entre l´Orient et l´Occident ». « Dans une Europe qui cherche son identité et son unité, [Cyrille et Méthode] présentent une voie exemplaire et stimulante pour que l’Évangile, enraciné dans la culture des peuples, la féconde et la nourrisse, disait le pape le 25 mai dernier. C’est là une contribution spécifique au développement du continent ».

C´est en 864 que la Bulgarie s´est convertie au christianisme. La Nation adopte l´alphabet cyrillique en 885. Le pays a fait successivement partie de l´empire byzantin et de l´empire ottoman.

La Bulgarie est aussi un ancien pays satellite de l´URSS: l´Armée Rouge avait pénétré dans le pays en septembre 1944. C´est en 1990 que la Bulgarie a connu des élections libres qui ont permis de réintroduire le pluralisme politique ainsi qu´une liberté d´expression.

Rappelons enfin que Jean-Paul II a béatifié en 1998 à Rome Mgr Vincent Eugène Bossilkov, Passionniste, évêque de Nicopoli (Russe, en Bulgarie) et martyr (1900-1952), comme “l’une des si nombreuses victimes sacrifiées par le communisme athée, en Bulgarie et ailleurs, dans son programme d’anéantissement de l’Eglise… Lorsque l’hostilité du régime communiste contre l’Eglise se fit plus décisive et plus menaçante, le bienheureux Bossilkov voulut demeurer auprès de son peuple, tout en sachant que cela signifiait risquer sa vie. Il ne craignit pas d’affronter la tourmente de la persécution. Lorsqu’il devina que le moment de l’épreuve suprême s’approchait, il écrivit au Supérieur de sa province religieuse: “J’ai le courage de vivre, j’espère avoir aussi celui de subir le pire, en restant fidèle au Christ, au Pape et à l’Eglise”. (Lettre XIV)”.

Jean-Paul II rappelait l’influence qu’a eue l’évêque sur ses contemporains. “En ces temps de persécution, dit-il, beaucoup ont regardé vers lui et, de son exemple de courage, ont tiré la force de demeurer fidèles à l’Evangile jusqu’à la fin”.

Le pape a également rendu hommage aux autres chrétiens victimes de la persécution. “Je suis heureux, dit-il, en ce jour de fête pour la Nation Bulgare, de rendre hommage à ceux qui, comme Mgr Bossilkov, ont payé de leur vie l’adhésion sans réserve à la foi reçue au baptême”.

“Aujourd’hui, il nous est proposé, souligne le pape, comme une figure éminente de l’Eglise catholique qui est en Bulgarie, non seulement en raison de sa vaste culture, mais aussi par son souci oecuménique constant, et son héroïque fidélité au Siège de Pierre”. Il est désormais le « protecteur de la Nation Bulgare », ajoutait Jean-Paul II.

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ZENIT Staff

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