Le pape François verse des larmes après l’expulsion de 700 familles d’un bidonville de Buenos Aires et dénonce la « cruauté » qui semble « s’être instillée dans les coeurs ».
Le pape a en effet adressé un courrier électronique privé, à son ami Gustavo Vera, le fondateur de l’ONG « La Alameda » à Buenos Aires, après l’opération de délogement forcé, effectuée récemment dans le quartier de Lugano au sud-est de Buenos Aires.
Environ 700 familles avec de nombreux enfants y avaient installé un logement de fortune appelé « Pape François ».
C’est l’ONG argentine qui a informé le pape de cette expulsion : « Je viens de lire ta lettre », répond-il dans le message rapporté par l’agence SIR de la Conférence épiscopale italienne : « Ta conclusion résume mes sentiments : « On aurait dit Gaza », et j’ai fondu en larmes. Avec mes larmes, je caresse ces personnes, ces mères avec leurs enfants. »
« Quand je suis rentré de Corée, dans l’avion, j’ai parlé de la cruauté », rappelle le pape : « Il semble que la cruauté se soit instillée dans nos cœurs, une cruauté qui revêt divers visages : « en quoi cela me concerne-t-il ? », « qu’ils aillent travailler », « ce sont des gens qui ne s’insèrent pas dans la société »… des paroles qui ne justifient rien mais qui manifestent une grande cruauté. »
« Je suis proche de ces personnes, je prie et je demande qu’on ne les laisse pas seules. Et je suis proche de vous, qui êtes proches d’eux. Avec une grande douleur dans le cœur, je t’embrasse », conclut le pape.
Quelque 800 hommes des forces de sécurité ont été impliqués dans l’évacuation de ces familles qui vivaient dans des cabanes, parfois en carton. Plus de 163 000 personnes – sur les trois millions d’habitants de la capitale argentine – vivent dans une quinzaine de bidonvilles, selon le dernier recensement de 2010.
Avec une traduction de Constance Roques
