Afrique: Le dialogue inter-religieux est une garantie pour la paix

Print Friendly, PDF & Email

Un sondage de Fides

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

CITE DU VATICAN, Lundi 4 mars 2002 (ZENIT.org) –  » Le dialogue entre catholiques et musulmans existe, mais il faut le renforcer  » estiment les responsables de la Commission pour les rapports islamo-chrétiens de la CERAO (Conférence Episcopale Régionale de l’Afrique de l’Ouest). Fides fait le point.

Une plus grande ouverture des catholiques à l’égard du monde de l´Islam est plus que nécessaire dans les pays où les musulmans sont très actifs, affirme Fides.

Mgr Vincent Coulibaly, évêque de Kankan en Guinée, déclare à Fides : « La vitalité de l’Islam se manifeste par les différents instruments de formation dont disposent les musulmans, journaux, livres, écoles, bourses d’étude, centre culturels, etc. On peut constater aussi que les responsables musulmans se prononcent souvent sur les événements de la société. Chose que l’Eglise catholique ne fait pas toujours « .

L’objectif du dialogue n’est pas de convertir l’autre, mais de favoriser une meilleure compréhension et un respect réciproque. Pour cela, seules les personnes ayant une bonne connaissance de leur propre foi peuvent apporter une contribution fructueuse, autrement l’on risque de tomber dans le relativisme religieux et dans le syncrétisme.

Mgr Coulibaly rappelle la responsabilité des chrétiens : « Il est vrai que les musulmans apprécient certains éléments du christianisme. Mais nous ne formons pas assez les chrétiens pour qu’ils puissent se rendre compte de la richesse du christianisme, pour qu’ils soient des témoins crédibles, et qu’ils soulèvent des questions chez les musulmans, par leurs paroles et par leurs gestes. Il s’agit de former le chrétien à la charité, à être un autre Christ : le Christ qui va partout, qui a l’amour comme stratégie, qui n’a pas peur, qui sait que l’Esprit travaille dans le coeur de chaque homme, et que toutes les personnes sont dignes de respect. Le chrétien s’identifie en Jésus pour le faire vivre aujourd’hui, alors que le monde actuel cherche à le mettre en marge « .

Un autre obstacle au dialogue est le manque de réciprocité, note Fides. Dans le monde entier, les chrétiens accordent aux musulmans la liberté de culte, les permis pour construire des mosquées et la possibilité de répandre le Coran. Mais, dans différents pays musulmans, arabes et africains (le Soudan et le Nigeria par exemple), les chrétiens sont persécutés à cause de leur foi, la construction d’églises et la distribution des Bibles sont interdites, constate Fides.

Les responsables de la CERAO chargés des rapports avec les musulmans voient, dans ces attitudes, une stratégie de défense de l’islam, face à l’Occident, porteur d’une culture séculaire.

Malgré ces problèmes, les dialogue inter-religieux fait des progrès dans les Pays de la CERAO.

Au Bénin, les musulmans et les chrétiens manifestent un respect réciproque, à quelques exceptions près. Par exemple, dans le Diocèse de Djougou, où les musulmans représentent 85% de la population, les jeunes musulmans formés dans les Pays arabes ont une attitude hostile à l’égard de l’Eglise a. Mais d’autres musulmans les invitent à être plus tolérants vis-à-vis des chrétiens. Il y a aussi des tensions au plan social, et l’on note des discriminations envers les chrétiens qui cherchent une maison ou un travail.

Au Sénégal, l’islam figure parmi les matières enseignées au grand séminaire de Dakar, et l’Eglise organise des séminaires d’études islamiques aux plan national et local.

Au Mali, depuis quelques années, les catéchistes du Diocèse de Bamako suivent des cours d’histoire islamique. Il y a aussi des cours pour les fidèles qui traitent des questions comme la vie de Mahomet, et les ressemblances et différences entre l’islam et le christianisme. Au Mali, si les chrétiens sont ouverts au dialogue inter-religieux, tout le monde musulman n’est pas disposé à la confrontation.

Au Niger, on discute des rapports avec les musulmans dans les assemblées générales du Diocèse de Niamey, et l’on organise des cours de formation sur l’islam, pour les religieuses qui travaillent dans des centres de formation féminine qui accueillent aussi des jeunes musulmanes.

L’expérience de ces pays enseigne que, en général, les conflits, n’ont pas une cause religieuse, mais que la religion est utilisée par des hommes politiques sans scrupules, commente Fides. Les tensions de ces derniers mois au Nigeria et en Côte-d’Ivoire, soulignent l’urgence d’une confrontation pacifique entre les religions. Même du côté musulman, les processus de démocratisation contraindront leurs responsables à organiser une véritable confrontation avec les autres religions, estime la même source.

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel