Brésil: Le développement des sectes, défi pour l’Eglise

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CITE DU VATICAN, Mardi 5 octobre 2004 (ZENIT.org) – L’augmentation des sectes, spécialement au Brésil, constitue un appel pour l’Eglise à adopter un ton qui « propose » au lieu d’imposer, estime le cardinal Poupard.

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Le cardinal Poupard a inauguré la rencontre des Centres culturels catholiques du Brésil, à João Pessoa (cf. art. ci-dessus).

Le président du conseil pontifical de la Culture a analysé lundi 4 octobre, certains des défis que représente l’expansion de groupes fondamentalistes d’inspiration évangélique dans ce grand pays d’Amérique latine.

Le cardinal Poupard a analysé deux des causes fondamentales qui expliquent ce phénomène: les « intérêts économiques et politiques trans-nationaux », ainsi que le manque d’identité religieuse des sociétés modernes ou post-modernes.

Le cardinal rappelait que « la religion est le premier lien de cohésion sociale », et il constatait que l’affaiblissement de ce lien de l’identité permet d’affronter un prochain « affaibli culturellement, politiquement docile, et économiquement inoffensif ».

« Les sectes, continuait le cardinal français, constituent dans ce sens le progrès du modèle culturel nord-américain ».

Or, faisait remarquer le cardinal Poupard, « la foi catholique n’est pas seulement une religion majoritaire en Amérique latine, c’est la profession de foi dans le Mystère de l’Incarnation, avec laquelle il est impossible de justifier le racisme ni la prédestination, ni le nationalisme de Monroe, ni l’eugénisme, ni aucun type de libéralisme économique comme un type de salut ».

« On pourrait penser, ajoutait le ministre de la culture de Jean-Paul II en expliquant les motifs politiques des sectes, que pour être une nation forte, il est utile de revenir à la chrétienté, ou au moins à « l’intégrisme religieux ».

Le succès des sectes réside, expliquait-il en substance, dans une annonce sociologique de l’Evangile, particulièrement attirante en Amérique latine, où la société est caractérisée par des injustices économiques.

De fait, le désir de changement social a fait que l’Eglise a exprimé son option originale pour les pauvres, option que certains ont comprise comme « exclusivement sociologique » et non comme une « préférence évangélique ». Mais « cette option exclusive pour les pauvres a fait que les pauvres ont opté pour les sectes », diagnostiquait le cardinal Poupard.

Il y voit par conséquent le « piège » des sectes et des « intérêts troubles » qui les soutiennent. Le cardinal Poupard faisait remarquer que « l’annonce de l’Evangile en clef sociologique paraissait s’ouvrir sur un paradoxe: ou tu choisis les pauvres exclusivement et sociologiquement et eux te quittent confessionnellement, ou tu choisis l’injustice et alors tu cesses d’annoncer l’Evangile ».

Quel est l’enjeu? « Est-ce que nos « intérêts », interroge le cardinal Poupard, sont les mêmes que ceux des centres de pouvoir qui subventionnent et dirigent les sectes? Si ce sont les mêmes, laissons donc le client choisir le produit le plus adéquat pour ses besoins « religieux ». Mais si nos intérêts ne sont ni politiques ni économiques, quels sont-ils? »

Et de répondre: « Le moteur qui motive la mission d’évangéliser n’est-il pas celui de l’identité catholique? »

Or, le second facteur qui explique le développement des sectes, c’est la réalité religieuse des générations actuelles, caractérisées par le manque d’identité, soulignait le cardinal Poupard.

« La force actuelle des sectes consiste dans leur présentation d’une identité précise en un moment d’incertitudes. Et quelle identité? Rien de moins qu’une négation: ne pas être catholique! »

« Si les adeptes des sectes tentaient d’entrer sérieusement dans leur identité, ils découvriraient avec étonnement, que leur expérience religieuse originale est une copie de la structure de l’Eglise qu’ils ont critiquée. Leur « identité supposée », leur « originalité doctrinale », ainsi que leur proposition religieuse ne sont que l’expression de leur malaise devant leur propre ignorance ou la négligence pastorale, de l’Eglise qu’ils attaquent ».<br>
Cette affirmation renforce l’hypothèse que les sectes naissent nécessairement dans un contexte où existent déjà une identité confessionnelle enracinée, plus ou moins explicite, et face à laquelle la réponse sectaire s’érige en vérité et « pure identité confessionnelle ». »

A cela, le cardinal Poupard invite à « proposer » de nouveau la foi catholique. « Les sectes sont un appel à faire des propositions pastorales et culturelles. La Nouvelle évangélisation cherche à lire des désirs de l’homme dans la culture de son époque. A la faim d’identité et de destin correspond le pain de la faim définie et certaine ».

« Les sectes mettent en évidence qu’un langage d’imposition éthique et sociale n’a pas de place dans les catégories sociales de l’homme d’aujourd’hui », constatait le cardinal Poupard.

« Le fait qu’ils ne s’identifient pas à un travail social, ne signifie pas qu’ils ne le feront pas dans un second temps, cela signifie que le premier contact qu’ils ont eu avec la gratuité et la transcendance de Dieu, ils ne l’ont hélas pas reçu de l’Eglise; beaucoup n’ont reçu d’elle que des impératifs, des règles, et des engagements à l’action, mais jamais auparavant l’annonce du salut dans un langage qu’ils pouvaient recevoir », faisait observer le cardinal Poupard.

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ZENIT Staff

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