Accueil des Migrants et dialogue islamo-chrétien : déclaration finale de Tunis

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ROME, Mercredi 4 mai 2011 (ZENIT.org) – « Nourrir l’espérance : Accueil des Migrants et dialogue islamo-chrétien », c’est le titre de cette déclaration finale diffusée par le P. Christophe ROUCOU, responsable du Service national pour les Relations avec l’Islam (SRI), de la Conférence des évêques de France, au terme d’une rencontre à Tunis.

Déclaration finale

Du 2 au 4 mai 2011 s’est tenue à Tunis une rencontre d’évêques venus de France, d’Espagne et du Maghreb. Accueillie chaleureusement par Mgr Maroun Lahham, archevêque de Tunis, leur réunion appelée « Commission Mixte » avait pour objet d’échanger sur l’accueil des Migrants et de faire le point sur le dialogue islamo-chrétien dans leurs communautés ecclésiales.

En ces temps que nous vivons, les pays du Maghreb et d’autres pays arabes connaissent des revendications importantes touchant la dignité humaine, la liberté, la justice et l’aspiration à une vraie démocratie. Les évêques ont échangé sur les répercussions politiques et sociales que ces événements provoquaient jusque dans de nombreux pays pris de court par ces évolutions rapides. Concernant la Libye, ils appuient les interventions du Pape Benoît XVI et de Mgr Giovanni Martinelli, vicaire apostolique de Tripoli, sur la priorité du dialogue politique : personne ne pourra maîtriser les conséquences des interventions armées qui frappent aussi des victimes innocentes.

Touchant la question cruciale  des Migrants, les évêques constatent que l’Europe cherche surtout à mettre en œuvre une protection drastique qui ne va pas toujours dans le sens de la justice, et devient souvent source d’exclusion et de discrimination.

Le Maghreb est le lieu de transit des migrants en provenance de l’Afrique sub-saharienne et les Eglises y sont témoins des drames que vivent des hommes et des femmes qui quittent leur pays, et elles font d’importants efforts pour les accueillir et les accompagner.

Ces personnes sont remarquables, dans leur détresse, par la force humaine et spirituelle qui les pousse à continuer leur transhumance qui hélas se transforme souvent en calvaire. Se mettre à leur écoute aide à changer le regard, à être plus exigeants sur les questions de justice et de solidarité à l’égard de ces frères et sœurs étrangers qui  frappent à notre porte.

Sur cette délicate question des Migrations, deux attitudes ont du mal à se rejoindre : celle de nombreux politiques qui veulent assurer d’abord et parfois exclusivement la sécurité et la protection de leurs citoyens, malheureusement souvent pour des raisons électoralistes et celle des disciples de l’Evangile, qui, au risque d’être taxés de naïveté, veulent envers et contre tout servir d’abord les personnes et les défendre dans leur dignité, y compris si elles sont clandestines et sans papiers. Ces deux attitudes pourraient se conjuguer si l’argent qui sert à protéger les frontières servait à développer au moins l’indépendance alimentaire des pays d’où partent les migrants et si des moyens étaient mis en ouvre pour assurer une vie digne à tous les citoyens. Ceux-ci ne seraient plus dans la nécessité de partir au péril de leur vie. Depuis des dizaines d’années, les Papes ne cessent de le dire, comment ne pas le redire avec eux ?

Concernant les efforts mis en œuvre pour voir avancer le dialogue entre chrétiens et musulmans, les évêques sont pris entre la joie de voir mises en oeuvre des initiatives encourageantes au sein de leurs diocèses et la peine de voir s’amplifier des résistances dues à la peur et à la méconnaissance réciproque dans tous les pays à majorité chrétienne ou musulmane. Il est vrai que certains courants fondamentalistes ne peuvent que renforcer ces craintes.

Ils restent persuadés que la priorité doit être donnée à la rencontre entre personnes d’horizons différents qui laisse place souvent à un échange plus vrai et plus spirituel. La convivialité, vécue au quotidien, reste le terrain d’élection d’un dialogue théologique toujours nécessaire. Les évêques se réjouissent de toute initiative en ce domaine.

Nous soulignons la fécondité et la nécessité de ces travaux réguliers entres les Eglises des deux rives de la Méditerranée : elles nourrissent l’espérance.

Tunis, le 4 mai 2001

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ZENIT Staff

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