Abus sexuels : la « tolérance zéro » ne suffit pas, il faut la prévention

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Par le P. Federico Lombardi, sj

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ROME, mercredi 8 février 2012 (ZENIT.org) – La « tolérance zéro » dans les affaires d’abus sexuels doit être accompagnée de prévention et de remèdes, déclare le P. Lombardi.

Le symposium « Vers la guérison et le renouveau », organisé par l’Université pontificale grégorienne, a commencé le 6 février et se terminera demain, 9 février. Les participants travaillent pour aider les victimes et créer les conditions afin que de tels crimes ne se réitèrent pas.

Le congrès sera suivi concrètement par la création d’un centre  de soutien, en ligne. Le P. Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Vatican, donne quelques explications, pour Zenit.

Zenit – Est-ce que le titre « tolérance zéro » aurait convenu pour ce congrès ?

P. Lombardi – “Tolérance zéro” me semble être un titre très limité parce qu’il renvoie seulement à la rigueur et la sévérité. La sévérité est juste, il ne faut pas être indulgent envers les délits et crimes graves. Cependant ce colloque parle surtout d’un chemin positif, en mesure de remédier d’une façon ou d’une autre aux dommages et d’éviter qu’il ne s’en crée d’autres.

Donc le colloque ne parle pas seulement de normes rigides?

Les normes rigides ne suffisent pas, il s’agit de comprendre ce que vivent les personnes impliquées et comment elles peuvent aborder les choses dans une entité vivante comme l’Eglise, intégrée dans un organisme vivant comme la société. De fait, on souhaite que les problèmes qui continueront à se présenter au quotidien, soient abordés de la meilleure façon.

Qu’est-ce qui a changé après la lettre de la Congrégation pour la doctrine de la foi de 2011?

De nombreuses conférences épiscopales ont constitué des commissions pour mettre en place ces lignes directrices que la circulaire demande. Ce colloque arrive durant cette phase où les conférences épiscopales, ayant reçu la circulaire, sont en train de travailler pour mettre en pratique ce qui est demandé, c’est-à-dire la formulation de leurs directives.

Que signifie « formuler des directives »?

Cela veut dire élaborer un document, mais aussi le mettre en pratique. Les erreurs des expériences passées doivent servir. Par ailleurs, un centre va être créé, pour poursuivre le travail de ce colloque. Ce centre permettra de rester en contact, d’approfondir, d’avoir de la documentation sur les expériences des autres pays.

C’est-à- dire?

Je veux dire que nous entrons dans un processus, un cheminement actif dans l’Eglise, pour avancer toujours plus dans la capacité d’affronter et de dépasser ces problèmes. Soit par l’écoute des victimes, la compréhension de leur souffrance, l’aide pour leur guérison, soit par la prévention, pour que ce type de problèmes n’arrive plus.

Cette plate-forme d’aide est une sorte de “numéro vert”?

Non, les centres d’écoute seront créés localement. Dans les plans et les lignes d’action des pays, l’Eglise doit avoir des centres d’écoute et des personnes prêtes à écouter les problèmes des victimes. La plate-forme d’aide se situe à un niveau supérieur, de « e-learning » : ce seront des cours d’approfondissement de caractère plus spécialisé, des centres de documentation pour recueillir les expériences et des documents, y compris scientifiques, afin de les mettre à la disposition de ceux qui travaillent dans ce domaine, professionnellement ou pastoralement.

Il y a eu également une célébration pénitentielle durant le congrès ?

Deux cérémonies sont prévues durant ce congrès : la première – pénitentielle – a eu lieu mardi soir, 7 février, c’était une demande de pardon, de réconciliation, présidée par le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques. L’autre est une célébration eucharistique, présidée par le cardinal Fernando Filoni, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples.

Comment est née cette initiative et comment est-elle liée à la Grégorienne ?

L’initiative est née de la Grégorienne même, comme proposition de service à l’Eglise. C’est une université pontificale et elle vit donc pour servir l’Eglise. C’est par ailleurs un grand centre académique où se trouvent les compétences pour organiser ce type de congrès : compétences théologique, morale, juridique, canonique, pastorale et psychologique.L’Institut de psychologie de la Grégorienne, qui a géré l’organisation du colloque, gèrera également ce centre spécialisé qui va suivre le colloque. En outre, la Grégorienne a une grande expérience de service de l’Eglise, des évêques et du clergé, donc il est assez naturel qu’elle accueille une initiative de ce genre.

Propos recueillis par Sergio H. Mora

Traduit de l’italien par Anne Kurian


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ZENIT Staff

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