Benoît XVI et les prêtres : Marie, la Parole, le don réciproque (7-8)

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Rencontre avec le clergé de Rome (Jeudi 26 février)

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ROME, Mardi 10 mars 2009 (ZENIT.org) – Le 26 février, le pape Benoît XVI a rencontré les curés et les prêtres du diocèse de Rome, comme il le fait chaque année en début de carême. Les prêtres ont posé huit questions, sur différents thèmes, au pape.

Nous publions ci-dessous une synthèse des deux dernières questions, et les réponses de Benoît XVI.

 

Question 7

  

Le P. Guillermo M. Cassone, de la communauté de Schönstatt, s’est interrogé sur « comment améliorer le rapport entre la Parole de Dieu et la piété mariale, tant dans la vie spirituelle sacerdotale que dans l’action pastorale ». Il a demandé au pape de fournir des éclaircissements à travers son enseignement sur ce thème.

Benoît XVI – Il me semble que vous avez également apporté la réponse à votre question. En réalité, Marie est la femme de l’écoute : nous le voyons dans la rencontre avec l’Ange et nous le revoyons dans toutes les scènes de sa vie, des noces de Cana jusqu’au jour de la Pentecôte, lorsqu’elle se tient au milieu des apôtres précisément pour accueillir l’Esprit. C’est le symbole de l’ouverture, de l’Eglise qui attend la venue de l’Esprit Saint.

Au moment de l’annonce, nous pouvons déjà entrevoir l’attitude d’écoute – une écoute réelle, une écoute à intérioriser, qui ne dit pas simplement oui, mais qui assimile la Parole, prend la Parole – à laquelle suit la véritable obéissance, comme s’il s’agissait d’une Parole intériorisée, c’est-à-dire devenue Parole en nous et pour nous, presque comme une forme de notre vie. Cela me semble très beau : voir cette écoute active, c’est-à-dire une écoute qui attire la Parole de façon à ce qu’elle entre et devienne en nous Parole, la reflétant et l’acceptant au plus profond du cœur. Ainsi, la Parole devient incarnation.

Nous le voyons également dans le Magnificat. Nous savons qu’il s’agit d’un tissu composé de paroles de l’Ancien Testament. Nous voyons que Marie est réellement une femme d’écoute, qui connaissait dans son cœur l’Ecriture. Elle ne connaissait pas seulement certains textes, mais elle s’était tellement identifiée à la Parole que les paroles de l’Ancien Testament devenaient, synthétisées, comme un chant dans son cœur et sur ses lèvres. Nous voyons que sa vie était réellement pénétrée par la Parole, elle était entrée dans la Parole, l’avait assimilée et était devenue vie en elle, se transformant ensuite à nouveau en Parole de louange et d’annonce de la grandeur de Dieu.

Il me semble que saint Luc, se référant à Marie, dit au moins trois fois, peut-être quatre, qu’elle a assimilé et conservé les paroles dans son cœur. C’était, pour les Pères, le modèle de l’Eglise, le modèle du croyant qui conserve la Parole, porte en lui la Parole ; non seulement il la lit, mais il l’interprète avec son esprit pour savoir ce qu’elle a été à cette époque, quelles sont les questions philologiques. Tout cela est intéressant, important, mais il est plus important d’écouter la Parole qui doit être conservée et qui devient Parole en nous, vie en nous et présence du Seigneur. C’est pourquoi le lien entre mariologie et théologie de la Parole, dont ont également parlé les pères synodaux, et dont nous parlerons dans notre document post-synodal, me semble important.

Cela est évident : la Vierge est la parole de l’écoute, la parole silencieuse, mais également parole de louange, de l’annonce, parce que la Parole dans l’écoute devient à nouveau chair et devient ainsi présence de la grandeur de Dieu.

Question 8

  

Le père Pietro Riggi, salésien a déclaré : « Le Concile Vatican II a apporté beaucoup de changements très importants dans l’Eglise, mais il n’a pas aboli ce qui existait déjà. Il me semble que plusieurs prêtres ou théologiens voudraient faire passer comme l’esprit du Concile ce qui au contraire n’a rien à voir avec le Concile lui-même. Par exemple, les indulgences. Il existe le Manuel des indulgences de la Pénitencerie apostolique; à travers les indulgences, on puise au trésor de l’Eglise et on peut prier pour les âmes du Purgatoire. Il existe un calendrier liturgique qui précise quand et comment il est possible d’obtenir les indulgences plénières, mais de nombreux prêtres n’en parlent plus, empêchant ainsi de faire arriver des prières importantes aux âmes du Purgatoire. Ensuite, les bénédictions. Il existe le Manuel des Bénédictions, dans lequel est prévue la bénédiction de personnes, de lieux, d’objets et même de nourriture. Mais de nombreux prêtres ne connaissent pas tout cela, et d’autres les considèrent comme pré-conciliaires, et renvoient ainsi les fidèles qui demandent ce qui devrait leur revenir de droit.

Les pratiques de piété les plus connues. Les premiers vendredis du mois n’ont pas été abolis par le Concile Vatican II, mais de nombreux prêtres n’en parlent plus, ou encore en parlent mal. Aujourd’hui, il existe un sentiment d’aversion à l’égard de tout cela, car on les considère comme antiques et nuisibles, comme des choses anciennes et préconciliaires; je pense au contraire que toutes ces prières et pratiques chrétiennes sont très actuelles et très importantes, qu’elles doivent être reprises et expliquées de façon adéquate au Peuple de Dieu, dans un juste équilibre et dans la vérité complète de Vatican II ».

Benoît XVI – Il s’agit de réalités dont le Concile n’a pas parlé, mais qu’il suppose être des réalités de l’Eglise. Celles-ci vivent dans l’Eglise et se développent. Ce n’est pas le moment ici d’entrer dans le vaste thème des indulgences. Paul VI a réformé ce thème et nous a indiqué le fil pour le comprendre. Je dirais qu’il s’agit simplement d’un échange de dons, c’est-à-dire de ce qu’il existe de bon dans l’Eglise, ce qui existe pour tous. Avec cette clé de l’indulgence, nous pouvons entrer dans cette communion des biens de l’Eglise. Les protestants s’opposent en affirmant que l’unique trésor est le Christ. Mais pour moi, ce qu’il y a de merveilleux, c’est que le Christ – qui est réellement plus que suffisant dans son amour infini, dans sa divinité et dans son humanité – voulait ajouter, à ce qu’il a fait, également notre pauvreté.  Il ne nous considère pas uniquement comme des objets de sa miséricorde, mais il fait de nous des sujets de sa miséricorde et de son amour pour Lui, comme si –  même si ce n’est pas de façon quantitative, mais au moins de façon mystérieuse – il voulait nous ajouter au grand trésor du corps du Christ. Il voulait être la Tête avec le corps. Et il voulait qu’avec son corps soit complété le mystère de sa rédemption. Jésus voulait avoir l’Eglise comme son corps, dans lequel se réalise toute la richesse de ce qu’il a fait. De ce mystère résulte précisément qu’il existe un thesaurus ecclesiae, que le corps, comme la tête, donne beaucoup et que nous pouvons recevoir l’un de l’autre et donner l’un à l’autre.

Et cela vaut également pour les autres choses, par exemple, les vendredis du sacré Cœur : il s’agit d’une chose très belle dans l’Eglise. Ce ne sont pas des choses nécessaires, mais qui ont mûri dans la richesse de la méditation du mystère. Ainsi, le Seigneur nous offre ces possibilités dans l’Eglise. Je ne pense pas que ce soit ici le lieu d’entrer dans tous les détails. Chacun peut plus ou moins comprendre ce qui est important ou non ; mais personne ne devrait mépriser cette richesse, développée au fil des siècles comme un don et comme une multiplication des lumières dans l’Eglise. La lumière du Christ est unique. Elle apparaît dans toutes ses tonalités et offre la connaissance et la richesse de son don, l’interaction entre la tête et le corps, l’interaction entre les membres, afin que nous puissions être véritablement ensemble un organisme vivant, dans leque
l chacun donne à tous et tous donnent le Seigneur, qui nous a donné son être tout entier.

© Copyright du texte original en italien : Librairie Editrice du Vatican
Traduction : Zenit

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ZENIT Staff

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