Au commencement était le Verbe…

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ROME, Jeudi 9 octobre 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous la réflexion du P. Thomas Rosica, attaché de presse du synode pour la langue anglaise, sur la journée de mercredi. *  *  * Si l’on devait trouver une phrase dans la Bible […]

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ROME, Jeudi 9 octobre 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous la réflexion du P. Thomas Rosica, attaché de presse du synode pour la langue anglaise, sur la journée de mercredi.

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Si l’on devait trouver une phrase dans la Bible pour résumer le bilan des activités de ces premiers jours du synode sur La Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Eglise, ce serait celle du début du Prologue de l’Evangile de Saint-Jean (Jn, 1-1) « Au commencement était le Verbe … » et à ceci j’ajouterais : …puis il y eut des paroles à n’en plus finir ! Ce synode porte sur la Parole et le flot de paroles prononcées par un grand nombre de personnes !

Mercredi matin, pendant que le pape Benoît XVI était Place Saint-Pierre pour l’audience générale hebdomadaire, parlant à des dizaines de milliers de personnes sur la vie de saint Paul, les 253 pères synodaux, les chefs de la Curie, les experts, les auditeurs et le personnel du synode participaient à la première série des Circuli Minores, officiellement appelés dans les communiqués, « Groupes linguistiques ». Je peux vous assurer qu’il n’y a rien de « mineur » à propos de ces 12 groupes linguistiques ! En effet, plusieurs estiment que c’est grâce à ces groupes que toutes les personnes participant au synode peuvent exprimer leurs opinions. Ces échanges en groupes resteront à jamais gravés dans la mémoire de ceux et celles qui vivent l’expérience du synode.

En tant qu’attaché de presse anglophone, j’ai participé à l’un des trois groupes de langue anglaise, avec 32 personnes provenant de 18 pays différents. C’était une expérience unique qui n’est possible que dans l’Eglise catholique ! Le cardinal Francis George, O.M.I., de Chicago et Mgr Gerald Kicanas de Tucson, l’un président, l’autre vice-président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USSB), ont été nommés respectivement modérateur et rapporteur de ce groupe. Il n’arrive pas souvent que deux ressortissants du même pays soient élus à ces postes, mais le groupe était convaincu qu’ils étaient tous deux parfaits pour ces rôles.

A vrai dire, le cardinal George m’a un peu angoissé au début de la séance du matin ! Nous avons commencé par la prière du matin contenue dans le livre de prières en latin, préparé spécialement pour le synode. Après la première prière, le cardinal s’est penché vers moi pour me dire que je devais lire l’Evangile, et faire la méditation après la lecture du célèbre « hymne à la charité » de saint Paul, au chapitre 13 de la Lettre aux Corinthiens. Interloqué, j’ai balbutié un « Eminence ! », j’ai invoqué l’Esprit Saint et demandé au Bienheureux Jean XXIII de venir immédiatement à mon aide, j’ai souri, fait la lecture en latin, puis une courte méditation. Ce fut un grand moment d’improvisation au Vatican… et en plus, devant un auditoire du monde entier ! L’Esprit de Dieu a soufflé en abondance.

Je connais le cardinal George depuis mon séjour en Terre sainte pour mes études supérieures, et c’était donc pour moi un plaisir d’être en sa compagnie encore une fois et de le voir travailler dans ce contexte international. Sociable, intelligent, amusant et éloquent, il nous a tous fait nous sentir importants pour notre coopération et bienvenus au sein du groupe. Tous, y compris l’évêque britannique anglican, expert des Écritures, N.T. Wright, le Chevalier suprême Carl Anderson, trois femmes extraordinaires du Nigeria, des États-Unis et de Hong Kong, les cardinaux et les évêques de tous les coins du monde, ont parlé de leurs premières impressions du synode, de leurs espérances quant aux résultats et de leurs inquiétudes pastorales quant à la manière de mieux diffuser la Parole de Dieu à travers leurs propres pays, pour qu’elle soit mieux reçue et aimée.

Alors que nous poursuivons notre travail au Vatican, un autre événement très important a lieu sur la chaîne de télévision publique italienne RAI, pendant la première semaine du synode des évêques : 138 heures de lecture ininterrompue de la Bible, à partir de la Genèse, jusqu’au Livre de l’Apocalypse. Samedi soir, la chaîne de télévision a retransmis, depuis la Basilique de la Sainte-Croix-de-Jérusalem (datant du 4e siècle) une émission intitulée « La Bible jour et nuit », avec le pape Benoît XVI lisant le premier chapitre du livre de la Genèse – les premiers vers de la Bible sur la création du monde.

Le marathon nécessitera plus de 1 200 personnes pour lire l’Ancien Testament pendant sept jours et six nuits. Il ne s’agit pas seulement de catholiques, mais aussi de membres d’autres religions, juifs, protestants et chrétiens orthodoxes, tous participant à ce marathon colossal. Le pape Benoît était sur le grand écran de l’église au commencement du marathon, et l’évêque Hilarion a suivi, représentant l’Église orthodoxe russe. Le réalisateur Roberto Benigni, qui a gagné un Oscar pour son film « La vie est belle » était aussi parmi ceux qui liront la Bible. Des interludes musicaux ont lieu après un certain nombre de chapitres, proposant de la musique religieuse chrétienne ou juive. Le célèbre chanteur italien Andrea Bocelli a chanté le premier morceau dimanche, le « Dieu soit loué » de Bach.

L’ancien premier ministre italien, Giulio Andreotti et plusieurs cardinaux et évêques qui sont à Rome pour le synode ont été appelés pour prêter main forte, y compris le cardinal canadien Marc Ouellet et le cardinal américain Daniel DiNardo de Houston. Les 1 200 personnes faisant la lecture ont été sélectionnées parmi plus de 100.000 personnes qui ont visité le site internet « La Bible jour et nuit » pour offrir bénévolement leurs services. Benoît XVI, faisant mention du marathon pendant l’Angélus de dimanche, a déclaré : « Si elle est bien reçue, cette semence pourra donner beaucoup de fruits ». Le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’État du Vatican clôturera le projet, par la lecture du Livre de l’Apocalypse le week-end prochain.

Avant la première série de réunions hier matin, j’ai profité du fait de vivre dans la Cité du Vatican, dans le Domus Sanctae Marthae, et je suis allé me promener dans les paisibles jardins du Vatican. J’avais sur moi une petite prière que j’avais notée quand j’étais étudiant à l’Institut Biblique de Rome il y a 20 ans. Le papier est un peu usé maintenant, mais les mots de saint Bonaventure, grand maître franciscain de la pensée et de la spiritualité, étaient très opportuns pour cette aventure du synode sur la Parole de Dieu. Ses mots dans l’Itinerarium Mentis in Deum invitent tous les chrétiens à reconnaître la faiblesse « à ne pas croire qu’on peut se satisfaire de la lecture sans componction, de la spéculation sans dévotion, de la recherche sans admiration, de la prudence sans exultation, de l’activité sans piété, de la science sans charité, de l’intelligence sans humilité, de l’étude séparée de la grâce divine, de la réflexion séparée de la sagesse inspirée par Dieu ». Quelque part ces mots-là semblaient très appropriés pour moi et pour nous tous qui faisons partie de ce rassemblement de personnes du monde entier, qui adorons la Parole de Dieu et qui essayons d’être plus fidèles à cette Parole et à ce qu’elle demande de nous quotidiennement.

 Restez à l’écoute pour de nouveaux comptes rendus du synode sur la Parole.

Le P. Thomas Rosica est expert en Ecritures Saintes et professeur d’université, il est également directeur général de la Fondation catholique Sel + Lumière Média, télévision catholique canadienne, et membre du Conseil général de la Congrégation de saint Basile.

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ZENIT Staff

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