50 ans après la fondation de la Communauté européenne, la COMECE tente de relancer l’UE

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Giorgio Salina, Président de l’Association pour la Fondation Europa

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ROME, Mardi 13 février 2007 (ZENIT.org) – Du 23 au 25 mars prochains, à l’occasion du cinquantième anniversaire des Traités de Rome qui ont marqué le lancement de la Construction européenne, la COMECE (Commission des épiscopats de la Communauté européenne) organise à Rome un Congrès à caractère continental.

Réfléchissant sur cet événement et sur le chemin parcouru par l’Union européenne durant ces dernières années, Giorgio Salina, Président de l’Association pour la Fondation Europe a souligné dans un entretien à Zenit qu’« au-delà même des déclarations officielles, le vent qui souffle actuellement sur l’Europe n’est pas ce qu’il y a de mieux pour l’avenir de l’Union ».

« Nous vivons cela depuis la douche froide du ‘non’ à la ratification du traité constitutionnel par la France et les Pays-Bas » a-t-il expliqué.

« La règle étant qu’un texte, pour être adopté, doit obtenir l’unanimité des 27 pays actuellement membres – a poursuivi Giorgio Salina – on court le risque de voir l’Union se réduire à une zone de libre échange et se perdre dans les velléités d’une improbable politique étrangère et commerciale commune, sur l’échiquier international ».

Au sujet du Congrès organisé par la COMECE, Giorgio Salina estime que « les chrétiens ont là une belle occasion de lancer un message clair et fort aux européennes et européens pour qu’un nouvel élan soit donné au processus communautaire ».

Selon le Président de l’Association pour la Fondation Europe « la condition préliminaire est de revenir à l’esprit, aux idéaux et aux espoirs des Pères fondateurs, trois hommes que les circonstances ont unis pour un même grand destin : tous trois, Konrad Adenauer, Alcide De Gasperi et Robert Schuman, marqués par l’immense tragédie d’une guerre fratricide qui a ensanglanté l’Europe, et fini dans un gouffre d’horreurs et d’abomination ».

« Les trois hommes – a-t-il ajouté – nourrissaient le même désir de paix et de fraternité qu’ils souhaitaient concrétiser sous la forme d’une collaboration économique, sociale et politique. Tous les trois étaient chrétiens, catholiques. Ils avaient une conscience claire de ce qu’est le bien commun pour lequel il est nécessaire de sacrifier tout égoïsme nationaliste. C’était également des hommes d’Etat dotés d’une grande clairvoyance et d’un grand réalisme politique ».

Selon Giorgio Salina, la laïcité et la subsidiarité sont les deux conditions préliminaires pour revenir à un tel esprit et à de tels idéaux.

« Mais cette laïcité doit savoir passer d’une attitude de refus à une attitude de neutralité – a poursuivi le Président de l’Association – afin que les Institutions publiques puissent bénéficier de la collaboration démocratique des Eglises et des réalités confessionnelles, des associations culturelles et philosophiques, de toutes les situations culturelles, tout comme du christianisme qui a largement contribué à faire de l’Europe ce qu’elle est aujourd’hui : sans cette tradition et sans cette histoire, nous nous dirigeons vers une Europe sans âme, une Europe qui ne peut se reconnaître elle-même. Il ne peut y avoir d’avenir sans la conscience de ce que l’on est ».

A propos de subsidiarité, Giorgio Salina explique qu’« il doit s’agir non seulement d’une subsidiarité ‘verticale’ entre les Institutions communautaires, chacun des Etats et les pouvoirs locaux, mais aussi d’une subsidiarité ‘horizontale’ entre le pouvoir politique à divers niveaux et la société dans ses différentes articulations ».

L’autre point essentiel pour une relance de l’Europe, a poursuivi Giorgio Salina, est « la liberté religieuse, fruit d’une laïcité correctement entendue et d’une subsidiarité mise en œuvre concrètement ».

Le Président de l’Association pour la Fondation Europe se dit convaincu que la liberté religieuse aura des retombées positives pour la démocratie : « Le respect du principe de liberté religieuse est un signe et une garantie pour les droits fondamentaux de l’homme, car il implique la liberté de pensée, la liberté d’expression, de réunion, d’éducation, et tant d’autres encore ».

D’autre part « la liberté religieuse garantit l’application correcte, à tous les niveaux de culture, de ce principe démocratique fondamental : ‘Je m’opposerai à ce que tu dis, mais je me battrai pour que tu puisses le dire’ », a-t-il expliqué à Zenit.

Enfin, « la liberté religieuse favorise la contribution constructive des hommes religieux dans la réalisation complète d’une démocratie moderne où tout le monde serait au service de tout le monde, retrouvant ainsi les principes éthiques et le sens de la coresponsabilité ».

« Tout ceci – ajoute Giorgio Salina – ne veut pas dire défendre les positions partisanes qui sont par trop diffuses, mais déterminer les conditions qui peuvent effectivement permettre un retour, conscient et réaliste, à cette perspective historique de réunification du continent, sur la base de nouvelles règles communes de collaboration, plus efficaces et plus solidaires, et donnant la possibilité à l’Union de parler d’une voix plus unie en politique étrangère et commerciale ».

« Il s’agit de retrouver les conditions favorisant une reprise de l’Europe, ce même élan de courage et cet idéal des débuts, de promouvoir ce rôle international en faveur de la paix, que notamment les pays du sud du monde réclament et attendent », a-t-il affirmé.

»Ce chemin – a souligné Giorgio Salina – n’est pas un chemin facile. Il est assurément pavé de difficultés. Précisément pour cela, il est nécessaire de retrouver les raisons qui ont motivé la nécessité, et qui ont montré l’absence d’alternatives, d’un chemin entamé il y a cinquante ans ».

Le Président de l’ Association pour la Fondation Europe estime par ailleurs qu’« il est nécessaire de relancer les situations de collaboration pour trouver la route commune, même dans une confrontation franche et serrée entre cultures différentes ».

« Si toutes ces conditions n’avaient pas existé au début, il aurait été impossible de démarrer quoi que ce soit, car à l’époque, les difficultés étaient grandes et il y avait encore beaucoup d’inconnues, peut-être même plus qu’aujourd’hui », a-t-il conclu.

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ZENIT Staff

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