Aparecida : Revenir à la condition de disciple et de missionnaire, par P. Morandé

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Ve Conférence générale du CELAM

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ROME, Jeudi 31 mai 2007 (ZENIT.org) – « Revenir à la condition de disciple et de missionnaire signifie reconnaître que le fondement ultime de la réalité est Dieu lui-même », déclare le Dr Pedro Morandé Court, doyen de la faculté des Sciences sociales de l’université catholique du Chili, dans les colonnes de Fides (www.fides.org).

Le Dr Pedro Morandé Court, doyen de la faculté des Sciences sociales de l’université catholique du Chili, participe en effet comme expert nommé par le Saint-Siège à la célébration de la Ve Conférence générale de l’Episcopat Latino-américain et des Caraïbes qui s’achève aujourd’hui.

Fides – Quelles sont les nouveautés et les aspects d’intérêt majeur sur lesquels on travaille en ce moment dans les sessions de la Conférence ?

Pedro Morandé – Ce qu’il y a de plus intéressant est le thème sur lequel elle a été convoquée par le Saint-Père – suggéré naturellement par le CELAM – et sur lequel on travaillait depuis le Synode sur l’Amérique, qui comme nous le savons a été axé sur le thème de la rencontre avec Jésus-Christ vivant. Et la Ve Conférence n’est autre que le développement ou le pas supplémentaire de ce thème du synode. On veut tout recommencer à partir du Christ, et par conséquent revenir à la source et à l’origine autant de l’expansion du Christianisme en Amérique Latine qu’à sa profonde racine historique, dans l’histoire de nos pays. Je crois que c’est un signe éloquent que ce soit un chemin commencé par la première des cinq Conférences.

La seconde grande nouveauté de la Ve Conférence est que pour la première fois elle a lieu dans un sanctuaire marial, où non seulement a été donné une juste reconnaissance à la traditionnelle empreinte mariale de notre religiosité latino-américaine, mais où aussi a été mise en relief la conscience de l’assumer dans une perspective missionnaire. Je dirais que ce sont les deux grandes nouveautés. Les documents qui peuvent jaillir ne seront qu’une réflexion sur ce qui arrive à la maturation de l’expérience religieuse de nos peuples.

Fides – Quels ont été les thèmes les plus fréquents dans les dialogues et dans les approfondissements ?

Pedro Morandé – Je crois que le thème central est sans doute le thème de la vie, parce qu’il se trouve à l’intérieur du thème même de la conférence « Disciples et missionnaires de Jésus-Christ, afin que nos peuples aient vie en Lui ». Naturellement le thème se traduit par la défense de la vie des enfants à naître jusqu’à la mort naturelle de la personne, mais comprend aussi la redécouverte du mystère nuptial à l’intérieur du mariage, le thème de l’éducation des enfants et spécialement de la transmission de la foi. Il y a bien sûr aussi le thème d’un ordre juste, afin que la vie humaine soit respectée dans sa dignité dans toutes ses dimensions, aussi sur le plan social. En Amérique Latine, cette dimension sociale de l’existence humaine acquière une importance particulière vu la situation historique et sociale de nos pays, où existe le chômage, la précarité, l’exclusion… C’est pourquoi on a particulièrement conscience du fait qu’il faut lutter pour dépasser ces dimensions. Je dirais que le thème central de la Ve Conférence, celui qui regroupe tout, est sans doute le thème de la vie, et de la vie dans le Christ.

Fides – Le Saint-Père a indiqué quelques priorités dans son discours inaugural en mentionnant plusieurs thèmes très concrets. Dans quelle mesure ont-ils été un point de référence durant la Conférence ?

Pedro Morandé – Je pense que le Saint-Père s’est référé à de grandes questions : le thème de la vie, le thème de l’ordre juste… mais a abordé un thème qui me semble crucial, qui va à l’essence de notre attitude face à la réalité. Le pape se demandait précisément : qu’est-ce que la réalité ? Est-ce l’ensemble des dimensions économiques, politiques, technologiques… de la vie sociale, ou y a-t-il quelque chose de plus dans son fondement ? En répondant il affirmait que la réalité ultime pour les chrétiens est toujours Dieu et par conséquent un ordre social qui se construit comme si Dieu n’existait pas n’est pas réaliste, n’atteint pas le coeur de la chose réelle. Je considère que ce point est celui qui explique le plus dans le thème choisi par le pape lui-même : revenir aux conditions de disciples et de missionnaires signifie reconnaître que le fondement ultime de la réalité est Dieu lui-même et la grâce qu’Il nous a donnée à travers Jésus-Christ, par son Incarnation et sa Rédemption. Retrouver la dimension du disciple qui écoute son Maître et qui est disposé à le suivre, est un élément essentiel de la réalité de l’Eglise dans le monde et de la façon dont l’Eglise regarde la réalité du monde. C’est ce qui fait qu’elle a une perspective complètement différente de la réalité du monde, par rapport à un économiste ou à un écologiste qui se préoccupe simplement de voir l’équilibre entre plusieurs variables. De là dérive tout le reste : l’attitude face au mariage et à la famille, face à la vie humaine, est complètement différente si l’on voit à partir de Dieu ou si l’on voit comme si Dieu n’existait pas. Par conséquent je crois que c’est la chose la plus importante que nous ait rappelé le Saint-Père, et qui est contenue dans la priorité que revêt le thème du disciple et de la dimension missionnaire du disciple dans cette conférence.

Fides – Concernant la Grande mission continentale que l’on veut mener, sur quels points travaille-t-on ?

Pedro Morandé – En premier lieu on travaille sur le fondement de la mission et sur son lien avec l’apostolat, aspect que je considère essentiel. Le mandat du Christ aux apôtres, « Comme le Père m’a envoyé je vous envoie », constitue la continuité de la présence de l’œuvre rédemptrice du Christ dans le monde. Par conséquent la mission est une dimension intrinsèque de tout disciple fidèle : « Gare à moi si ne n’évangélisait pas » disait Saint Paul. Dans la compréhension correcte de l’apostolat on ne peut laisser de côté la mission, ce n’est pas quelque chose de secondaire, mais au contraire d’essentiel.
Le Card. Hummes, en parlant de la mission, a rappelé que la majeure partie de notre population latino-américaine est baptisée, cependant seule une petite portion de baptisés s’intègre dans des communautés ecclésiales et a une vie chrétienne active. Par conséquent, sans négliger la mission ad gentes traditionnelle – adressée à l’agnostique, à l’indifférent, à celui qui n’a pas encore reçu le message du Christ – on doit mettre l’accent aussi sur ceux qui, en étant baptisés, ne participent pas activement à la vie de l’Eglise.

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ZENIT Staff

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