Bombes à sous-munitions: le partenariat, « secret » de la réussite du traité

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Le Saint-Siège à la conférence de Dublin

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ROME, Lundi 3 juin 2008 (ZENIT.org).- Le Saint-Siège recommande que les victimes des bombes à sous-munitions aient une place « privilégiée » dans le plan pour leur élimination.

L’observateur permanent du Saint-Siège aux Nations unies, et chef de la délégation du Saint-Siège à la conférence diplomatique de Dublin sur les bombes à sous-munitions, Mgr Silvano M. Tomasi, est intervenu à cette conférence le 19 mai dernier.

Pour le Saint-Siège, le succès de tout traité implique une « coopération » entre « partenaires », a souligné Mgr Tomasi.

Il voit dans le « partenariat » entre les Etats, les Nations unies, les Organisations internationales, le Comité de la Croix-Rouge et les Ong le « secret d’un succès commun et un élément indispensable pour atteindre l’objectif de l’instrument futur ».

Il a souhaité par ailleurs que les « victimes » aient une place « privilégiée » dans ce plan, que leur rôle soit « actif » du début à la fin.

La délégation du Saint-Siège est « heureuse de voir la mise à profit des efforts d’un grand nombre d’acteurs visant à une conclusion positive du processus qui cherche une plus grande sécurité et une plus grande protection », a observé Mgr Tomasi.

Mais il a mis en garde contre une « vision réductrice et étroite » qui donnerait « l’illusion que la protection ne vient que des armes, pacifiquement, celle que nous nous engageons à bannir ».

Le Saint-Siège, a-t-il ajouté, apporte son « soutien » à l’Irlande et se dit disponible pour « joindre ses forces à la construction en commun d’un monde plus humain, plus sûr et plus coopérant ».

Il a dit aussi la satisfaction du Saint-Siège du fait qu’aujourd’hui « plus personne ne nie l’existence de problèmes humanitaires liés aux bombes à sous-munitions, l’urgence d’une action collective, ni l’indispensable effort pour traduire ces préoccupations en développement ciblé de la loi humanitaire internationale ».

Les partenaires du processus d’Oslo et les Etats membres de la Convention sur certaines armes conventionnelles (CCW) sont d’accord, souligne Mgr Tomasi, pour reconnaître cette « urgence ».

Pour sa part, souligne-t-il, « le Saint-Siège ne peut qu’insister sur la priorité de la dignité humaine, l’intérêt des victimes, la priorité de la prévention, et de la stabilité, et sur le concept de sécurité fondé que le niveau d’armement le plus bas. La paix transcende de loin le cadre des considérations militaires. La paix, ce n’est pas seulement l’absence de guerre ».

« Les droits humains, le développement, la participation sociale et politique, la justice, la coopération, ces concepts et des concepts semblables ont un rôle critique dans une définition moderne de la paix authentique ».

« La sécurité ne repose pas seulement sur les armes et la force est éphémère et illusoire. Les bombes à sous-munitions illustrent parfaitement cela. Même des soi-disant victoires se révèlent être des défaites durables pour les populations civiles, pour le développement, la paix, la stabilité. Des décennies après l’utilisation des bombes à sous-munitions, la paix conserve un goût amer avec des milliers de victimes, l’étouffement du développement socio-économique, le gâchis de ressources humaines et financières considérables ».

Le Saint-Siège a souhaité une prise de décision, a dit Mgr Tomasi avant d’ajouter que tout délai entraînerait des conséquences encore plus graves : « Dans un monde globalisé et de plus en plus interdépendant, les problèmes de certains sont les problèmes de tous : des pays riches et pauvres; des pays développés ou en développement; des pays producteurs et exportateurs de bombes à sous-munitions, et des pays qui les importent; des pays utilisateurs ou non-utilisateurs. Ce qui ne se fait pas aujourd’hui, devra être fait demain, avec un supplément de souffrance, de coûts économiques, et de blessures plus profondes à guérir ».

« Comme c’est compréhensible, certains pays feront face à de plus grandes difficultés pour remplir les engagements qui découlent de l’instrument à venir », a souligné Mgr Tomasi.

Mais il a mis en garde sur le fait que « les pays affectés et les victimes sont ceux qui ont payé et continuent de payer le prix le plus exorbitant ».

En même temps, a t-il ajouté, « ceux qui doivent renoncer à ce type d’armes, ceux qui doivent cesser de les exporter, ceux qui vont être obligés de détruire leurs stocks, ceux qui vont s’engager dans le déminage et la décontamination, ceux qui vont investir des ressources pour les victimes, leurs familles et leurs communautés, tous ceux qui sont impliquées dans les différentes activités humanitaires, devront eux aussi faire des efforts ».

« De tels efforts devraient être considérés par les responsables politiques et militaires, et par les peuples de leurs pays, comme une participation nécessaire mais tout à fait bénéfique à la construction d’un monde plus pacifique et plus sûr, où tous puissent jouir d’une plus grande sécurité ».

Si les Etats « ont le droit de défendre la paix, la stabilité, la sécurité et la stabilité des peuples sous leur responsabilité », le Saint-Siège rappelle cependant que cela pouvait tout aussi bien se faire sans le « recours à la course aux armements ou à la guerre ».

Il a cité à ce propos l’allocution de Paul VI, en 1965, aux Nations unies à l’occasion du XXème anniversaire de l’organisation (1). Il a cité aussi les paroles de Benoît XVI encourageant cette conférence de Dublin, le 18 mai dernier. « Le monde, a t-il dit pour conclure, attend un acte de foi dans la personne humaine, et dans ses plus hautes aspirations à vivre dans la paix et la sécurité, un engagement à faire de la solidarité l’expression la plus splendide de l’unité de la famille humaine et de sa destinée commune ».

« Je souhaite, a dit le pape après la prière de l’angélus, que, grâce à la responsabilité de tous les participants, on puisse arriver à obtenir un instrument international fort et crédible : il est nécessaire en effet de remédier aux erreurs du passé et d’éviter qu’elles se répètent à l’avenir ».

Anita S. Bourdin

 

(1) « Les armes, surtout les terribles armes que la science moderne vous a données, avant même de causer des victimes et des ruines, engendrent de mauvais rêves, alimentent de mauvais sentiments, créent des cauchemars, des défiances, de sombres résolutions; elles exigent d’énormes dépenses; elles arrêtent les projets de solidarité et d’utile travail; elles faussent la psychologie des peuples. Tant que l’homme restera l’être faible, changeant, et même méchant qu’il se montre souvent, les armes défensives seront, hélas!, nécessaires. Mais vous, votre courage et votre valeur vous poussent à étudier les moyens de garantir la sécurité de la vie internationale sans recourir aux armes: voilà un but digne de vos efforts, voilà ce que les peuples attendent de vous. Voilà ce qu’il faut obtenir! Et pour cela, il faut que grandisse la confiance unanime en cette Institution, que grandisse son autorité; et le but alors – on peut l’espérer – sera atteint » (Paul VI, Aux Nations unies, le 4 octobre 1965, § 5).

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ZENIT Staff

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