A Rome, une grande expo sur Fra Angelico

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Aux Musées du Capitole, « Fra Angelico, l’aube de la Renaissance »

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ROME, Mardi 16 juin 2009 (ZENIT.org) – Les Musées capitolins de Rome accueillent jusqu’au 5 juillet, la plus grande exposition jamais consacrée au Bienheureux Fra Angelico depuis très longtemps. 

Intitulée « Fra Angelico, l’aube de la Renaissance », l’exposition montre comment la prière est devenue un motif d’inspiration pour l’artiste. 

Le bienheureux Fra Angelico, de son vrai nom Guido di Pietro, est né à Vicchio di Mugello en 1387. Entré dans l’Ordre des frères prêcheurs, il prendra alors le nom de « frère Jean des frères de Saint Dominique de Fiesole ».

Quelques années avant sa mort, en 1455, son œuvre picturale et sa réputation de sainteté lui vaudront le surnom d’Angelico par ses contemporains, ces derniers estimant que ces œuvres reflétaient une si grande sérénité qu’on aurait dit qu’elles étaient peintes par des anges. 

Fra Angelico affirmait s’inspirer de la doctrine théologique de Saint Thomas d’Aquin (1225-1274), surnommé le Docteur Angélique. 

Pour Fra Angelico, béatifié en 1982 par Jean Paul II, le pinceau, la toile, les retables ou les murs qui recevaient sa peinture étaient un aréopage pour annoncer l’Evangile. Les passages de l’Ancien et du Nouveau Testament ainsi que les vies de grands saints (dont saint Pierre, saint Paul, saint François d’Assise, sainte Catherine de Sienne, saint Dominique) étaient pour lui sources de grande inspiration. 

« Beaucoup de peintures de Fra Angelico étaient destinées à la dévotion, à la méditation et à la contemplation privée »,  explique à ZENIT l’historien de l’art, Antonio Giordano, professeur à l’université populaire de Rome (UPTER). 

Le professeur Giordano souligne « le caractère monumental de ses personnages, l’éclat de ses couleurs, la grâce de ses visages, surtout celui de la Vierge et des anges. Et puis la solennité de ses saints et le témoignage des martyrs ».

L’art sacré est le seul art utilisé par le frère dominicain, ordonné prêtre aux alentours de 1418. La vie et les vertus des martyrs saint Etienne et saint Laurent sont les thèmes des fresques qui ornent la chapelle Nicoline, à l’intérieur des Musées du Vatican, réalisées à la demande du pape Nicolas V. 

Selon Antonio Paolucci, directeur des Musées du Vatican, cette chapelle, qui était la chapelle privée du pape, passe presque inaperçue aux yeux des milliers de touristes et pèlerins qui viennent en fait voir la chapelle Sixtine. Cela dit, cette chapelle est considérée comme  une perle de l’histoire de la peinture universelle. 

Ses biographes affirment que Fra Angelico ne prenait jamais son pinceau en main sans avoir auparavant récité une prière. Sa bonté et sa sensibilité étaient si grandes que lorsqu’il peignait les crucifix ou le visage souffrant de Jésus durant la Passion, il se mettait à pleurer d’émotion. 

L’artiste est aussi l’auteur des peintures qui ornent le couvent de saint-Marc, réalisées à la demande du pape Eugène IV. En 1446, le  pape lui proposa d’être évêque de Florence, mais il refusa cette charge, ne s’en estimant pas digne et affirmant qu’il aurait avant tout obéi aux supérieurs de sa communauté. 

Malgré son énorme talent, qui a profondément marqué l’histoire de la peinture dans la période de transition entre le Moyen Age et la Renaissance, il ne peignit aucun autoportrait. 

Peu lui importait d’être riche. « Il disait que la vraie richesse n’était rien d’autre que de se contenter de peu », a écrit l’artiste Giorgio Vasari, son disciple, près d’un siècle après sa mort. 

Sa plus grande œuvre est l’Annonciation, conservée au Musée du Prado à Madrid. Mais ce n’est pas sa seule peinture sur la rencontre entre Marie et l’ange Gabriel. 

A l’exposition de Rome (la plus grande exposition consacrée à l’artiste depuis 1995) on trouve aussi le retable de l’Annonciation, conservé habituellement au couvent de Sainte-Marie-des-Grâces à Milan. 

Dans l’encadrement d’une fenêtre, derrière l’Ange, apparaissent Adam et Eve. Ici le bienheureux Fra Angelico nous fait comprendre que Marie est la nouvelle Eve. A travers son « oui » à l’Ange, elle porte à l’humanité la rédemption qu’Eve avait reniée en désobéissant à Dieu. 

Sous une grande image se trouvent, en format réduit, quelques peintures montrant les nombreuses fois où Marie, durant sa vie, a répété le « oui » de l’Annonciation : son mariage avec Joseph, la visite à sa cousine Elisabeth, l’adoration des bergers et la présentation de Jésus au temple. 

D’autres peintures illustrent des épisodes de la vie quotidienne de Marie. Beaucoup sont intitulées « La mère de l’humilité » où Marie apparaît dans toute sa simplicité, le visage expressif et plein de douceur, en présence de l’Enfant Jésus. 

« Pour Fra Angelico la Vierge est toujours la Theotokos [Mère de Dieu] ou la Regina Coeli [Reine des Cieux] », souligne le professeur Giordano. Il la dépeint toujours sous les traits d‘« une mère très douce tenant dans ses bras l’Enfant Jésus ». 

La tombe de Fra Angelico se trouve à Rome dans la Basilique Santa Maria Sopra Minerva, près du Panthéon, dans le couvent duquel l’artiste mourut en 1454. Dans ce même lieu reposent aussi les restes de sainte Catherine de Sienne. 

Le pape Jean Paul II, dans le motu proprio écrit à l’occasion de sa béatification, affirme que ses œuvres « sont le fruit d’une parfaite harmonie entre la vie sainte et la force créatrice qui agissait en lui », des œuvres qui appellent l’homme à contempler « les choses divines ». 

Carmen Elena Villa

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ZENIT Staff

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