Belgique : Représentation orthodoxe russe à l’EU, visite de la reine Paola

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Radiographie d’une Eglise par l’évêque Hilarion

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CITE DU VATICAN, Lundi 20 Janvier 2003 (ZENIT.org) – La reine des Belges, Paola, s’est rendue le 19 janvier en visite à la Représentation de l’Eglise orthodoxe russe près les Institutions européennes, à Bruxelles, indique une édition spéciale du bulletin “Europaica” (cf. Le site de la Représentation de l’Eglise orthodoxe russe près les Institutions européennes: www.orthodoxeurope.org. Cette visite est en effet une première. Elle a été l’occasion pour l’évêque Hilarion de faire une “radiographie” de l’Eglise orthodoxe russe et de remercier la Belgique pour l’accueil réservé aux exilés russes.

La reine, d’origine italienne est catholique, et l’Eglise catholique tient une place spéciale dans la constitution du Royaume de Belgique. Au cours de son discours, l’évêque Hilarion a salué les représentants catholiques présents à cette inauguration, dont le prieur du monastère bénédictin de Chevetogne et des représentants de la communauté de Sant’Egidio (www.santegidio.org).

Le 19 janvier 2002, pour la fête de la Théophanie, la reine Paola a en effet assisté à la célébration de la Grande Bénédiction de l’eau, accomplie dans la nouvelle église de la Très-Sainte Trinité.

Etaient également présents les ambassadeurs et représentants de la Fédération de Russie, de la République d’Ukraine, de Biélorussie, de Moldavie.

La reine Paola a été accueillie à l’entrée de l’église par l’évêque Hilarion de Podolsk, représentant de l’Eglise orthodoxe russe près les Institutions européennes. L’évêque Hilarion a ensuite présidé la célébration et a adressé un important discours de bienvenue à la reine.

“Pour la première fois dans l’histoire de l’orthodoxie russe en Belgique, disait l’évêque, Sa Majesté la reine visite une paroisse du Patriarcat de Moscou. Cette visite a été rendue possible par la création à Bruxelles de la Représentation de l’Eglise russe, qui ouvre une nouvelle page non seulement dans l’histoire de l’orthodoxie russe en Belgique, mais également dans celle de toute l’Europe. La Représentation désire que notre Eglise, si mystérieuse et si lointaine aux yeux de beaucoup d’Européens, leur devienne plus proche et plus accessible. Nous sommes heureux que Bruxelles, capitale de votre royaume si hospitalier, la capitale du continent, ait été choisi comme le siège de notre Représentation”.

“Votre visite a une grande importance pour nous tous. Conformément à l’antique tradition orthodoxe, votre nom, de même que celui de votre époux, le roi Albert, est mentionné à chaque liturgie dans cette église, rappelait l’évêque. Ce n’est pas seulement notre devoir de chrétien, mais également le désir de notre cœur. Certains de nos paroissiens sont nés et ont vécu en Belgique; pour d’autres, votre pays est devenu une seconde patrie: contraints de quitter leur pays d’origine, ils ont trouvé accueil ici. La communauté orthodoxe russe en est très reconnaissante à la Maison royale, au gouvernement et au peuple de Belgique”.

“L’Eglise orthodoxe russe n’est pas seulement l’Eglise de Russie. Sa juridiction canonique s’étend également aux orthodoxes de Biélorussie, de Moldavie et d’Ukraine. C’est pourquoi les ambassadeurs de ces quatre pays en Belgique et aurpès de l’Union européenne sont aujourd’hui présents parmi nous (…). Il existe des diocèses et des paroisses de l’Eglise russe dans d’autres pays et, notamment, dans ceux de l’Union européenne. De là vient le désir de notre Eglise de devenir un véritable partenaire dans les débats sur la construction de l’Europe. Nous ne sommes pas indifférents au futur visage de la nouvelle Europe et notamment à la place qu’elle réservera à la religion. La présence aujourd’hui parmi nous de Monsieur Michael Weninger, conseiller du Président de la Commission européenne, ainsi que d’autres collaborateurs des Institutions européennes, est la preuve du bon déroulement de ce dialogue”, ajoutait l’évêque Hilarion.

Il rappelait ensuite, en évoquant les 70 ans de persécution communiste: “L’Eglise russe est une Eglise de martyrs. Pendant soixante-dix ans elle a été persécutée par des autorités athées. Ces persécutions commencèrent dès la révolution de 1917. Dans les années 20 et 30, la plus grande partie de l’épiscopat et du clergé, un grand nombre de moines et de laïcs – des dizaines des milliers de personnes – furent fusillés et emprisonnés, tous les monastères et les écoles théologiques furent fermés, la majorité des églises fut détruite ou réorganisée pour d’autres buts. L’Etat s’est donné l’objectif de déraciner définitivement toute conception religieuse parmi les citoyens, et de transformer l’Union Soviétique en un véritable pays athée, dont le dernier pope serait exhibé dans un musée.
“Mais Dieu ne se laisse pas mépriser (Gal. 6, 7), et les projets athées n’ont pas abouti. Malgré des années de persécutions, la foi du peuple ne s’est pas éteinte. Dès que les chaînes de l’athéisme militant sont tombées, les hommes sont revenus à la foi de leurs pères. Dans les années 90 ce retour massif a pris des dimensions sans précédent”.

L’évêque insistait sur le “renouveau” de l’Eglise russe: “Ce que vous voyez ici aujourd’hui, l’iconostase provisoire en contreplaqué, les reproductions des icônes sur papier, tout cela existe dans des centaines d’églises orthodoxes russes aujourd’hui en chantier. Partout l’on observe la renaissance de la vie ecclésiale, la reconstruction des églises, des monastères, des écoles théologiques. Mais le plus important, c’est la renaissance des âmes humaines, mutilées par le régime athée”.

“Nous croyons que le rétablissement de notre Eglise est soutenu par la prière des milliers de martyrs et confesseurs qui ont donné leur vie pour le Christ au cours du XXe siècle. Des églises sont aujourd’hui érigées sur le lieu de leur martyr. J’ai eu l’émotion de célébrer dans une de ces églises du nord de Moscou, construite à l’endroit où furent fusillés de nombreux chrétiens. Il est difficile de mettre des mots sur ce que l’on éprouve en pensant à ces 120 mille innocents exécutés, parmi lesquels se trouvaient des évêques, des prêtres, des moines, des moniales et des laïcs, fusillés pour la seule raison qu’ils appartenaient à l’Eglise et croyaient en Dieu. A cet endroit, en particulier, le métropolite Séraphin avait trouvé la mort, âgé de 82 ans, paralysé et porté au supplice sur son grabat. Les ossements de ces martyrs sont toujours là, sous une petite couche de terre. De telles fosses communes couvrent toute la terre russe”, continuait l’évêque Hilarion.

Il évoquait aussi l’exil: “Les chrétiens orthodoxes qui réussirent à échapper à la mort et à quitter leur patrie, fondèrent des communautés orthodoxes à l’étranger et en particulier dans les pays d’Europe occidentale. Cependant, la première église orthodoxe de Bruxelles fut fondée en 1862: cette chapelle auprès de l’ambassade de Russie a inauguré la présence orthodoxe en Belgique. En 1937, par le décret royal, l’archevêque russe reçut le titre d’archevêque de Bruxelles et de Belgique. Ainsi, l’orthodoxie russe en Belgique a plus de 140 ans”.

L’évêque orthodoxe russe insistait également sur un désir d’unité avec d’autres orthodoxes et saluait les représentants d’autres confessions chrétiennes présents: “Je suis très heureux que nous ayons aujourd’hui parmi nos invités des orthodoxes d’autres paroisses, ainsi que ceux qui ne sont pas en communion avec le Patriarcat de Moscou. La division, apparue dans les années 30, n’a pas
encore été dépassée, mais le processus de rapprochement entre l’Eglise russe et les paroisses qui l’ont quittée il y a quelque temps a débuté, et nous sommes heureux que votre visite puisse y contribuer.
“Je me réjouis de la présence parmi nous de mon cher confrère l’évêque Athanase d’Achaïe, chef du bureau de la Représentation de l’Eglise de Grèce auprès de l’Union européenne. Je salue nos amis de l’Eglise catholique, le chef de la Communauté de Sant’Egidio d’Anvers Madame Hilde Kieboom; le Père Philippe, le supérieur du monastère de Chevetogne, ainsi que les représentants des communautés chrétiennes et organisations ecclésiales auprès de l’Union européenne. Puisse votre visite, Madame, contribuer au rapprochement entre les chrétiens de différentes Eglises”.

L’évêque remerciait la reine Paola en lui remettant une icône du Christ Sauveur peinte par une jeune iconographe de Moscou. “Que cette icône vous rappelle notre église et notre communauté. Et que notre Seigneur Jésus Christ vous garde sur votre chemin, qu’il soutienne et bénisse votre époux, le roi Albert, toute la Maison royale, le gouvernement et le peuple de Belgique”, concluait l’évêque.

Pendant la réception qui a suivi, la reine a rencontré les invités d’honneur et les paroissiens de l’église de la Très-Sainte Trinité.

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ZENIT Staff

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