« Beee-ne-det-to », « les jeunes sont avec toi »

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Réactions à « l’Habemus Papam »

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ROME, Mercredi 20 avril 2005 (ZENIT.org) – « N’aie pas peur, les jeunes sont avec toi », c’est le calicot qui a accueilli l’apparition du nouveau pape Ratzinger, mardi soir, vers 18 h 48, à la loggia des bénédictions.

Les jeunes scandaient déjà en rythme et en applaudissant : « Beee-ne-det-to ». La fanfare des carabiniers saluait le 264e successeur de Pierre.

A 18 h 45 le cardinal camerlingue, Jorge Medina Estevez, avait salué les fidèles depuis la drapée de velours grenat : « Chers frères et sœurs » a-t-il dit en italien, en français, en espagnol, en allemand et en anglais, avant de prononcer en latin le fameux « Habemus Papam » (cf. ZF050419).

Sur la place, des jeunes familles, comme ce couple italo-belge, leur petite fille de deux mois dans le landau, et le grand frère dans les bras de son papa ; des familles françaises comme ces Strasbourgeois, Anne Laure, 23 ans, et ses parents, et Eric, 28 ans, qui ont manqué leur bateau pour Naples et se retrouvent place Saint-Pierre pour cette attente historique de l’annonce du nouveau pape, au moment où l’on hésite encore : la fumée semble blanche mais les cloches tardent à sonner.

On remarque les képis bleu ciel et blanc, et pleins de panache des impeccables Saint-Cyriens, une trentaine. Ils sont arrivés dimanche, et repartent vendredi. La Providence leur avait réservé ce moment. Le sous-lieutenant Christophe Beth, de Paris, chrétien dans l’âme, reçoit la première bénédiction de Benoît XVI recueilli, genou en terre.

Maria tient une boutique de souvenirs non loin de Saint-Pierre, c’était l’heure de la promenade de « Pallino », petit chien au poil dur sans race mais pas sans caractère : la cloche de Saint-Pierre sonnant à toute volée l’a faite accourir avec son compagnon. Ils sont d’ailleurs nombreux à partager l’attente de leurs maîtres, le Beagle italien à côté du Labrador français, Cybèle, couleur sable. A cause de leur pointer, deux jeunes n’ont pas pu se joindre à leurs compagnons qui se sont avancés au plus près sous la loggia.

Yukari, Japonaise de 23 ans, non-croyante, éprouve une « grande joie » qui colore ses joues et illumine son visage d’un doux sourire ; Masato, lui, a 29 ans, son ami italien traduit : il se dit « heureux » de vivre ce « moment historique » ; Flaviano, le traducteur italien, vingt-cinq ans, se réjouit d’assister pour « la première fois » à l’annonce de l’élection d’un pape. Il est heureux que le « siège ne soit plus vacant » : « C’est important, souligne-t-il, pour tous les croyants ».

Sœur Judith, connue comme le génie informatique du Vatican est là aussi, après l’annonce, avec ses sœurs de communauté, et dit sa « joie extatique », dans la certitude que « l’avenir ne va pas perdre le passé », et que celui qu’elle a connu comme cardinal est une « homme merveilleux », et sera un « grand pasteur » : « on ne pouvait pas imaginer mieux », conclut-elle transportée de joie.

Ses sœurs, Franciscaines de l’Eucharistie, dans leur robe marron, affirment à leur tour qu’elles ne pouvaient pas être « plus heureuses » et se réjouissent que « les cardinaux aient choisi le cardinal Ratzinger » : elles envisagent déjà la joie de le rencontrer à l’occasion de leur chapitre général qui, pour la première fois, aura lieu en juillet prochain à Rome.

Un diacre italien en col romain lance, en courant rejoindre ses amis : « J’étudie la théologie, je ne pouvais pas rêver mieux qu’un pape théologien ».

Sr Marana, Libanais de l’Ordre maronite, a participé à la messe de requiem où les Eglises catholiques orientales ont été réunies en la basilique Saint-Pierre, la semaine dernière, pour prier pour Jean-Paul II et avec lui. Elle est « contente » parce qu’elle connaît le cardinal Ratzinger, la sûreté de sa « théologie », de sa « doctrine », et elle est rassurée que ce ne soit pas « une nouvelle personne », inconnue. « L’Esprit Saint parle à travers les cardinaux », insiste la jeune religieuse souriante et posée, en habit et voile noir ourlé de blanc. « On a prié, dit-elle. Et il faut avoir la foi que Dieu, à travers les électeurs et les cardinal élu nous envoie un nouveau message. Il viendra du nouveau à travers lui. Il faudra toujours prier pour lui, pour le soutenir ».

La foule reflue maintenant vers la rue de la Conciliation, et un père dominicain, l’habit de Saint-Dominique drapé dans sa cape noire, ne semble ne pas se résoudre à quitter ce lieu, à se détacher de ces moments. Angelo Urru est consulteur à la congrégation pour les Causes des saints, et il est descendu de l’immeuble voisin après voir entendu les cloches. Il se dit très « satisfait » de cette élection et « certain » que le nouveau pape « continuera l’œuvre de Jean-Paul II ». Il souligne que c’est un « grand théologien », un très proche « collaborateur de Jean-Paul II ». Il aime ce cardinal « souriant » et qui a une « grande expérience pastorale », qui « connaît l’Eglise ». Il cite son homélie de la messe « pour l’élection du pontife » et « l’actualisation » qu’il a su donner au passage d’Isaïe où le prophète annonce une « année de miséricorde », et une année de « vengeance ». Le cardinal Ratzinger, alors doyen du collège cardinalice, a donné lundi matin cette interprétation : Jésus sur la Croix « réalise » cette miséricorde, et telle est la vengeance promise : Dieu envoie son Fils qui rachète tout homme. Miséricorde et vengeance « confluent » dans la Croix du Christ. Un « modèle » d’homélie, a souligné le Dominicain.

Un groupe de religieuses d’Erythrée et d’Ethiopie continuent de parler des événements : ce sont trois « Capucines de Madre Rubatto », béatifiée par Jean-Paul II. Elles aussi sont contentes : le nouveau pape « Portera un témoignage de foi à l’Eglise universelle, en embrassant le monde entier. Comme l’a fait Jean-Paul II. Afin que le monde croit en Jésus unique Sauveur ». L’une d’elles a pu participer à une messe privée du pape Wojtyla. Elle espère que Benoît XVI « continuera à manifester son amour les enfants, pour les pauvres et pour les riches ».

Deux prêtres brésiliens sont aussi dans la joie. Ils repartent ensemble mais ne se font pas prier pour dire les raisons de leur joie. Don Andrea Buchmann, 32 ans, dit sa « joie » et il pense aussi à « la joie de Jean-Paul II au ciel » pour cette élection : « Benoît a la bénédiction de Jean-Paul II », il en est convaincu. Il témoigne de « l’humilité, la gentillesse » de celui qu’on appelle encore « le cardinal Ratzinger » et se réjouit à l’idée des « charismes » qui lui viendront dans sa nouvelle tâche.

Don Eduardo Braga, 43 ans, de Rio de Janeiro, souligne que la « splendeur » du pontificat de Jean-Paul II doit « quelque chose » au cardinal Ratzinger. « On peut s’attendre, dit-il, à un prolongement du travail de Jean-Paul II » par le « travail personnel » de son successeur. Il souligne le « détachement », « l’humilité », les « capacités » de cet « humble travailleur ».

Le sourire de Sr Catherine, Dominicaine française, en dit long sur sa joie intérieure. Elle partage cette conviction que Benoît XVI « est le pape que Dieu a choisi pour ce temps, pour aujourd’hui, et dit sa « confiance » et sa « prière » pour « ce pape que Dieu a choisi ».

« On a demandé dans la prière un saint homme et à la curie, beaucoup ont surnommé le cardinal Ratzinger « il santo », « le saint », confie Sr Catherine. Ses premières paroles nous prouvent qu’il est humble. Et puis il a parlé de Marie. Il a nommé Jean-Paul II. Ce n’est pas facile de lui succéder. C’est le pape qu’il faut pour ce temps, qu’il faut aujourd’hui. Et puis c’est un bon signe qu’il ait été élu si rapidement. La commun
ion et l’unité des cardinaux sont un signe que c’est Dieu qui a choisi ».

Déjà le soir tombe. Le soleil disparaît derrière Saint-Pierre, commençant à projeter une ombre. On pense au titre de la lettre de Jean-Paul II pour l’année de l’Eucharistie : « Reste avec nous, Seigneur, car déjà le soir tombe ».

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ZENIT Staff

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