ROME, vendredi 15 juin 2007 (ZENIT.org) – Dans un livre qui paraît aujourd’hui aux éditions CLD, « Ainsi sont-ils », une vingtaine de prêtres témoignent de leur itinéraire de vocation et de leur mission présente. Une galerie de portraits pleins d’humanité et de profondeur.
Nous publions ci-dessous un entretien avec l’auteur, Cyril Douillet, journaliste.
Q : Vous venez de publier « Ainsi sont-ils », quel est le propos de votre livre ?
C. Douillet : Le projet de ce livre est de donner la parole à des prêtres récemment ordonnés, afin qu’ils témoignent de l’itinéraire qui les a conduits sur le chemin de la vocation sacerdotale, mais aussi de leur mission actuelle, au cœur d’un monde qui ne sait plus ce que c’est qu’un prêtre. Bref, il s’agit à travers cela de montrer dans leur authenticité des prêtres du XXIe siècle, au-delà des préjugés et des clichés.
J’ai donc rencontré une vingtaine de « jeunes » prêtres (le plus jeune a 28 ans, le plus âgé, ordonné l’an dernier, a 68 ans), à travers toute la France, des cités de Bordeaux à la côte finistérienne, en passant par l’île Saint-Louis et le pays de Caux… La plupart sont prêtres diocésains, certains sont religieux, avec des apostolats très divers : curé, vicaire, bien sûr, mais aussi aumônier de prison, de lycée, des artistes…Sans oublier un membre des Missions Etrangères de Paris qui s’apprête à partir au Cambodge.
Enfin, cette galerie de témoignages est complétée par le point de vue d’un couple de parents de prêtres, d’un supérieur de séminaire, et d’un évêque.
Bien que révélateur d’une certaine diversité d’Eglise, ce n’est pas un ouvrage à prétention sociologique, mais plutôt un tableau « impressionniste » des prêtres d’aujourd’hui…et de demain.
Q : En pleine crise des vocations, pourquoi un tel ouvrage ?
C. Douillet : Le livre tend à montrer qu’il n’y a pas de crise des « vocations », au sens où des hommes sont toujours appelés, séduits par la prêtrise, alors qu’ils n’y étaient pas nécessairement prédisposés. Comme le dit un évêque interviewé, le problème est que les vocations ne parviennent pas toujours à émerger, parce qu’elle ne sont pas assez accompagnées, soutenues, incitées…L’intérêt du livre est de montrer comment ces prêtres ont répondu à l’appel, dans le contexte qui est le nôtre. Un contexte qui ne favorise pas forcément les choix radicaux comme celui-ci, mais qui les rend plus libres, plus authentiques.
Alors que s’ouvre la saison des ordinations, le grand public peut être curieux de découvrir les prêtres de l’intérieur, de comprendre comment germe un tel choix, à contre-courant de toutes les normes en vigueur.
L’ouvrage peut aussi aider, éclairer, ceux qui s’interrogent sur leur propre chemin.
Q : Que diriez-vous des prêtes rencontrés ? Qu’ont-ils en commun ?
C. Douillet : Je dirais qu’ils ont en commun d’être très différents ! Au fur et à mesure des rencontres, j’ai pris la mesure qu’il n’y a pas deux prêtres pareils. On est loin d’un quelconque « formatage »…Chacun aborde le ministère avec ce qu’il est, son histoire, sa sensibilité, son charisme. Qu’y a-t-il de commun entre un prêtre du Doubs, ancien éleveur laitier, et un curé de paroisse parisien, autrefois chef d’entreprise dans la communication ? Les profils choisis sont variés et montrent qu’il n’y a pas qu’une façon d’être prêtre.
Bien sûr, il y a des éléments d’histoire récurrents dans les témoignages : l’appartenance à une famille nombreuse, engagée dans l’Eglise, une expérience dans le scoutisme ou dans le service d’autel, ou encore l’exemple d’un prêtre aîné… Cela dit, il n’y a pas de règle : tel prêtre breton a été baptisé à dix-neuf ans, tel autre avait envisagé de devenir bouddhiste… Les voies de Dieu sont impénétrables !
Ce qu’ils ont en commun, c’est de partager un appel : celui de tout donner pour le Christ et de servir l’Eglise, au milieu des hommes. Tous ces prêtres sont des passionnés de Dieu, au point d’avoir renoncé à tout le reste.
Q : Les prêtres sont-ils vraiment des hommes comme les autres ?
C. Douillet : La vocation sacerdotale est spécifique ; l’ordination fait du prêtre un homme « à part »… mais pas séparé du monde. Ce choix n’implique pas de renoncer à leur humanité, loin de là, même si, pour l’opinion courante, le célibat peut apparaître comme surhumain. Il ne faut pas le nier, la prêtrise reste un choix exigeant, qui suppose un minimum d’aptitudes humaines…Toutefois, en relatant des itinéraires complexes, leurs doutes, les difficultés traversées, les prêtres interviewés témoignent qu’ils ne sont pas des extra-terrestres ni des anges! Ce sont des hommes de leur temps, qui auraient pu choisir une autre voie (mariage, carrière professionnelle), mais qui ont senti que leur plus grand bonheur était dans la prêtrise.
Q : Quelle espérance pour une Eglise de France en manque de prêtres ?
C. Douillet : Je crois que ce livre montre que le déclin est loin d’être inéluctable… Que la prêtrise n’est pas ringarde, mais qu’au contraire, elle rend des hommes heureux, épanouis. Que c’est, in fine, une vocation parmi d’autres, et que le monde a soif de ce témoignage.
Chacun des prêtres témoigne à sa manière que l’annonce de l’Evangile est encore un projet qui peut remplir une vie.
Ainsi sont-ils ! De jeunes prêtres témoignent, Cyril Douillet, CLD, 180 p, 17 euros.
