Dans son message pour cette journée, le pape a en effet invité à entendre le « cri de douleur » des 175 millions de réfugiés du monde, rappelle Mgr Marchetto.
Du point de vue de la rencontre des cultures, Mgr Marchetto fait observer : « La conscience de la particularité culturelle peut être « ressuscitée » par la rencontre avec des personnes d’une culture différente sans que cette conscience ne soit vécue de façon fondamentaliste, sans que cela provoque ni fermeture mentale qui est la cause de luttes et d’oppositions, ni simple tolérance. Elle ne suffit plus aujourd’hui. Il est nécessaire que tous s’efforcent d’atteindre, de créer une cohabitation véritable entre les différentes cultures, toutes soumises cependant au « droit naturel » ou en termes davantage acceptés aujourd’hui, aux « droits humains ». »
Pour Mgr Marchetto, le « nouveau défi » que le phénomène migratoire lance au monde actuel, est de caractère « structurel » : « Les migrations, fait-il remarquer est désormais un phénomène répandu, à l’intérieur du processus du développement, dans le système même qui le produit : la mondialisation. La rencontre entre les différentes cultures devient l’affaire de tous, un problème à affronter sans raccourcis, en dépassant une certaine réticence, parce que souvent, le dialogue avec qui est différent de nous par la culture ou la religion est difficile ».
Pour ce qui est de l’appel lancé par le pape après l’angélus de dimanche, Mgr Marchetto fait observer : « Nous sommes ici au cœur du christianisme : la charité, l’amour, l’accueil, la solidarité avec les plus faibles, mais qui ont leur dignité, et le droit de conserver ses traditions culturelles et religieuses, et d’être respectés dans leur mentalité, leur culture, leur religion. Le nouveau nom de l’intégration et de la solidarité doit donc être l’intégration culturelle et la réciprocité dans l’attention, le respect, l’aide et le service. L’intégration juste, équilibrée, respectueuse, et « civisme raisonnable », comme l’on dit pour la première fois, et non pas assimilation qui fait de l’autre une copie de nous ».
Pour ce qui est de la nécessité pour les immigrés de s’intégrer à la nation qui les accueille en apprenant la langue, et en respectant les lois, comme le pape les y invite, Mgr Marchetto souligne : « Je ne crois pas que l’on puisse parler d’intégration sans la connaissance de la langue du pays d’accueil et sans un effort pour observer les lois qui régissent les communautés locales. C’est de la que peut naître la cohabitation et non pas le ghetto, imposé ou choisi, de l’immigré, avec la croissance de la séparation, de la discrimination ».
Mais que dire du rôle de l’Etat laïc, par exemple, dans le contexte de la loi française sur les signes religieux ostensibles à l’école ?
« Sur le concept d’une saine et juste laïcité, répond Mgr Marchetto, les points de vue sont différents. La laïcité est, dans notre perspective, une forme d’organisation de l’Etat qui garantit à tous la liberté de culte et de religion, dans le respect évidemment, des règles communes de la vie sociale, comme des libertés collectives et individuelles. Elle est ainsi la traduction d’un principe de « neutralité », positive, de l’Etat, (de la collectivité, de la communauté sociale), respect de la dimension religieuse incarnée dans les personnes et leur culture ».
