A Bethléem, le pape prend la défense de l'enfant

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Un air de Noël, place de la Mangeoire

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Le pape François prend la défense de l’enfant, qui doit être « protégé et accueilli depuis le sein maternel » : la façon dont l’enfant est traité est « un signe pour comprendre l’état de santé d’une famille, d’une société, du monde entier », affirme-t-il.

Au deuxième jour de son pèlerinage en Terre Sainte, le pape a célébré la « messe de Noël » à Bethléem, sur la place de la Mangeoire, grande place pavée jouxtant la basilique de la Nativité.

Le pape François est arrivé aux environs de 9h45 sur la place ensoleillée, après avoir sillonné les rues de la ville depuis le palais présidentiel, en papamobile découverte, acclamé par les passants.

Ovationné par les « viva il papa ! » de la foule joyeuse, bariolée, qui agitait des drapeaux et des ballons, le pape, très souriant, a été accueilli par le maire de Bethléem, Mme Vera Baboun, tandis que la chorale interprétait l’hymne officiel du voyage en Terre Sainte, « Sur les pas de François ».

Sous une tente aux couleurs de la Palestine et du Vatican, était dressé l’autel, derrière lequel était déployée une toile de 14 mètres de long sur 6 mètres de large, réalisée par un artiste palestinien, représentant la crèche : devant l’étable représentée par une tente, symbole des réfugiés de la région, la sainte Famille – où saint Joseph était coiffé d’un keffieh noir et blanc, coiffe traditionnelle palestinienne – était entourée des bergers, des trois papes ayant visité la Terre Sainte – Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI – ainsi que du saint patron du pape François, François d’Assise, protecteur des Lieux Saints

Deux bienheureuses locales étaient également représentées : la carmélite Mariam de Bethléem et sœur Marie-Alphonsine Ghattas, fondatrice des sœurs du Rosaire.

Honorant la tradition bethléemite qui célèbre Noël chaque jour – selon le privilège liturgique des lieux saints où l’on célèbre les offices des mystères là où ils se sont déroulés – les participants ont entonné à pleine voix des chants de la nativité, entre autres « Les anges dans nos campagnes » et « Puer natus in Bethleem » en entrée, ainsi que « Peuple fidèle » au moment de la communion. Le commun de la messe était interprété par la chorale, en arabe et en syriaque.

Célébrant en latin, le pape a introduit certaines prières communes en arabe, tels le « Je confesse à Dieu » (ana ‘ataref), le « credo » (Nu’men’), et l’introduction à l’évangile « As-salamu lijami’ikum ».

Durant son homélie, il a commenté la parole « Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un enfant emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2, 12) : « Dieu nous répète à nous aussi, hommes et femmes du XXIème siècle : « Voici le signe qui vous est donné », cherchez l’enfant… les enfants sont un signe “diagnostic” pour comprendre l’état de santé d’une famille, d’une société, du monde entier. »

En effet, a-t-il souligné, « quand les enfants sont accueillis, aimés, défendus, protégés dans leurs droits, la famille est saine, la société est meilleure, le monde est plus humain ». Il a invité à protéger les enfants « depuis le sein maternel ».

Le pape a dénoncé « les conditions inhumaines » dans lesquelles vivent de nombreux enfants : « exploités, maltraités, tenus en esclavage, objets de violence et de trafics illicites, déracinés, réfugiés, parfois noyés dans les mers ».

Les pleurs des enfants souffrants « de faim et de maladies facilement curables », « d’enfants-soldats, de petits travailleurs-esclaves » « interpellent », a-t-il poursuivi : « De tout cela nous avons honte aujourd’hui devant Dieu, ce Dieu qui s’est fait Enfant. »

Le pape François a invité à un examen de conscience : « qui sommes-nous devant les enfants d’aujourd’hui ? Sommes-nous capables de nous tenir à côté d’eux, de « perdre du temps » avec eux ? Savons-nous les écouter, les défendre, prier pour eux et avec eux ? Ou bien les négligeons-nous, pour nous occuper de nos intérêts ? »

Les intentions de la prière universelle, qui intercédaient pour le pape, pour la paix en Terre Sainte, pour les familles, pour les enfants et pour la concorde interreligieuse, ont été lues en arabe, français, italien, anglais et philippin.

Au moment de la paix du Christ, le président palestinien, Mahmoud Abbas, qui était présent à la messe, est monté à l’autel pour embrasser le pape, en un geste très applaudi. Au terme de la célébration, le pape lui a lancé une invitation surprise, ainsi qu’au président israélien Shimon Peres, leur proposant de venir « chez lui », au Vatican, pour une prière commune pour la paix.

Après la prière du Regina Coeli, le pape est allé déjeuner avec des familles palestiniennes au Couvent franciscain “Casa Nova”. Dans l’après-midi, il a visité en privé la grotte de la Nativité, achevant son pèlerinage sur les lieux de la naissance du Christ, sous le signe de l’étoile à 14 branches qui est à la grotte et qui était aussi représentée sur le podium de la messe de Noël. 

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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