A propos de Robert Schuman: "Courage et politique"

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Congrès à l’université pontificale Grégorienne

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Bruno Le Maire, député français de l’Eure, est intervenu dans le cadre de la journée d’étude « De Robert Schuman à demain. Suite du Christ et engagement politique » organisée à l’Université pontificale grégorienne à Rome, le 16 novembre 2013.

Cet événement marquait l’anniversaire des 50 ans de la mort de Robert Schuman (1886-1963), un des “pères fondateurs” de l’Europe (cf. Zenit du 13 novembre 2013).

Intervenant sur le thème « Courage et politique », Bruno Le Maire a fait observer que « le courage vaut son nom de courage quand il se réalise dans l’existence, et pas simplement dans la réflexion » : « le courage ne se proclame pas, il a besoin de preuve ».

« En politique, le courage est la plus galvaudée des vertus, celle dont chacun se réclame et que très peu pratiquent », a-t-il estimé.

Pour le député français, le courage est « une confrontation », en premier lieu une confrontation à « la peur devant tout engagement », car « un engagement politique est un sacerdoce : on se donne, on abandonne sa liberté, on se dévoue aux autres, on sert les autres. Un engagement politique pleinement vécu est un service de tous les instants. »

Le courage en politique exige aussi « d’assumer un désaccord », « se confronter à une opinion ou une conviction qui n’est pas la sienne. Le courage est de supporter cette confrontation et de refuser le ralliement ».

Bien que la confrontation puisse porter simplement « sur des sujets techniques », cependant la technique peut « virer au politique », a poursuivi Bruno Le Maire, qui s’est demandé « comment tracer la ligne entre le courage et l’obstination ? ».

« Pour distinguer le courage de la persévérance dans une erreur, il faut sans cesse interroger son propre courage, en comprendre les raisons, en mesurer les effets. Le seul vrai courage est habité par son propre questionnement », a-t-il répondu.

Outre la peur, le courage en politique demande de dominer « le doute » : « le doute sur la pertinence de sa décision, qui peut amener à ne plus prendre aucune décision. Le doute, plus vivace, sur ses convictions. Car au bout du compte, la politique est toujours à un moment ou à un autre une confrontation avec ses propres convictions. »

« Dans un temps de confusion des valeurs, où les offensives contre certains principes essentiels se multiplient, il est plus que jamais temps de ranimer ce courage des convictions ».

Cette « guerre des volontés » est « le propre de la vie politique », a-t-il souligné : « et le courage que demande cette guerre incessante, qui ne prend jamais fin, parce que rien ne peut lui apporter la paix », excepté « la reconnaissance de la condition humaine, sous les attributs du pouvoir ».

Ainsi, la guerre des volontés se « pacifie » en « assumant » la condition humaine, selon les mots de Pascal qui donne « la clé du courage en politique » : « un détachement de ce que [l’on est], une lucidité de tous les instants, un acquiescement à [sa] fragilité et au hasard si grand de [sa] condition. »

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ZENIT Staff

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