Benoît XVI, le pape de Vatican II

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La tunique sans couture du pontificat

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Anita Bourdin

ROME, jeudi 19 avril 2012 (ZENIT.org) – Elu par le collège des cardinaux du monde entier le 19 avril 2005, le pape Benoît XVI a mentionné immédiatement le 40e anniversaire de la clôture de Vatican II. Et il se prépare maintenant à faire entrer l’Eglise catholique dans l’Année de la foi avec la « boussole » du concile, en fêtant le 50e anniversaire de son ouverture, le 11 octobre prochain. On constate une cohérence, une unité, qui trouve peut-être sa meilleure image dans la Sainte Tunique de Trèves, une unité soufferte, comme cette précieuse relique qui renvoie à la Passion du Christ, raillé par les soldats, qui pourtant respectent l’intégrité de son vêtement. Un Christ Roi dont la fête conclura l’Année de la foi, le 24 novembre 2013.

Ainsi, l’anniversaire de l’élection n’est pas tant le moment d’un bilan mais le moment de se projeter dans l’avenir, que le pape ouvre à l’Eglise et au monde avec ses prochains rendez-vous, des plus significatifs.

Son agenda comprend pour le moment la Rencontre mondiale des familles – une des priorités du pontificat – fin mai, à Milan ; au mois de septembre le voyage au Liban, pour conclure le synode pour le Moyen-Orient – qu’il ne cesse d’appeler au dialogue et à la paix, à allier foi et raison – ; puis en octobre, à Rome, le synode pour la nouvelle évangélisation – pour que le Christ soit annoncé au monde entier – , avec le lancement de l’Année de la foi, à l’occasion du 50e anniversaire de Vatican II.

Une boussole pour le IIIe millénaire

Ce que disait le pape au début de son pontificat apporte une lumière sur cet agenda? Certes. En s’adressant aux cardinaux réunis autour de lui en la Chapelle Sixtine, le 20 avril 2005, il s’est inscrit dans la continuité du pontificat de Jean-Paul II qui a donné le concile pour boussole de l’Eglise du IIIe millénaire. Il disait cette continuité avec son prédécesseur : « Lors du grand Jubilé, [l’Eglise] s’est avancée dans le nouveau millénaire en portant dans ses mains l’Evangile, appliqué au monde actuel à travers l’interprétation faisant autorité du Concile Vatican II. Le Pape Jean-Paul II a indiqué à juste titre le Concile comme la « boussole » qui permet de s’orienter dans le vaste océan du troisième millénaire (cf. Lettr. ap. Novo millennio ineunte, nn. 57-58). Dans son Testament spirituel, il notait également:  « Je suis convaincu qu’il sera encore donné aux nouvelles générations de puiser pendant longtemps aux richesses que ce Concile du XX siècle nous a offertes » (17.III.2000) ».

Il s’agit d’une « mise en œuvre » du Concile dans la pastorale de l’Eglise dans la continuité avec les « siècles de tradition » : « Je veux affirmer avec force la ferme volonté de poursuivre l’engagement de mise en oeuvre du Concile Vatican II, dans le sillage de mes Prédécesseurs et en fidèle continuité avec la tradition bimillénaire de l’Eglise. C’est précisément cette année le 40e  anniversaire de la conclusion de l’Assemblée conciliaire (8 décembre 1965). Au fil des ans, les Documents conciliaires n’ont pas perdu leur actualité; leurs enseignements se révèlent même particulièrement  pertinents au regard des nouvelles exigences de l’Eglise et de la société actuelle mondialisée ».

La continuité, le dynamisme et la réforme

Dans son fameux discours à la curie romaine pour les vœux de Noël, le 22 décembre 2005, Benoît XVI a dit opter pour une « herméneutique de la réforme » et non de la rupture, ou d’opposition. L’interprétation des nouveautés enseignées par le Concile Vatican II doit repousser « l’herméneutique de la discontinuité » par rapport à la Tradition, tandis qu’elle doit affirmer « l’herméneutique de la réforme ». Il définit cette « herméneutique de la réforme », comme une interprétation « du renouveau dans la continuité de l’unique sujet-Eglise, que le Seigneur nous a donné; c’est un sujet qui grandit dans le temps et qui se développe, restant cependant toujours le même, l’unique sujet du Peuple de Dieu en marche. L’herméneutique de la discontinuité risque de finir par une rupture entre Eglise préconciliaire et Eglise post-conciliaire ». 

Le pape cite les paraboles évangéliques du « serviteur fidèle » pour affirmer l’importance du « dynamisme de la fidélité » dans « le service rendu au Seigneur » et que « dans un Concile, le dynamisme et la fidélité doivent devenir une seule chose ».

Continuité, refus de la déchirure, charisme de l’unité – de l’Eglise, des chrétiens, du genre humain – autant de principes qui semblent symbolisés par la Sainte Tunique de Trèves qui est exposée pour la première fois depuis 500 ans et auprès de laquelle Benoît XVI vient d’avouer qu’il faisait un pèlerinage spirituel.

La grande persécution du péché

Dans son message écrit sous le signe de la Croix, le Vendredi Saint, et lu vendredi dernier à Trèves, le pape fait observer : « A cause de notre égoïsme, de nos faiblesses et de nos erreurs, l’intégrité du Corps du Christ est blessée ». En route pour Fatima, dans l’avion, le 12 mai 2010, il avait souligné que « la plus grande persécution contre l’Eglise ne vient pas d’ennemis extérieurs mais naît du péché de l’Eglise ».

Dans son message pour l’ostension de Trèves, il indique le remède : « On a besoin d’une disposition permanente à la conversion et à l’humilité pour suivre le Seigneur, avec amour et vérité ».

Un message qui rappelle un autre anniversaire : celui du 24 avril 2005, de l’inauguration du pontificat. Le pape commentait l’Evangile en rappelant la prière du Christ pour l’unité de ses disciples : « De l’image du pasteur et de celle du pêcheur émerge de manière très explicite l’appel à l’unité. «J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie; celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix: il y aura un seul troupeau et un seul pasteur» (Jn 10,16), dit Jésus à la fin du discours du Bon Pasteur. Le récit des 153 gros poissons se conclut avec la constatation joyeuse: «Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré» (Jn 21,11). Hélas, Seigneur bien-aimé, aujourd’hui le filet s’est déchiré, aurions-nous envie de dire avec tristesse! Mais non – nous ne devons pas être tristes! Réjouissons-nous de ta promesse, qui ne déçoit pas, et faisons tout ce qui est possible pour parcourir la route vers l’unité que tu as promise. Faisons mémoire d’elle comme des mendiants dans notre prière au Seigneur: oui Seigneur, souviens-toi de ce que tu as promis. Fais que nous ne soyons qu’un seul Pasteur et qu’un seul troupeau! Ne permets pas que ton filet se déchire et aide-nous à être des serviteurs de l’unité! »

Unité de la foi, unité de l’Eglise, dans la prière

Or, l’unité de l’Eglise implique l’unité de la foi : cette aspiration à l’unité sera aussi un des axes porteurs de l’Année de la foi.

Enfin, le pape n’a pas cessé, en sept ans, de se confier à la prière du peuple de Dieu. Il l’a fait dès son élection, il l’a redit dimanche 15 avril lors de la prière mariale du « Regina Coeli », et au terme de l’audience du mercredi qui a attiré quelque 20.000 personnes, place Saint-Pierre : « Je vous demande de me soutenir toujours par vos prières afin qu’avec l’aide du Saint-Esprit, je pui
sse persévérer dans mon service du Christ et de l’Eglise ». 

Or c’est dans la prière d’abord que se construit l’unité, comme le pape l’a dit dans sa catéchèse de ce même mercredi, 18 avril: « Face aux persécutions subies à cause de Jésus, la communauté non seulement ne s’effraie pas ni ne se divise, mais elle est profondément unie dans la prière, comme s’il s’agissait d’une seule personne, pour invoquer le Seigneur. Je dirais que ceci est le premier prodige qui se réalise quand les croyants sont mis à l’épreuve à cause de leur foi : leur unité se consolide, au lieu d’être compromise, parce qu’elle est soutenue par une prière inébranlable ».

Il en tire cette conséquence pour aujourd’hui : « L’Eglise ne doit pas craindre les persécutions, qu’elle subit forcément au cours de son histoire, mais, comme Jésus à Gethsémani, elle doit garder confiance en la présence, l’aide et la force de Dieu, invoqué dans la prière. »

L’Année de la foi devra aussi être l’année de la prière, une prière qui est union profonde au Christ et à laquelle ses catéchèses du mercredi appellent depuis des mois au point de constituer chaque semaine une véritable école de prière, mondiale, et pour tous: combien de fois, le pape n’a-t-il pas invité les jeunes à cultiver « l’amitié » avec Jésus ? Une « amitié », une union au Christ qui est le socle de son existence et qui confère à Benoît XVI cette cohérence et cette sérénité que lui reconnaissent ses proches, et assurent l’unité du pontificat, à l’image de la Sainte Tunique, sans couture.

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ZENIT Staff

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