Benoît XVI ordonne six nouveaux évêques (29 septembre)

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Texte intégral de l’homélie du pape

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ROME, Lundi 1er octobre 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de l’homélie que le pape Benoît XVI a prononcée samedi 29 septembre, au cours de la concélébration solennelle lors de laquelle il a conféré l’ordination épiscopale à six nouveaux évêques, dans la basilique Saint-Pierre. Le 29 septembre, l’Eglise fête les saints archanges Michel, Gabriel et Raphaël. Dans son homélie le pape rappelle la spécificité des trois archanges et le rôle de l’évêque, qui doit être lui aussi « un ange » pour les autres.

Chers frères et sœurs,

Nous sommes rassemblés autour de l’autel du Seigneur en une circonstance à la fois solennelle et heureuse : l’ordination épiscopale de six nouveaux évêques, appelés à exercer différentes tâches au service de l’unique Eglise du Christ. Il s’agit de Mgr Mieckzyslaw Mokrzycki, Mgr Francesco Brugnaro, Mgr Gianfranco Ravasi, Mgr Tommaso Caputo, Mgr Sergio Pagano, Mgr Vincenzo Di Mauro. J’adresse à tous mon salut cordial avec un baiser fraternel. Un salut particulier va à Mgr Mokrzycki qui, avec l’actuel cardinal Stanislaw Dziwisz, a servi pendant de nombreuses années le Saint-Père Jean-Paul II comme secrétaire, et qui ensuite, après mon élection comme successeur de Pierre, a également été mon secrétaire avec une grande humilité, compétence et dévouement. Avec lui, je salue l’ami du pape Jean-Paul II, le cardinal Marian Jaworski, à qui Mgr Mokrzycki apportera son aide en tant que coadjuteur. Je salue en outre les évêques latins de l’Ukraine, qui sont ici à Rome pour leur visite ad limina Apostolorum. Ma pensée va également aux évêques grecs-catholiques, dont j’ai rencontré certains lundi dernier, et à l’Eglise orthodoxe d’Ukraine. Que le Ciel bénisse leurs efforts pour garder vivante dans leur pays la force de l’Evangile du Christ, qui guérit et qui réconforte, et pour la transmettre aux générations futures.

Nous célébrons cette ordination épiscopale en la fête des trois archanges qui sont mentionnés par leur nom dans l’Ecriture : Michel, Gabriel et Raphaël. Cela nous rappelle que dans l’Eglise antique – déjà dans l’Apocalypse – les évêques étaient qualifiés d’« anges » de leur Eglise, exprimant de cette façon un lien intime entre le ministère de l’évêque et la mission de l’ange. A partir de la tâche de l’ange, on peut comprendre le service de l’évêque. Mais qu’est-ce qu’un ange ? L’Ecriture Sainte et la tradition de l’Eglise nous laissent entrevoir deux aspects. D’une part, l’ange est une créature qui se trouve devant Dieu, orientée de tout son être vers Dieu. Les trois noms des archanges finissent par le mot « El », qui signifie Dieu. Dieu est inscrit dans leurs noms, dans leur nature. Leur véritable nature est l’existence en vue de Lui et pour Lui. C’est précisément ainsi que s’explique également le deuxième aspect qui caractérise les anges : ils sont les messagers de Dieu. Ils apportent Dieu aux hommes, ils ouvrent le ciel et ouvrent ainsi la terre. C’est précisément parce qu’ils sont auprès de Dieu, qu’ils peuvent être également très près de l’homme. En effet, Dieu est plus intime à chacun de nous que nous ne le sommes à nous-mêmes. Les anges parlent à l’homme de ce qui constitue son être véritable, de ce qui dans sa vie est si souvent couvert et enseveli. Ils l’appellent à rentrer en lui-même, en le touchant de la part de Dieu. Dans ce sens également, nous qui sommes des êtres humains devrions toujours à nouveau devenir des anges les uns pour les autres – des anges qui nous détournent des voies mauvaises et qui nous orientent toujours à nouveau vers Dieu. Si l’Eglise antique appelle les évêques « anges » de leur Eglise, elle entend dire précisément cela : les évêques eux-mêmes doivent être des hommes de Dieu, ils doivent vivrent orientés vers Dieu. « Multum orat pro populo », « Prie beaucoup pour le peuple », dit le Bréviaire de l’Eglise à propos des saints évêques. L’évêque doit être un orant, quelqu’un qui intercède pour les hommes auprès de Dieu. Plus il le fait, plus il comprend également les personnes qui lui sont confiées et il peut devenir un ange pour eux, un messager de Dieu, qui les aide à trouver leur véritable nature, elles-mêmes, et à vivre l’idée que Dieu a d’elles.

Tout cela devient encore plus clair si nous regardons à présent les figures des trois archanges dont l’Eglise célèbre la fête aujourd’hui. Il y a tout d’abord Michel. Nous le rencontrons dans l’Ecriture Sainte, en particulier dans le Livre de Daniel, dans la Lettre de l’Apôtre saint Jude Thaddée et dans l’Apocalypse. Dans ces textes, on souligne deux fonctions de cet archange. Il défend la cause de l’unicité de Dieu contre la présomption du dragon, du « serpent antique », comme le dit Jean. C’est la tentative incessante du serpent de faire croire aux hommes que Dieu doit disparaître, afin qu’ils puissent devenir grands ; que Dieu fait obstacle à notre liberté et que nous devons donc nous débarrasser de Lui. Mais le dragon n’accuse pas seulement Dieu. L’Apocalypse l’appelle également « l’accusateur de nos frères, lui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu » (12, 10). Celui qui met Dieu de côté, ne rend pas l’homme plus grand, mais lui ôte sa dignité. L’homme devient alors un produit mal réussi de l’évolution. Celui qui accuse Dieu, accuse également l’homme. La foi en Dieu défend l’homme dans toutes ses faiblesses et ses manquements : la splendeur de Dieu resplendit sur chaque individu. La tâche de l’évêque, en tant qu’homme de Dieu, est de faire place à Dieu dans le monde contre les négations et de défendre ainsi la grandeur de l’homme. Et que pourrait-on dire et penser de plus grand sur l’homme que le fait que Dieu lui-même s’est fait homme ? L’autre fonction de Michel, selon l’Ecriture, est celle de protecteur du Peuple de Dieu (cf. Dn 10, 21; 12, 1). Chers amis, vous êtes vraiment les « anges gardiens » des Eglises qui vous seront confiées ! Aidez le Peuple de Dieu, que vous devez précéder dans son pèlerinage, à trouver la joie dans la foi et à apprendre le discernement des esprits : à accueillir le bien et à refuser le mal, à rester et à devenir toujours plus, en vertu de l’espérance de la foi, des personnes qui aiment en communion avec le Dieu-Amour.

Nous rencontrons l’archange Gabriel, en particulier dans le précieux récit de l’annonce à Marie de l’incarnation de Dieu, comme nous le rapporte saint Luc (1, 26-39). Gabriel est le messager de l’incarnation de Dieu. Il frappe à la porte de Marie et, par son intermédiaire, Dieu demande à Marie son « oui » à la proposition de devenir la Mère du Rédempteur : de donner sa chair humaine au Verbe éternel de Dieu, au Fils de Dieu. Le Seigneur frappe à plusieurs reprises à la porte du cœur humain. Dans l’Apocalypse, il dit à l’« ange » de l’Eglise de Laodicée et, à travers lui, aux hommes de tous les temps : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (3, 20). Le Seigneur se trouve à la porte, à la porte du monde et à la porte de chaque cœur en particulier. Il frappe pour qu’on le laisse entrer : l’incarnation de Dieu, son devenir chair doit continuer jusqu’à la fin des temps. Tous doivent être réunis dans le Christ en un seul corps : c’est ce que nous disent les grands hymnes sur le Christ dans la Lettre aux Ephésiens et dans la Lettre aux Colossiens. Le Christ frappe. Aujourd’hui aussi, Il a besoin de personnes qui, pour ainsi dire, mettent à sa disposition leur propre chair, qui lui donnent la matière du monde et de leur vie, servant ainsi à l’unification entre Dieu et le monde, à la réconciliation de l’univers. Chers amis, votre tâche est de frapper au nom du Christ aux cœurs des hommes. En entrant vous-mêmes en union avec le Christ, vous pourrez également assumer la fonction de Ga
briel : apporter l’appel du Christ aux hommes.

Saint Raphaël nous est présenté, en particulier dans le livre de Tobie, comme l’ange auquel est confiée la tâche de guérir. Lorsque Jésus envoie ses disciples en mission, la tâche de l’annonce de l’Evangile s’accompagne également toujours de celle de guérir. Le Bon Samaritain, en accueillant et en guérissant la personne blessée qui gît au bord de la route, devient sans paroles un témoin de l’amour de Dieu. Cet homme blessé, qui a besoin d’être guéri, c’est chacun de tous. Annoncer l’Evangile signifie déjà en soi guérir, car l’homme a surtout besoin de la vérité et de l’amour. Dans le Livre de Tobie, on rapporte deux tâches emblématiques de guérison de l’archange Raphaël. Il guérit la communion perturbée entre l’homme et la femme. Il guérit leur amour. Il chasse les démons qui, toujours à nouveau, déchirent et détruisent leur amour. Il purifie l’atmosphère entre les deux et leur donne la capacité de s’accueillir mutuellement pour toujours. Dans le récit de Tobie, cette guérison est rapportée à travers des images légendaires. Dans le Nouveau Testament, l’ordre du mariage, établi dans la création et menacé de multiples manières par le péché, est guéri par le fait que le Christ l’accueille dans son amour rédempteur. Il fait du mariage un sacrement : son amour, qui est monté pour nous sur la croix, est la force qui guérit et qui, au sein de toutes les confusions, donne la capacité de la réconciliation, purifie l’atmosphère et guérit les blessures. La tâche de conduire les hommes toujours à nouveau vers la force réconciliatrice de l’amour du Christ est confiée au prêtre. Il doit être « l’ange » qui guérit et qui les aide à ancrer leur amour dans le sacrement et à le vivre avec un engagement toujours renouvelé à partir de ce sacrement. En deuxième lieu, le Livre de Tobie parle de la guérison des yeux aveugles. Nous savons tous combien nous sommes aujourd’hui menacés par la cécité à l’égard de Dieu. Comme le danger est grand que, face à tout ce que nous savons sur les choses matérielles et que nous sommes en mesure de faire avec elles, nous devenions aveugles face à la lumière de Dieu ! Guérir cette cécité à travers le message de la foi et le témoignage de l’amour, est le service de Raphaël confié jour après jour au prêtre et, de manière particulière, à l’évêque. Ainsi, nous sommes spontanément portés à penser également au sacrement de la réconciliation, au sacrement de la pénitence qui, au sens le plus profond du terme, est un sacrement de guérison. En effet, la véritable blessure de l’âme, le motif de toutes nos autres blessures, est le péché. Et ce n’est que s’il existe un pardon en vertu de la puissance de Dieu, en vertu de la puissance de l’amour du Christ, que nous pouvons être guéris, que nous pouvons être rachetés.

« Demeurez en mon amour », nous dit aujourd’hui le Seigneur dans l’Evangile (Jn 15, 9). A l’heure de l’ordination épiscopale, il vous le dit à vous de manière particulière, chers amis ! Demeurez dans cette amitié avec Lui, pleine de l’amour qu’en cette heure, Il vous donne à nouveau ! Alors, votre vie portera du fruit, un fruit qui demeure (Jn 15, 16). Chers frères, afin que cela vous soit donné, prions tous pour vous en cette heure. Amen.

© Copyright de l’original en italien : Librairie Editrice Vaticane
Traduction réalisée par Zenit

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ZENIT Staff

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