Bienheureuse Marie-Céline : « Le rayonnement de l'Amour dans le quotidien »

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Par le card. Ricard

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ROME, Mardi 18 septembre 2007 (ZENIT.org) – Sous le titre « Le rayonnement de l’Amour dans le quotidien », le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, et président de la conférence des évêques de France, a publié cet éditorial consacré à la bienheureuse Marie-Céline, béatifiée à Bordeaux, dimanche dernier, dans « l’Aquitaine » du 7 septembre 2007.

Béatification de Sœur Marie-Céline de la Présentation

Le Dimanche 16 septembre sera célébrée dans la cathédrale Saint-André à Bordeaux la béatification de Sœur Marie-Céline de la Présentation, une jeune clarisse, morte en 1897, à 19 ans. Qu’est-ce qui a amené l’Eglise à la déclarer bienheureuse ? Ceux pour qui sainteté signifie vie héroïque, actions hors du commun, enseignement spirituel éminent seront déçus car rien dans la vie de cette jeune fille ne correspond à ces traits. Née en 1878, Germaine Castang (qui recevra plus tard en religion le nom de Marie-Céline de la Présentation) a vécu en famille, d’abord à Nojals (en Dordogne) puis à Bordeaux, entre à l’ouvroir tenu par les Sœurs de Nazareth en 1891, est accueillie en 1896 par les clarisses de Talence, y fait son postulat, commence son noviciat et meurt quelques mois après, en 1897, l’année même de la mort de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Elle n’a rien écrit, sinon des lettres et un petit journal de 16 pages. Il ne restera d’elle que les témoignages de ceux qui l’ont vue vivre.

Reconnaissons pourtant que la courte vie de Germaine Castang a été particulièrement dure. Les épreuves ne lui ont pas été épargnées. Epreuves physiques tout d’abord. A quatre ans et demi, étant restée trop longtemps dans l’eau froide d’une rivière, elle en aura le pied déformé. Elle sera plus tard opérée mais devra vivre avec ce qui restera pour elle un handicap. Celui-ci sera longtemps un obstacle à son accueil dans une congrégation, alors qu’elle aspirait tant à être religieuse. De santé fragile, elle mourra comme d’autres membres de sa famille, de tuberculose pulmonaire. Aux épreuves physiques s’ajoutent les épreuves familiales. Son père étant incapable de rembourser ses dettes, la petite épicerie qu’il tenait et la maison familiale seront saisies et toute la famille devra aller vivre dans une masure insalubre. Le froid, la faim, la maladie, la mort de frères et sœurs plus jeunes seront au rendez-vous. On peut dire que Germaine a vécu ce qu’on appellerait aujourd’hui une vie du Quart Monde. Elle perdra sa mère à quatorze ans, puis son frère Louis, s’occupera de son père au caractère fantasque et difficile, puis verra l’éclatement de la famille et l’impossible réconciliation de ses frères avec leur père.

Alors, qu’est-ce qui fait le rayonnement de celle que l’Eglise aujourd’hui déclare bienheureuse ? Ce sont sa foi et sa confiance en Dieu. Depuis toute petite, elle a eu une relation forte à Dieu. Elle accueille jour après jour Son amour et se donne à Lui. La prière est pour elle son temps d’intimité avec le Seigneur. Elle y puise sa force, son endurance dans l’amour et sa persévérance. Bien sûr, sa première communion, son entrée chez les clarisses, son acceptation au noviciat puis sa profession solennelle faite avant sa mort révèleront quelque chose de l’intensité de sa vie avec le Seigneur. Mais c’est sa vie quotidienne qui est le lieu de sa réponse à Dieu, de son union à Celui qui a dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. » (Jn 4, 34) Cette présence de Dieu en elle adoucit un caractère qu’elle avait impétueux. Elle aide, elle sert, elle prend sur elle, elle patiente, elle voit surtout le bien des autres. En un mot, elle aime en actes et en vérité. La sainteté, c’est l’accueil de cet amour du Seigneur en soi. Marie-Céline vient nous dire qu’elle peut être vécue à tous les âges de la vie.

Déjà à l’ouvroir, les autres perçoivent cette lumière spirituelle qui rayonne d’elle. Ce sera encore plus évident pour les sœurs clarisses qui vont l’entourer pendant les quelques mois de sa vie religieuse. Et ce rayonnement se poursuivra de façon étonnante après sa mort. Marie-Céline vient ainsi nous rappeler que la fécondité évangélique n’est pas du même type que l’efficacité humaine. Elle surgit d’un cœur qui s’ouvre totalement à l’action et à l’amour de Dieu. Elle est le fruit d’une vie qui se donne, se livre avec le Christ et accepte de passer par la mort comme le grain tombé en terre (Jn 12, 24).

En ce début d’année pastorale, écoutons cet appel à cette sainteté dans le quotidien que nous adresse notre nouvelle bienheureuse. N’hésitons pas à nous confier les uns les autres au Seigneur en invoquant son intercession. En effet, n’a-t-elle pas dit avant sa mort : « Au ciel, je n’oublierai personne. » ?

+ Jean-Pierre cardinal RICARD

© L’Aquitaine, septembre 2007

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ZENIT Staff

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