Brunor et « La Question interdite… » : bonne traversée ! (II)

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Entretien exclusif pour les lecteurs de Zenit

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ROME, Jeudi 4 décembre 2008 (ZENIT.org) – Qui ne connaît les « vignettes » de Brunor ? Alors, vous qui l’aimez déjà, jetez-vous sur la « Question interdite ». Vous qui ne le connaissez pas encore, précipitez-vous, il est encore temps ! Mais qui est Brunor ?

Brunor vient de se livrer un peu plus dans cet entretien pour les lecteurs de Zenit. Et puis, il y a son site en ligne, bourré d’humour et de sagesse ! Comme dit Brunor : « Bonne traversée ! »

Nous publions ci-dessous la deuxième partie de cet entretien.

Zenit – Le titre intrigue, et attire : quelle est cette « Question interdite » ?

Brunor –  Il s’agit d’une question à propos du Christ, qui intéressait tellement les gens au VIIe siècle, qu’on en débattait jusque dans les lieux publics. L’empereur a voulu mettre un terme à cette recherche en l’interdisant, de façon autoritaire et brutale, avec sa police. Vous voyez qu’on est bel et bien dans un thème de BD ! D’autant plus que des hommes courageux vont opposer une résistance non-violente…

Zenit – Vont-ils réussir ?

Brunor –  Quand on ose défier les totalitarismes, on n’a guère d’illusions quant à son propre avenir… Disons qu’ils n’ont pas renoncé à lutter pour la vérité, et qu’ils en sont morts. Leur aventure me confirme d’autant plus dans la nécessité de ne pas laisser cette question interdite à l’abandon, sans quoi ils seraient morts pour rien… Or, de nos jours, elle n’est plus interdite, elle est enterrée sous les sables de l’oubli.

Zenit – Justement, votre « Question » nous fait traverser les sables !

Brunor – En effet, ce parcours dans le temps et les idées se déroule dans la baie du Mont Saint-Michel, avec ses sables mouvants et ses pièges, car la marée peut vous prendre à revers… Toute une symbolique ! Le début de l’histoire est visible sur www.brunor.fr en cliquant sur la couverture du livre. Bonne traversée !

Zenit – On perçoit dans vos pages un souci de toucher un public très large : la BD est pour vous un moyen « d’évangélisation » ?

Brunor – Oui, mais je préfère traduire le mot « évangélisation » par : « transmission d’informations ». Il y a toujours le danger de vouloir convaincre, comme dans la publicité. Alors que l’information enrichit toujours l’interlocuteur. Elle est précieuse pour prendre des décisions en toute liberté. Si je ne suis pas informé sur les horaires des trains, comment partir ?

Zenit –  Quels sont les thèmes sur lesquels il vous semble le plus urgent « d’informer » vos lecteurs ?

Brunor – Il me semble très urgent d’informer les jeunes sur les questions qu’ils se posent. J’ai entendu des questions sur l’authenticité des Evangiles et ça m’a conduit à entreprendre l’enquête www.Jésus qui ? L’enquête historique (Cerf). Puis j’ai tenu à aborder cette question sur évolution/création si mal posée depuis le XIXe siècle qui est relancée par les créationnistes américains de façon absurde. Et j’ai pu mesurer que mes bouquins intéressent des non-croyants.

Zenit – Comment vous en êtes-vous rendu compte ?

Brunor – Lors de Salons de la BD comme à Angoulême où je présente une exposition de mes BD chaque année. En parlant avec les visiteurs pour qui je dessine une dédicace, j’apprends que beaucoup se disent « tout à fait non-croyants », mais intéressés par ces questions, en particulier l’Univers imprévisible qui aborde des questions philosophiques et scientifiques.

Zenit – Quel est le message à déchiffrer au cœur de « La Question interdite » ?

Brunor – Comme pour les autres livres, j’ai voulu rendre accessibles des informations qui existent, mais que personne ne va chercher, car elles sont enterrées. Un garçon et une fille font la traversée de la baie du Mont Saint-Michel. Dans ce désert parsemé de sables mouvants, ils se demandent si on a les moyens de savoir qui est le Christ et quelle est sa mission. C’est une enquête que je mène depuis 1983 dans les textes des Pères de l’Eglise et des Conciles.  Je ne savais pas, on ne m’avait jamais dit qu’il existait un concile reconnu par toutes les confessions chrétiennes actuellement divisées. Cela signifie que ce Concile/roc pourrait servir de base commune pour construire l’unité, comme le rocher stable au milieu des sables, sur lequel il a été possible d’édifier le Mont Saint-Michel, haut lieu spirituel, patrimoine de l’humanité. Vous comprendrez que je ne pouvais pas garder ça pour moi.

Zenit – « La Question interdite », ce sont 300 pages de BD : un gros pari pour cette réflexion profonde, théologique !?

Brunor – Je ne crois pas qu’il existe encore de BD théologique, c’est donc un vrai défi. Pourtant ce n’est pas l’exploit qui me motive, mais l’idée de permettre au plus grand nombre possible de mieux connaître le Christ et le parcours incroyable du développement de la pensée des hommes, à partir du message génétique de la Révélation. Un parcours traversé de crises où les conciles ont réussi à éviter les écueils et les sables mouvants. On n’a pas le temps de s’ennuyer car cette aventure a vraiment connu des piratages de faussaires, des crimes comme l’assassinat d’un pape courageux et des décrets totalitaires comme le diktat de cet empereur qui a interdit qu’on débatte de certaines questions. Vous verrez que les 300 pages suffisent à peine à relater tant de péripéties.

Zenit – Quel public espérez-vous ? Les jeunes attirés par ce format moderne ? Des adultes en recherche ? Des groupes de catéchèse ?

Brunor – Je ne vise qu’à partager les découvertes qui m’ont enthousiasmé et ont enfin répondu aux incohérences que j’avais repérées. J’ai une profonde allergie pour la poussière qui recouvre parfois certains sujets dans l’Eglise, et je pense que ça doit avoir un rapport avec l’aspirateur de Taizé qui a été témoin (et peut-être collaborateur) de ma conversion. Je pense aux jeunes, croyants ou non, avec qui je garde un contact privilégié lors de mes tournées avec ma guitare et mes dessins, mais je constate que beaucoup d’adultes lisent mes livres. Et même des personnes âgées qui me confient : c’est la première BD que je lis de ma vie !

Zenit – Pour que le portrait soit exact, il faut que nos lecteurs vous imaginent avec votre carnet de croquis et votre guitare ! Car vous êtes aussi compositeur interprète, et vous avez réalisé un CD de vos chansons…

Brunor – Le travail en bibliothèque et devant la planche à dessin est solitaire et isolé, alors que les concerts ou les veillées/rencontres offrent une relation magnifique avec les autres. Mais il s’agit toujours de transmission « d’informations » !

La Question interdite, Brunor-Ed Viltis-2008- 304 p. Quadri, 22€ www.brunor.fr

Propos recueillis par Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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