Audience générale du mercredi 15 avril

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Texte intégral

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ROME, Lundi 20 avril 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse prononcée mercredi 15 par le pape Benoît XVI au cours de l’audience générale.

* * * 

Chers frères et sœurs,

L’audience générale traditionnelle du mercredi est empreinte aujourd’hui d’une joie spirituelle, qu’aucune souffrance ni peine ne peuvent effacer, car c’est une joie qui jaillit de la certitude que le Christ, par sa mort et sa résurrection, a définitivement triomphé sur le mal et sur la mort. « Le Christ est ressuscité ! Alléluia ! » chante l’Eglise en fête. Et ce climat de fête, ces sentiments typiques de Pâques, se prolongent non seulement au cours de cette semaine – l’Octave de Pâques – mais s’étendent au cours des cinquante jours qui vont jusqu’à la Pentecôte. Le mystère de Pâques embrasse même toute la durée de notre existence.

En ce temps liturgique, les références bibliques et les invitations à la méditation, qui nous sont offertes pour approfondir la signification et la valeur de Pâques, sont vraiment nombreuses. La « via crucis » que, au cours du Saint Triduum, nous avons re-parcourue avec Jésus jusqu’au Calvaire, en en revivant la douloureuse Passion, est devenue, au cours de la solennelle Veillée de Pâques, une « via lucis » réconfortante, un chemin de lumière et de renaissance spirituelle, de paix intérieure et de solide espérance. Après les pleurs, après le désarroi du Vendredi saint, suivi par le silence chargé d’attente du Samedi saint, à l’aube du « premier jour après le sabbat » a retenti avec vigueur l’annonce de la Vie qui a vaincu la mort : « Dux vitae mortuus / regnat vivus – le Seigneur de la vie était mort ; mais à présent, vivant, il triomphe ! » La nouveauté bouleversante de la résurrection est si importante que l’Eglise ne cesse de la proclamer, en prolongeant son souvenir en particulier chaque dimanche, jour du Seigneur et Pâque hebdomadaire du peuple de Dieu. Nos frères orientaux, comme pour souligner ce mystère de salut qui enveloppe notre vie quotidienne, appellent le dimanche en russe « jour de la résurrection » (voskrescénje).

Il est donc fondamental pour notre foi et pour notre témoignage chrétien de proclamer la résurrection de Jésus de Nazareth comme un événement réel, historique, attesté par de nombreux témoins faisant autorité. Nous l’affirmons avec force car, à notre époque également, beaucoup cherchent à en nier l’historicité, en réduisant le récit évangélique à un mythe, en reprenant et en présentant des théories anciennes et déjà utilisées comme nouvelles et scientifiques. Certes, la résurrection n’a pas été pour Jésus un simple retour à la vie terrestre précédente, mais elle a été le passage à une dimension profondément nouvelle de vie, qui nous concerne nous aussi, qui touche toute la famille humaine, l’histoire et tout l’univers. Cet événement a changé l’existence des témoins oculaires, comme le démontrent les récits évangéliques et les autres écrits néotestamentaires ; il s’agit d’une annonce que des générations entières d’hommes et de femmes au cours des siècles ont écoutée avec foi et dont ils ont témoigné, souvent au prix de leur sang, à travers le martyre. Cette année également, cette bonne nouvelle retentit à Pâques, de façon immuable et toujours nouvelle, dans tous les lieux de la terre : Jésus mort en croix est ressuscité, il vit glorieux car il a vaincu le pouvoir de la mort. Telle est la victoire de la Pâque ! Tel est notre salut ! Et avec saint Augustin, nous pouvons chanter : « La résurrection du Christ est notre espérance ! ».

C’est vrai : la résurrection de Jésus fonde notre solide espérance et illumine tout notre pèlerinage terrestre, y compris l’énigme humaine de la douleur et de la mort. La foi dans le Christ crucifié et ressuscité est le cœur de tout le message évangélique, le noyau central de notre « Credo ». Nous pouvons trouver une expression faisant autorité de ce « Credo » essentiel dans un passage célèbre des écrits de saint Paul, contenu dans la Première Lettre aux Corinthiens (15, 3-8), où l’Apôtre, pour répondre à certaines personnes de la communauté de Corinthe qui, paradoxalement, proclamaient la résurrection de Jésus, mais niaient celle des morts, transmet fidèlement ce que lui-même avait reçu de la première communauté apostolique concernant la mort et la résurrection du Seigneur.

Il commence par une affirmation presque péremptoire : « Frères, je vous rappelle la Bonne Nouvelle que je vous ai annoncée ; cet Evangile, vous l’avez reçu, et vous y restez attaché, vous serez sauvés par lui si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement, c’est pour rien que vous êtes devenus croyants » (vv. 1-2). Il ajoute aussitôt qu’il leur a transmis ce que lui-même a reçu. Suit alors l’épisode que nous avons écouté au début de notre rencontre. Saint Paul présente tout d’abord la mort de Jésus et apporte à un texte aussi dépouillé, deux ajouts à la nouvelle que « le Christ est mort ». Le premier ajout est : il est mort « pour nos péchés » ; le deuxième est : « conformément aux Ecritures » (v. 3). L’expression « conformément aux Ecritures » place l’événement de la résurrection du Seigneur en relation avec l’histoire de l’Alliance vétérotestamentaire de Dieu avec son peuple, et nous fait comprendre que la mort du fils de Dieu appartient au tissu de l’histoire du salut, et que c’est même d’elle que cette histoire tire sa logique et sa véritable signification. Dans le mystère pascal s’accomplissent les paroles de l’Ecriture, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un événement qui porte en soi un logos, une logique : la mort du Christ témoigne que la Parole de Dieu s’est faite jusqu’au fond « chair », « histoire » humaine. On comprend comment et pourquoi ceci a eu lieu à partir du deuxième ajout que saint Paul apporte : le Christ est mort « pour nos péchés ». Avec ces paroles, le texte de saint Paul semble reprendre la prophétie d’Isaïe contenue dans le Quatrième chant du Serviteur de Dieu (cf. Is 53, 12). Le Serviteur de Dieu « s’est livré lui-même jusqu’à la mort », a porté « le péché des multitudes », et intercédant pour les « criminels », il a pu apporter le don de la réconciliation des hommes entre eux et des hommes avec Dieu : sa mort met donc fin à la mort ; le chemin de la Croix conduit à la Résurrection.

Dans les versets qui suivent, l’Apôtre s’arrête ensuite sur la résurrection du Seigneur. Il dit que le Christ « est ressuscité le troisième jour conformément aux Ecritures ». De nombreux exégètes entrevoient dans l’expression : « il est ressuscité le troisième jour conformément aux Ecritures » un rappel significatif de ce que nous lisons dans le Psaume 16, où le Psalmiste proclame : « Tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption » (v. 10). Il s’agit de l’un des textes de l’Ancien Testament, cités aux débuts du christianisme, pour démontrer le caractère messianique de Jésus. Etant donné que selon l’interprétation juive, la corruption commençait après le troisième jour, la parole de l’Ecriture s’accomplit en Jésus qui ressuscite le troisième jour, c’est-à-dire avant que ne commence la corruption. Saint Paul, transmettant fidèlement l’enseignement des Apôtres, souligne que la victoire du Christ sur la mort a lieu à travers la puissance créatrice de la Parole de Dieu. Cette puissance divine apporte espérance et joie : c’est en définitive le contenu libérateur de la révélation pascale. Dans la Pâque, Dieu se révèle lui-même et révèle la puissance de l’amour trinitaire qui anéantit les forces destructrices du mal et de la mort.

Chers frères et sœurs, laissons-nous illuminer par la splendeur du Christ ressuscité. Accueillons-le avec foi et
obéissons généreusement à son Evangile, comme le firent les témoins privilégiés de sa résurrection ; comme le fit, de nombreuses années plus tard, saint Paul, qui rencontra le divin Maître de façon extraordinaire sur la route de Damas. Nous ne pouvons pas garder uniquement pour nous l’annonce de cette Vérité qui change la vie. Et, avec une confiance humble, nous prions : « Jésus, qui, ressuscitant des morts, as anticipé notre résurrection, nous croyons en Toi ! ». Je voudrais conclure par une exclamation qu’aimait répéter Sylvain du Mont Athos : « Réjouis-toi, mon âme. C’est toujours Pâques car le Christ ressuscité est notre résurrection ! ». Que la Vierge Marie nous aide à cultiver en nous, et autour de nous, ce climat de joie pascale, pour être les témoins de l’Amour divin dans chaque situation de notre existence. Encore une fois, Bonnes Pâques à vous tous !

Le pape a ensuite résumé sa catéchèse en plusieurs langues. Voici ce qu’il a dit en français :

Chers frères et sœurs,

Notre rencontre de ce matin est empreinte de la joie spirituelle qui nous vient de la certitude que le Christ, par sa mort et sa résurrection, a définitivement triomphé du mal et de la mort. « Le Christ est ressuscité ! Alléluia ! » chante l’Eglise en fête. En effet, il est fondamental pour notre foi et pour notre témoignage chrétien de proclamer la résurrection de Jésus de Nazareth comme un événement réel, historique, attesté par de nombreux témoins qui font autorité. La résurrection n’a pas été pour Jésus un simple retour à sa vie terrestre précédente, mais ce fut le passage à une dimension profondément nouvelle de vie, qui nous intéresse nous aussi, qui touche la famille humaine tout entière, l’histoire et tout l’univers. Aussi avec saint Augustin, pouvons-nous chanter : « La résurrection du Christ est notre espérance ! ». C’est vrai, la résurrection de Jésus fonde notre espérance et éclaire notre pèlerinage terrestre, y compris l’énigme humaine de la souffrance et de la mort. La foi dans le Christ crucifié et ressuscité est le cœur du message évangélique, de notre Credo. Laissons-nous illuminer par la splendeur du Seigneur ressuscité. Accueillons avec foi son Evangile comme le firent les témoins de sa résurrection. Nous ne pouvons pas garder seulement pour nous l’annonce de cette vérité qui change la vie.

Je suis heureux d’accueillir les pèlerins de langue française, particulièrement le groupe de l’archidiocèse de Rennes, avec Mgr D’Ornellas et Mgr Souchu, les prêtres de Bayonne avec Mgr Aillet, les séminaristes de Lyon et les jeunes d’Auch et de Suisse. Que le temps de Pâques soit pour vous tous une occasion privilégiée d’approfondir votre foi dans la résurrection du Christ pour en être des témoins authentiques dans votre vie quotidienne. Que le Ressuscité soit votre paix et votre joie !

© Copyright du texte original plurilingue : Librairie Editrice du Vatican
Traduction : Zenit

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ZENIT Staff

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