Benoît XVI présente Irénée de Lyon, « le premier grand théologien de l'Eglise »

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Analyse de la « gnose » combattue par l’évêque de Lyon

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ROME, Mercredi 28 mars 2007 (ZENIT.org) – Benoît XVI voit en saint Irénée de Lyon pas seulement le « champion de la lutte contre les hérésies », mais surtout, « le premier grand théologien de l’Eglise ». Et sa tradition, « la tradition ininterrompue, n’est pas traditionalisme » chez lui, a fait observer le pape.

Benoît XVI a analysé, lors de l’audience de ce mercredi, place Saint-Pierre, en présence de quelque 20.000 visiteurs, les caractéristiques de la « gnose » combattue par St Irénée de Lyon : sa nature intellectualiste, dualiste et secrète, face à la foi authentique, biblique, apostolique, publique, accessible à tous, centrée sur le Christ, vrai Dieu et vrai homme et la révélation de la communion de la Sainte-Trinité.

Benoît XVI rappelait que « Saint Irénée, originaire de Smyrne (aujourd’hui Izmir, en Turquie) au deuxième siècle, fut disciple de l’évêque Polycarpe, qui lui-même avait connu l’Apôtre Jean. Plus tard, en Gaule, il deviendra membre du collège des prêtres de la jeune communauté chrétienne de Lyon ».

Benoît XVI décrivait en ces termes la personnalité de l’évêque de Lyon : « Irénée est avant tout un homme de foi et un pasteur. Du bon Pasteur, il possède le sens de la mesure, la richesse de la doctrine, l’ardeur missionnaire. En tant qu’écrivain, il poursuit un double objectif : défendre la véritable doctrine des attaques des hérétiques, et exposer avec clarté les vérités de la foi ».

Intellectualiste
« En définitive, Irénée est le champion de la lutte contre les hérésies, expliquait le pape. L’Eglise du IIe siècle était menacée par ce que l’on appelle la gnose, une doctrine qui affirmait que la foi enseignée dans l’Eglise ne serait qu’un symbolisme destinée aux personnes simples, qui ne sont pas en mesure de comprendre les choses difficiles; au contraire, les initiés, les intellectuels, — on les appelait les gnostiques — auraient compris ce qui se cache derrière ces symboles, et auraient formé un christianisme élitiste, intellectuel ».

Dualisme
« Bien sûr, ce christianisme intellectuel se fragmentait toujours plus en divers courants de pensées souvent étranges et extravagantes, mais qui attiraient de nombreuses personnes, faisait observer Benoît XVI. Un élément commun de ces divers courants était le dualisme, c’est-à-dire que l’on niait la foi dans l’unique Dieu, Père de tous, Créateur et Sauveur de l’homme et du monde. Pour expliquer le mal dans le monde, ils affirmaient l’existence, auprès de Dieu bon, d’un principe négatif. Ce principe négatif aurait produit les choses matérielles, la matière ».

La création est bonne
« En s’enracinant solidement dans la doctrine biblique de la création, Irénée réfute le dualisme et le pessimisme gnostique qui sous-évaluaient les réalités corporelles, soulignait le pape. Il revendiquait fermement la sainteté originelle de la matière, du corps, de la chair, ainsi que de l’esprit ».

Théologie systématique et credo
« Mais son œuvre va bien au-delà du rejet de l’hérésie: on peut dire en effet qu’il se présente comme le premier grand théologien de l’Eglise, qui a créé la théologie systématique; lui-même parle du système de la théologie, c’est-à-dire de la cohérence interne de toute la foi. Au centre de sa doctrine réside la question de la «règle de la foi» et de sa transmission. Pour Irénée, la «règle de la foi» coïncide en pratique avec le Credo des Apôtres et nous donne la clé pour interpréter l’Evangile, pour interpréter le Credo à la lumière de l’Evangile ».

La succession apostolique
« En effet, l’Evangile prêché par Irénée est celui qu’il a reçu de Polycarpe, évêque de Smyrne, et l’Evangile de Polycarpe remonte à l’apôtre Jean, dont Polycarpe était le disciple, rappelait le pape. Et ainsi, le véritable enseignement n’est pas celui inventé par les intellectuels au-delà de la foi simple de l’Eglise. Le véritable Evangile est celui enseigné par les évêques qui l’ont reçu d’une chaîne ininterrompue par les Apôtres. Ceux-ci n’ont rien enseigné d’autre que précisément cette foi simple, qui est également la véritable profondeur de la révélation de Dieu. Ainsi — nous dit Irénée — il n’existe pas de doctrine secrète derrière le Credo commun de l’Eglise. Il n’existe pas de christianisme supérieur pour les intellectuels. La foi publiquement confessée par l’Eglise est la foi commune de tous ».

L’enseignement de l’Eglise de Rome
« Seule cette foi est apostolique, elle vient des Apôtres, c’est-à-dire de Jésus et de Dieu. En adhérant à cette foi transmise publiquement par les Apôtres à leurs successeurs, les chrétiens doivent observer ce que les évêques disent, ils doivent suivre en particulier l’enseignement de l’Eglise de Rome, prééminente et très ancienne. Cette Eglise, en raison de son origine antique, possède un caractère apostolique suprême ; en effet, elle tire son origine des piliers du Collège apostolique, Pierre et Paul. Toutes les Eglises doivent être en accord avec l’Eglise de Rome, en reconnaissant en elle la mesure de la véritable tradition apostolique, de l’unique foi commune de l’Eglise ».

Irénée réfute donc ainsi la doctrine des gnostiques, en trois points : le caractère public de la tradition apostolique, son caractère unique, et dans l’Esprit Saint.

La foi, publique
« La Tradition apostolique est «publique», et non pas privée ou secrète, soulignait le pape. Pour Irénée, il ne fait aucun doute que le contenu de la foi transmise par l’Eglise est celui reçu par les Apôtres et par Jésus, par le Fils de Dieu. Il n’existe pas d’autre enseignement que celui-ci ».

La tradition, unique
En deuxième lieu, ajoutait Benoît XVI, « la Tradition apostolique est ‘unique’. En effet, tandis que le gnosticisme est sous-divisé dans de multiples sectes, la Tradition de l’Eglise est unique dans ses contenus fondamentaux … et parce qu’elle est unique, elle crée ainsi une unité à travers les peuples, à travers les diverses cultures, à travers les divers peuples ».

Force unificatrice de la vérité
« On voit déjà à cette époque – nous sommes en l’an 200 -, l’universalité de l’Eglise, sa catholicité et la force unificatrice de la vérité, qui unit ces réalités si différentes, de la Germanie à l’Espagne, à l’Italie, à l’Egypte, à la Libye, dans la vérité commune qui nous a été révélée par le Christ », commentait le pape.

Dans l’Esprit Saint
En troisième lieu, faisait-il observer, il ne s’agit pas « d’une transmission confiée à l’habileté d’hommes plus ou moins savants, mais à l’Esprit de Dieu, qui garantit la fidélité de la transmission de la foi ».

Une tradition ininterrompue, mais pas un « traditionalisme »
« Comme on le voit, a conclu Benoît XVI, saint Irénée ne se limite pas à définir le concept de Tradition. Sa tradition, la tradition ininterrompue, n’est pas traditionalisme, car cette Tradition est toujours intérieurement vivifiée par l’Esprit Saint, qui la fait à nouveau vivre, qui la fait être interprétée et comprise dans la vitalité de l’Eglise. Selon son enseignement, la foi de l’Eglise doit être transmise de manière à apparaître telle qu’elle doit être, c’est-à-dire ‘publique’, ‘unique’, ‘pneumatique’, ‘spirituelle’ ».

L’objet et les limites du dialogue sur les valeurs
Benoît XVI proposait cette actualisation de l’enseignement de saint Irénée : « A partir de chacune de ces caractéristiques, on peut conduire un discernement fructueux à propos de l’authentique transmission de la foi dans l’aujourd’hui de l’Eglise. De manière plus générale, dans la doctrine d’Irénée, la dignité de l’homme, corps et âme, est solidement an
crée dans la création divine, dans l’image du Christ et dans l’œuvre permanente de sanctification de l’Esprit. Cette doctrine est comme une ‘voie maîtresse’ pour mettre en lumière avec toutes les personnes de bonne volonté l’objet et les limites du dialogue sur les valeurs, et pour donner un élan toujours nouveau à l’action missionnaire de l’Eglise, à la force de la vérité qui est la source de toutes les véritables valeurs du monde ».

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ZENIT Staff

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