Armes à sous-munitions : Intervention du représentant du Saint-Siège à Genève

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« Si la guerre a un prix, la paix aussi en a un, de loin plus modeste »

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ROME, Lundi 14 janvier 2008 (ZENIT.org) – « Si la guerre a un prix, la paix aussi en a un. Il est dans tous les cas et de loin plus modeste », déclare à Genève, le 14 janvier, Mgr Silvano Tomasi, nonce apostolique et représentant permanent du Saint-Siège auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, à la Session du Groupe d’experts gouvernementaux de la Convention sur l’Interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques (CCW).

Mgr Tomas réfute l’argument financier pour le ralentissement du processus de désarmement en ce qui concerne en particulier les armes à sous-munitions, en disant : « Invoquer les contraintes financières pour refuser ou bien ajourner des mesures que les Etats Parties à la CCW qualifient d’urgentes, nous semble irrecevable si on regarde sérieusement le volume des budgets militaires des uns et des autres ».

« Si la guerre a un prix, la paix aussi en a un. Il est dans tous les cas et de loin plus modeste. Préserver la vie, créer les conditions d’une vie digne pour des populations entières, assurer la sécurité et la stabilité au niveau le plus bas d’armement, etc., sont des défis enthousiasmants. La CCW sortira plus grandie et plus crédible si les Etats Parties sauront, collectivement, relever ces défis », fait observer Mgr Tomasi.

Mgr Tomasi citait le discours du pape au corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, dans lequel, lundi dernier, Benoît XVI a encouragé «l’adoption de mesures appropriées pour affronter le problème humanitaire posé par les armes à sous munitions».

Le Secrétaire pour les Relations avec les Etats, Mgr Dominique Mamberti a « réitéré la position du Saint-Siège dans son discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies, le 1er octobre dernier » : « Une réponse rapide au problème des armes à sous munitions devient un impératif éthique sachant le coût élevé en vies humaines, dont la majorité sont des civils et spécialement des enfants », disait-il.

En outre, la position du Saint-Siège a été explicitée, en mai 2007, dans une note détaillée. C’est pourquoi Mgr Tomasi soulignait seulement trois points du dossier.

Tout d’abord, il rappelait que les délibérations « seront jugées par les résultats pratiques qui feront ou ne feront pas de différence pour des milliers de personnes et des dizaines pays ».

Car « la reconnaissance de l’urgence devrait avoir une traduction dans nos délibérations, dans la conclusion de négociations de bonne foi et dans un éventuel instrument qui répond adéquatement aux défis qui sont posés aux Etats Partis à la CCW ».

Ensuite, « la participation des producteurs, des utilisateurs et de ceux qui possèdent des stocks aux efforts actuels est évidemment importante ».

Mais « de nombreux pays peuvent aussi devenir producteurs, utilisateurs et possesseurs de stocks ». Ainsi, Mgr Tomasi souligne « les risques de prolifération » et de « l’utilisation de ces armes par des acteurs non étatiques dans des conflits récents ».

Il recommande la « prévention » comme « le point commun d’une action concertée entre les producteurs et utilisateurs actuels et ceux qui ne le sont pas encore ».

Enfin, Mgr Tomasi souligne que « l’interdiction de catégories d’armes opérée par la négociation de bonne foi d’instruments internationaux n’a jamais mis la sécurité nationale des Etats en danger ».

« Le vrai danger, affirme-t-il, vient plutôt du surarmement et du fait de ne se fier qu’aux armes pour assurer la sécurité nationale ou internationale. Le développement, la confiance mutuelle, la prévention, la création des conditions d’une vie digne sont les paramètres sans lesquels il ne peut pas y avoir ni de sécurité ni de stabilité ».

« L’affirmation de la nécessité militaire des armes à sous munitions nous semble inacceptable, déclare Mgr Tomasi. Une simple question devrait trouver une réponse : comment se fait-il que depuis la première utilisation des armes à sous munitions, on n’a pas été en mesure de respecter les règles du droit humanitaire international notamment celle de distinction entre civils et militaires ? »

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ZENIT Staff

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