Benoît XVI renonce au titre de « patriarche d’Occident », devenu « obsolète »

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Explications du conseil pontifical pour l’Unité des chrétiens

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ROME, Mercredi 22 mars 2006 (ZENIT.org) – Benoît XVI renonce au titre de « patriarche d’Occident », devenu « obsolète », en particulier parce que le terme « Occident » recouvre aujourd’hui une réalité bien différente de celle des siècles passés, indique aujourd’hui une note du conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des chrétiens. En effet, cette décision vise aussi à faciliter l’unité des chrétiens.

En effet, l’édition 2006 de l’Annuaire pontifical, qui vient d’être publiée, ne comporte plus le titre de « Patriarche d’Occident », dans la titulature du Successeur de Pierre (p. 23*). Or, l’Annuaire pontifical le reportait chaque année depuis 1863. Le fait a donné lieu à différents commentaires et le conseil pontifical a donc voulu par cette note expliquer les raisons de cette disparition.

L’Annuaire reporte en effet les 8 titres du pape:
« Benoît XVI,
Evêque de Rome,
Vicaire de Jésus Christ,
Successeur du Prince des Apôtres,
Souverain pontife de l’Eglise universelle,
Primat d’Italie,
Archevêque et métropolite de la province romaine,
Souverain de l’Etat de la Cité du Vatican,
Serviteur des serviteurs de Dieu,
Joseph Ratzinger ».

Dans l’Annuaire 2005, pour Jean-Paul II, le titre de « Patriarche d’Occident » s’insérait encore, en cinquième position, entre « Souverain pontife de l’Eglise universelle » et « Primat d’Italie ».

La note du conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des chrétiens rappelle tout d’abord l’histoire de l’emploi de ce titre par les papes.

Du point de vue historique, explique-t-elle, les anciens patriarcats d’Orient établis par les conciles de Constantinople (381) et de Chalcédoine (451), se référaient à un territoire assez clairement circonscrit, alors que le territoire du siège de l’évêque de Rome restait un peu vague.

En Orient, dans le cadre du système ecclésiastique de l’empereur Justinien (527-565), le pape était considéré comme « Patriarche d’Occident » à côté des quatre patriarcats orientaux de Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem.

Mais Rome a privilégié l’idée des trois sièges épiscopaux pétriniens: Rome, Alexandrie et Antioche. Et, sans pour autant utiliser le titre de Patriarche d’Occident, le IVe concile de Constantinople (869-870), le IVe concile du Latran (1215) et le concile de Florence (1439) ont placé le pape en tête de la liste des cinq patriarcats d’alors.

C’est en 642 que le titre de « Patriarche d’Occident » a été utilisé pour la première fois, par le pape Théodore Ier (642-649), un pape d’origine grecque, né à Jérusalem. Mais le titre a été ensuite été rarement utilisé, parce que sa signification n’était « pas claire ». Il n’est reparu qu’au XVIe et au XVIIe siècle, en lien avec les nombreux titres du pape. Et dans l’Annuaire Pontifical, il n’apparaît pour la première fois qu’en 1863.

La note explique ensuite le sens de cette suppression, en particulier devant l’évolution du terme « Occident ».

Actuellement, précise-t-elle, la définition du mot « Occident » renvoie à un contexte culturel qui ne se réfère plus seulement à l’Europe occidentale, mais aussi aux Etats-Unis d’Amérique, à l’Australie et la Nouvelle Zélande, par rapport à d’autres contextes culturels.

Or, si l’on voulait donner un sens au mot « Occident » dans le langage juridique ecclésial, il ne devrait se référer qu’à l’Eglise latine. Le titre de « Patriarche d’Occident » décrirait alors la relation particulière de l’Evêque de Rome avec l’Eglise latine et il pourrait exprimer la juridiction particulière de l’Evêque de Rome sur celle-ci.

Le titre de « Patriarche d’Occident » se révèle donc peu précis dès l’origine, et il est devenu au fil des siècles « obsolète » et « pratiquement plus utilisable ». « Il apparaît donc privé de sens d’insister pour le porter » : c’est la raison pour laquelle, conclut la note, on n’a pas « jugé utile » de le conserver.

Et d’ajouter que lors du concile Vatican II, l’Eglise catholique a trouvé pour l’Eglise latine une structure canonique adaptée aux nécessités d’aujourd’hui sous la forme des Conférences épiscopales et de leurs fédérations internationales.

Ainsi, abandonner le titre de « Patriarche d’Occident » ne modifie en rien « la reconnaissance des antiques Eglises patriarcales », comme le Concile Vatican II l’a déclaré de façon solennelle (Lumen Gentium 23).

Surtout, « une telle suppression ne peut pas vouloir dire qu’elle sous-entend de nouvelles revendications », souligne la note, en visant ainsi des interprétations erronées de ce geste.

La renonciation à ce titre n’est que l’expression d’un « réalisme historique et théologique », et d’un désir de « favoriser le dialogue œcuménique », conclut la note du conseil pontifical pour la Promotion de l’unité des chrétiens.

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ZENIT Staff

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