Benoît XVI rencontre les membres du clergé de Bolzano-Bressanone (I)

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ROME, Jeudi 21 août 2008 (ZENIT.org) – Le 6 août dernier, dans le cadre de ses vacances dans le Sud-Tyrol, le pape Benoît XVI a rencontré le clergé du diocèse de Bolzano-Bressanone, dans la cathédrale de Bressanone. Il a répondu aux questions posées par quelques prêtres et séminaristes.

Dans cette première question, le pape explique comment vivre concrètement les dons de l’Esprit et en témoigner. Il souligne l’importance de recevoir « continuellement le souffle de l’Esprit Saint ». « Si nous faisons cela, si nous ne sommes pas trop paresseux, indisciplinés ou indolents, … cette lumière émanera de nous sans avoir trop à y penser », dit-il.

Michael Horrer – Très Saint-Père, je m’appelle Michael Horrer et je suis séminariste. A l’occasion de la XXIII Journée mondiale de la Jeunesse de Sydney, à laquelle j’ai participé avec d’autres jeunes de notre diocèse, vous avez répété sans cesse aux quatre cent mille jeunes présents l’importance de l’oeuvre de l’Esprit Saint en nous les jeunes et dans l’Eglise. Le thème de la journée était : « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Alors vous serez mes témoins » (Ac 1, 8). A présent nous les jeunes, nous sommes rentrés – renforcés par l’Esprit Saint et par vos paroles – dans nos maisons, dans notre diocèse et revenus à notre vie quotidienne.
Très Saint-Père, comment pouvons-nous vivre concrètement ici, dans notre pays et dans notre vie quotidienne, les dons de l’Esprit Saint et en témoigner aux autres, de manière qu’également nos proches, nos amis et nos connaissances, ressentent et fassent l’expérience de la force de l’Esprit Saint et que nous puissions remplir notre mission de témoins du Christ ? Que pouvez-vous nous conseiller, pour faire en sorte que notre diocèse demeure jeune malgré le vieillissement du clergé et qu’il reste également ouvert à l’oeuvre de l’Esprit de Dieu qui guide l’Eglise ?

Benoît XVI – Merci de cette question. Je suis content de voir un séminariste, un candidat au sacerdoce de ce diocèse, dans le jeune visage de qui je peux en quelque sorte retrouver la jeunesse du visage du diocèse et je suis content d’entendre qu’avec d’autres, vous vous êtes rendus à Sydney, où dans une grande fête de la foi, nous avons fait ensemble l’expérience de la jeunesse de l’Eglise. Pour les Australiens aussi cela a été une grande expérience. Au début, ils avaient considéré cette Journée mondiale avec beaucoup de scepticisme parce que, bien sûr, elle se serait accompagnée d’un grand nombre de complications pour la vie quotidienne, beaucoup de désagréments, comme les problèmes de circulation par exemple, etc. Mais en fin de compte – nous l’avons vu également dans les médias, où les préjugés se sont défaits l’un après l’autre – tous se sont sentis impliqués par ce climat de joie et de foi ; ils ont vu que les jeunes viennent et ne créent pas de problèmes de sécurité ni d’aucune sorte, mais qu’ils savent être ensemble dans la joie. Ils ont vu qu’aujourd’hui aussi la foi est une force présente, que c’est une force capable de donner la juste direction aux personnes, aussi y a-t-il eu un moment où nous avons véritablement ressenti le souffle de l’Esprit Saint qui balaie les préjugés, qui fait comprendre aux hommes que c’est bien ici que nous trouvons ce qui nous touche de près, que c’est la direction dans laquelle nous devons aller ; et ainsi l’on peut vivre, ainsi s’ouvre l’avenir.

Vous avez dit à juste titre que cela a été un moment fort, dont nous avons ramené chez nous une étincelle. Dans la vie quotidienne toutefois, il est bien plus difficile de percevoir concrètement l’oeuvre de l’Esprit Saint ou même d’être personnellement un moyen afin qu’il puisse être présent, afin que se vérifie ce souffle qui balaie les préjugés de l’époque, qui dans l’obscurité crée la lumière et nous fait ressentir que la foi non seulement a un avenir mais qu’elle est l’avenir. Comment pouvons-nous réaliser cela ? Assurément tout seuls nous n’en sommes pas capables. En fin de compte, c’est le Seigneur qui nous aide, mais nous devons être des instruments disponibles. Je dirais simplement : personne ne peut donner ce qu’il ne possède pas personnellement, à savoir : nous ne pouvons pas transmettre l’Esprit Saint de manière efficace, le rendre perceptible, si nous-mêmes nous ne sommes pas proches de lui. Voilà pourquoi je pense que la chose la plus importante est que nous demeurions nous-mêmes, pour ainsi dire, dans le rayon du souffle de l’Esprit Saint, en contact avec lui. C’est uniquement si nous sommes continuellement touchés intérieurement par l’Esprit Saint, s’il est présent en nous, ce n’est qu’alors que nous pouvons également le transmettre aux autres, il nous donne alors l’imagination et les idées originales sur les moyens d’action ; des idées que l’on ne peut pas programmer mais qui naissent dans la situation elle-même, parce que c’est là qu’oeuvre l’Esprit Saint. Donc, le premier point : nous devons nous-mêmes demeurer dans le rayon du souffle de l’Esprit Saint.

L’Evangile de Jean nous raconte comment, après la Résurrection, le Seigneur vient parmi les disciples, souffle sur eux et dit : « Recevez l’Esprit Saint ». Cela est un parallèle avec la Genèse, où Dieu souffle sur le mélange de terre et celui-ci prend forme et devient homme. A présent, l’homme, qui vit intérieurement dans des zones d’ombre et qui est à demi mort, reçoit à nouveau le souffle de Christ et c’est ce souffle de Dieu qui lui donne une nouvelle dimension de vie, il lui donne la vie avec l’Esprit Saint. Nous pouvons donc dire : l’Esprit Saint est le souffle de Jésus Christ et nous, en un certain sens, nous devons demander au Christ de souffler toujours sur nous afin qu’en nous ce souffle devienne vivant et fort et oeuvre dans le monde. Cela signifie donc que nous devons demeurer proches du Christ. Nous le faisons en méditant sa Parole. Nous savons que le premier auteur des Saintes Ecritures est l’Esprit Saint. Lorsqu’à travers celles-ci nous parlons avec Dieu, lorsqu’en celles-ci nous ne cherchons pas seulement le passé mais véritablement le Seigneur présent qui nous parle, alors c’est comme si nous nous trouvions – comme je l’ai déjà dit en Australie – à nous promener dans le jardin de l’Esprit Saint, nous parlons avec lui, il parle avec nous. Voilà, apprendre à nous sentir chez nous dans ce contexte, dans le contexte de la Parole de Dieu est une chose extrêmement importante qui, dans un certain sens, nous introduit dans le Souffle de Dieu. Et puis, naturellement, cette écoute, cette marche dans le domaine de la Parole doit se transformer en une réponse, une réponse dans la prière, dans le contact avec le Christ. Et naturellement, avant tout dans le Saint Sacrement de l’Eucharistie, dans lequel il vient à notre rencontre et entre en nous, se fond presque en nous. Mais ensuite, également dans le Sacrement de la Pénitence, qui nous purifie toujours, qui lave les zones d’ombre que la vie quotidienne dépose en nous.

Bref, une vie avec le Christ dans l’Esprit Saint, dans la Parole de Dieu et dans la communion de l’Eglise, dans sa communauté vivante. Saint Augustin a dit : « Si tu veux l’Esprit de Dieu, tu dois être dans le Corps du Christ ». Dans le Corps mystique du Christ se trouve le cadre de son Esprit.
Tout cela devrait déterminer le déroulement de notre journée, de manière à ce qu’elle devienne une journée structurée, un jour où Dieu a toujours accès à nous, où continuellement se vérifie le contact avec le Christ, où précisément pour cette raison nous recevons continuellement le souffle de l’Esprit Saint. Si nous faisons cela, si nous ne sommes pas trop paresseux, indisciplinés ou indolents, alors il nous arrivera quelque chose, la journée prendra une forme et notre vie elle-même prendra une forme propre et cette lumière émanera de nous sans avoir trop à y penser ou sans av
oir à adopter une manière d’agir – pour ainsi dire – « propagandiste » : cela vient de soi-même, parce que cela reflète notre âme.

J’ajouterai ensuite à celle-ci une seconde dimension, logiquement liée à la première : si nous vivons avec le Christ, nous réussirons également les choses humaines. En effet, la foi ne comporte pas seulement un aspect surnaturel, elle reconstruit l’homme en le ramenant à son humanité, comme le montre le parallèle entre la Genèse et Jean 20 ; elle se fonde précisément sur les vertus naturelles : l’honnêté, la joie, la disponibilité à écouter le prochain, la capacité de pardonner, la générosité, la bonté, la cordialité entre les personnes. Ces vertus humaines témoignent du fait que la foi est véritablement présente, nous sommes véritablement avec le Christ. Et je crois que nous devrions être très attentifs sur ce point, aussi en ce qui nous concerne : faire mûrir en nous l’humanité authentique, parce que la foi comporte la pleine réalisation de l’être humain, de l’humanité. Nous devrions faire attention à accomplir correctement et de manière juste les choses humaines même dans notre activité, dans le respect du prochain, en se préoccupant du prochain, qui est la meilleure manière de nous préoccuper de nous-mêmes : en effet « être là » pour notre prochain est la meilleure manière d' »être là » pour nous-mêmes. Et c’est de là que naissent les initiatives qui ne peuvent pas être programmées : les communautés de prière, les communautés qui lisent ensemble la Bible ou même l’aide concrète aux personnes en difficulté, qui en ont besoin, qui se trouvent aux marges de la vie, aux malades, aux handicapés et tant d’autres choses encore… Voilà que nos yeux s’ouvrent pour voir nos capacités personnelles, pour prendre les initiatives correspondantes et pour savoir communiquer aux autres le courage d’en faire autant. Et ce sont précisément ces choses humaines qui nous rendent plus forts, en nous mettant en quelque sorte en contact avec l’Esprit de Dieu.

Le Grand Maître de l’Ordre des Chevaliers de Malte à Rome m’a raconté qu’il est allé à Noël avec des jeunes à la gare pour apporter un peu de Noël aux personnes abandonnées. Tandis qu’il repartait, il a entendu l’un des jeunes dire à l’autre : « C’est plus fort que la discothèque ici. Ici c’est vraiment bien, parce que je peux faire quelque chose pour les autres ! ». Telles sont les initiatives que l’Esprit Saint suscite en nous. Sans beaucoup de mots, elles nous font ressentir la force de l’Esprit et cela nous rend attentifs au Christ.

Bon, peut-être ai-je dit peu de choses concrètes, mais je pense que la chose la plus importante est que, avant tout, notre vie soit orientée par l’Esprit Saint, pour que nous vivions dans le cadre de l’Esprit, dans le Corps du Christ et qu’ensuite à partir de là nous ressentions l’aspect humain, nous soyons attentifs aux simples vertus humaines et que nous apprenions ainsi à être bons au sens le plus large du mot. De cette manière on acquiert une sensibilité pour les initiatives de Bien qui développent ensuite naturellement une force missionnaire et dans un certain sens préparent ce moment où il devient sensé et compréhensible de parler du Christ et de notre foi.

© Copyright : Librairie Editrice du Vatican

Traduction française : L’Osservatore Romano

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ZENIT Staff

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