« Briser la loi du silence » en vue de la pleine unité entre les chrétiens

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Intervention de Mgr Farrell, secrétaire du Conseil pour la promotion de l’Unité des chrétiens

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ROME, Lundi 22 janvier 2007 (ZENIT.org) – C’est en brisant le silence et en se mettant à l’écoute de ses propres frères que se créeront « ces liens de communication et de communion », qui rendent possible la recherche de l’unité entre les chrétiens et leur recherche commune à trouver des solutions aux divers problèmes sociaux.

Tels sont les propos de Mgr Brian Farrell, secrétaire du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens dans l’homélie qu’il a prononcé à Dublin – et dont le texte a été publié par « L’Osservatore Romano » (18 janvier 2007) – à l’occasion de l’inauguration de la « Semaine de prière pour l’unité des chrétiens », à l’invitation de l’archevêque Mgr Darmuid Martin.

Cette initiative œcuménique, lancée dans la deuxième moitié du XIX ème siècle, puis encouragée en 1894 par le pape Léon XIII, est célébrée dans la plupart des pays du 18 au 25 janvier.

Depuis 1968, les textes de réflexions liés à cette « Semaine de prière » sont préparés conjointement par la Commission Foi et Constitution du Conseil Œcuménique des Eglises et le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Et depuis 2004, des livrets communs aux deux organes ecclésiaux sont diffusés pour accompagner les chrétiens durant toute la « Semaine ».

Chaque année, le projet initial de ces textes est préparé dans un pays différent de manière à ce que les chrétiens, à travers le monde, puissent prier sur la base d’une expérience réelle de vie, et méditer sur les efforts et les défis que telle ou telle expérience nécessite et pose au niveau local.

Le thème scriptural de la Semaine de prière 2007, est tiré d’un texte de l’Evangile de Marc: « Il fait entendre les sourds et parler les muets! » (7, 31-37), élaboré en Afrique du sud, précisément à Umlazi, près de Durban. Ce thème reflète les préoccupations et l’expérience de la communauté locale.

« Umlazi est une sorte de ‘réserve’, de ‘cité ghetto’, un de ces lieux de ségrégation où la population noire vivait recluse à l’époque de l’apartheid »; « un lieu de pauvreté et de chômage », affirme Mgr Farrell.

A Umlazi, en particulier, comme dans d’autres « cités ghettos » du même type, « le SIDA a atteint des niveaux de pandémie. On estime que plus de 50% des habitants sont infectés par le virus », rappelle-t-il.

« Et il existe également une tragédie dans la tragédie – poursuit-il –. Dans la langue locale le mot ‘ubunqunu’ signifie ‘découvert’, ‘nu’, un mot qui se réfère à toutes ces choses que les habitants d’Umlazi ne peuvent même pas nommer ».

« Il existe une loi du silence sur certains aspects de la vie; une loi du silence pour le SIDA. Cette maladie est stigmatisée. Quand les personnes tombent malades et qu’arrive le jour où elles ne peuvent plus cacher les symptômes, elles se terrent chez elles et il est rare qu’on les aperçoive à nouveau. Ces malades ne réclament pas d’aide et leurs familles n’en parlent plus », poursuit Mgr Farrell.

« L’Afrique du sud est un pays qui, très lentement, parvient à admettre publiquement l’existence du problème », et les Eglises luttent tant qu’elles peuvent pour « briser cette loi du silence qui conduit à la mort ».

A la lumière de tout cela, les Eglises d’Afrique du sud, poursuit-il, ont mis sur pied des structures œcuméniques de prière centrés sur le thème: « Briser la loi du silence ». De cette manière, on espère que « les gens, et les jeunes surtout, prendront confiance en eux et trouveront le courage, à travers la prière, de ‘parler de l’innommable’ ».

Ce même appel à « rompre le silence » est également répercuté dans les livrets qui accompagnent la « Semaine de prière pour l’unité » cette année (cf. www.vatican.va).

Dans son homélie, Mgr Farrell évoque « la présence dans chaque culture d’un énorme désir insatisfait : les pauvres, les malades, les sans-abri, les réfugiés, les marginaux, sont nos voisins ».

« Le sourd-muet de l’Evangile de saint Marc est un exemple de ce que nous sommes, en tant qu’individus et en tant que collectivité. Si le Seigneur, comme à cet homme qui ne pouvait ni entendre ni parler, pouvait délier nos langues, notre capacité de comprendre et de parler à haute voix, dans la vérité et dans l’honnêteté, cela serait une bénédiction pour les sociétés auxquelles nous appartenons », a-t-il dit.

Rappelant ensuite comment Jésus, dans le récit évangélique de Marc, a d’abord guéri l’incapacité de l’homme à entendre, Mgr Farrell affirme que « le Seigneur ne tient pas seulement à ce que l’homme écoute le sens des paroles, mais qu’il écoute ceux qui sont autour de lui ».

« Il ne suffit donc pas seulement d’‘entendre’ mais surtout d’‘écouter’ pour créer des liens de communication et de communion et pour créer cette unité sans laquelle aucun problème ne saurait être affronté ni résolu », a-t-il garanti.

Dans les livrets relatifs à la « Semaine de prière » de cette année, la communauté d’Umlazi, à grande majorité chrétienne, invoque aussi le soutien des autres Eglises, encore aujourd’hui divisées, pour affronter les problèmes d’indigence et de pandémie du SIDA, tout en se déclarant « impatiente et frustrée » devant toutes ces « divisions dont elle a hérité et qui se sont vérifiées tant de siècles auparavant, en d’autres terres ».

Face au « péché » et au « scandale » de la division, Mgr Farrell conclut en soulignant que seule notre disposition à écouter les voix de la souffrance « en toute âme et conscience, peut faire de nous des personnes meilleures, plus engagées et disciples de Jésus qui, lui seul, a la parole de vie éternelle ; lui seul peut dire ce que signifie être vraiment humain dans un monde si inhumain ».

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ZENIT Staff

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