Benoît XVI défend l’environnement, face à un « axe du mal »

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L’Osservatore Romano du 30 août

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ROME, Mardi 29 août 2006 (ZENIT.org) – « Briser le lien tragique entre la dégradation de l’environnement et la pauvreté » : sous ce titre, Gaetano Vallini explique, dans L’Osservatore Romano du 30 août, que la conscience qu’a Benoît XVI du lien entre pauvreté et dégradation de l’environnement vient de loin : le pape ne s’est pas « improvisé » écologiste. L’auteur diagnostique dans cette dégradation un véritable « axe du mal ».

L’Osservatore Romano revient en effet sur les paroles du pape à l’angélus à l’occasion de la prochaine Journée de l’environnement qui a lieu dans l’Eglise italienne le 1er septembre.

La survie de millions de personnes
Le diagnostic est fort : « Il y a un ‘axe du mal’ qui représente réellement une menace globale, plus que le terrorisme, plus que les ‘Etats canailles’ qui le soutiennent. C’est un axe vraiment sans frontières qui traverse la planète du Sud au Nord, de l’Est à l’Ouest : c’est le lien toujours plus solide entre pauvreté et dégradation de l’environnement, qui risque de devenir incontrôlable et impossible à arrêter. L’enjeu, ce sont la survie de millions de personnes dans l’immédiat et la survie de la Terre elle-même dans un avenir qui apparaît toujours moins lointain ».

C’est par la « conscience » de ce désastre annoncé que l’auteur explique l’intervention de Benoît XVI après l’angélus de dimanche dernier, en « présentant avec force ce mariage néfaste » : « La dégradation de l’environnement, a dit le pape, rend particulièrement insoutenable l’existence des pauvres de la terre ».

L’Osservatore Romano parle « d’amère constatation » et d’un « acte d’accusation implicite contre les sociétés industrialisées, incapables de styles de vie respectueux de l’environnement comme de ceux qui paient le prix le plus salé de tels choix, ainsi que des gouvernements, surtout des pays riches qui ne « réussissent pas » à insérer dans leurs vraies priorités la sauvegarde du territoire et de ses ressources. La capacité de gérer correctement la nature est désormais quasi nulle et on va hélas vers la radicalisation des problèmes, avec des conséquences désastreuses ».

Un fléau dès aujourd’hui, pour les plus pauvres
« Il ne faut donc pas s’étonner, continue le quotidien du Vatican, si certains experts prévoient que les guerres à venir ne seront plus menées pour le pétrole mais pour l’eau. Ce n’est pas une pure hypothèse, une phrase à effet lancée là pour faire du ‘terrorisme écologique’ ».

Soulignons que le pape avait particulièrement mentionné ce problème de l’eau dans son homélie de la fête du Saint-Sacrement, le jeudi 15 juin, et, déjà, L’Osservatore Romano avait titré, le 18 juin : « La soif tue les fils » d’Afrique.

« Comme symbole des ressources naturelles en danger, l’eau représente bien l’horizon qui se présente à l’humanité si on ne change pas de route. Crise hydrique, abus des biens naturels, déforestation, pollution, réduction de la biodiversité mettent une sérieuse hypothèque sur l’existence des générations à venir, mais ils sont dès maintenant une réalité dévastatrice pour les pauvres du monde. Pour ces derniers, la dégradation de l’environnement est un facteur critique, qui rend insoutenable des conditions de vie déjà trop fragiles ».

Et de préciser : « Dans de nombreuses régions du monde (dont les richesses sont pillées souvent sans retour pour les misérables populations locales) la pauvreté et la dégradation sont liés dans une sorte de spirale vers le bas : les pauvres se trouvent contraints à épuiser le peu de ressources pour survivre, la dégradation de l’environnement qui s’ensuit, à son tour, les appauvrissent encore plus. Du reste les pauvres ne sont pas seulement ceux que le progrès laisse derrière, mais surtout les exclus de l’accès aux ressources parce qu’on leur a enlevé, ou que l’on a détruit la richesse qui crée la capacité de production. La préoccupation pour la sauvegarde de la création est donc liée à une exigence de justice dans la (re)distribution des biens naturels et des richesses qui en découlent ».

Reprenant la comparaison avec le fléau du terrorisme, l’auteur ajoute : « En un temps de lutte contre le terrorisme et de conflits locaux qui risquent d’enflammer des régions entières du globe, la conscience qu’un monde plus juste et durable est un monde plus sûr ne devrait pas passer au second plan ».

Un appel de Jean-Paul II
L’Osservatore cite à ce sujet le Message de Jean-Paul II pour la Journée mondiale de la Paix (le 1er janvier) 1990 dans lequel le pape Wojtyla appelle à redécouvrir la relation entre la paix avec le Dieu créateur et la création, en assumant notre responsabilité vis-à-vis des générations à venir, et en invitant, 11 ans après, les croyants, à une sorte de ‘conversion écologique’ face à la menace d’une destruction menaçante ».

C’est dans cette ligne que l’auteur interprète l’appel de Benoît XVI dimanche dernier, avec cet accent œcuménique : « En dialogue avec les chrétiens des différentes confessions il faut s’engager à prendre soin de la création, sans en dilapider les ressources et en les partageant de façon solidaire ».

Et il fait observer que ce thème est « cher » au pape Ratzinger qui l’a abordé lors de la veillée de Pentecôte 2006 en présentant la terre comme le « jardin de Dieu ».

En effet, le pape demandait aux catholiques de protéger toute la création de « l’exploitation égoïste » en disant : « Qui, en tant que chrétien, croit dans l’Esprit Créateur, prend conscience du fait que nous ne pouvons pas user et abuser du monde et de la matière comme d’un simple matériel de notre ‘faire’ ou de notre ‘vouloir’ ; que nous devons considérer la création comme un don qui nous a été confié non pour la destruction, mais pour qu’elle devienne le ‘jardin de Dieu’ et ainsi un ‘jardin de l’homme’ ».

L’Osservatore Romano en italien cite également la lettre adressée en juillet dernier par Benoît XVI au patriarche œcuménique Bartholomaios Ier, dans laquelle le pape soulignait les « profondes et graves répercussions » de la détérioration de l’environnement sur les populations, répétant l’importance d’une « action conjointe de la part des chrétiens de toute confession pour montrer le lien intrinsèque entre le développement, les besoins et la sauvegarde de la création ».

Le pape allait jusqu’à demander une catéchèse sur ce sujet en disant : « La tâche de mettre l’accent sur une catéchèse opportune sur la création, pour rappeler le sens et la signification religieuse de sa sauvegarde est intimement liée à notre devoir de Pasteurs, et peut avoir un impact important sur la perception de la valeur même de la vie et sur la solution adéquate des problèmes sociaux qui s’ensuivent ».

Benoît XVI n’est pas un écologiste « improvisé »
Le pape n’est donc pas devenu « écologiste » à l’improviste, conclut le quotidien de la Cité du Vatican, répondant au titre d’un quotidien italien, mais il a parlé en « pasteur conscient que parmi les devoirs de son ministère il y a aussi celui de rappeler les croyants au devoir de sauvegarder la création, don de Dieu ».

Mais, continue l’auteur, cet appel ne devrait pas concerner seulement les croyants : il dépasse les « frontières de la religion », et devrait devenir un appel à « l’humanité tout entière », afin qu’elle « prenne conscience que notre planète court un danger sérieux ».

L’auteur rappelle la destination universelle des biens et l’enseignement social de l’Eglise en dénonçant les intérêts qui ont empêché des mesures décisives: « La Terre n’est pas un puits sans fin, e
t ce puits n’a pas été donné au profit d’un petit nombre, mais pour le bien de tous. C’est pourquoi l’appel à la justice et à la solidarité est d’autant plus actuel et urgent, ainsi que l’appel à faire quelque chose de concret pour arrêter la dégradation de l’environnement et briser son lien tragique avec la pauvreté. Jusqu’ici des intérêts économiques et politiques ont fait misérablement échouer les différents sommets internationaux dans le domaine de l’environnement (…). Et pendant ce temps, la Terre se dirige vers une mort inexorable si l’on n’intervient pas efficacement, et en attendant, des milliers de personnes meurent déjà chaque jour ».

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ZENIT Staff

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