La beauté de la création, capture @ La Vidéo du Pape, août 2017

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Ecologie intégrale: il faut «agir», «pas demain, aujourd’hui» (traduction complète)

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«Le système économique actuel n’est pas viable»

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Le «compte à rebours» a commencé: il faut agir «pas demain, aujourd’hui», car «le système économique actuel n’est pas viable»: le pape François s’est adressé en ces termes dans un message vidéo adressé, samedi, 10 octobre 2020, aux participants d’un événement en ligne mondial  intitulé :«Countdown» («Compte à rebours»), et organisé par TED en vue de solutions immédiates à la crise climatique.
«Nous devons agir de toute urgence, renchérit le pape. Chacun de nous peut jouer un rôle précieux si nous nous mettons tous en route aujourd’hui. Pas demain, aujourd’hui. Parce que l’avenir se construit aujourd’hui, et il se construit non pas seul, mais en communauté et en harmonie.»
Il indique notamment que «la terre doit être travaillée et soignée, cultivée et protégée»: «Nous ne pouvons pas continuer à la presser comme une orange. Et nous pouvons dire que cela, prendre soin de la terre, c’est un droit de l’homme.»

L’objectif est clair: «Construire, au cours de la prochaine décennie, un monde où nous pourrons répondre aux besoins des générations présentes, en incluant tout le monde, sans compromettre les possibilités des générations futures.»

Le pape propose trois lignes de solutions: «promouvoir, à tous les niveaux, une éducation au soin de la maison commune», «mettre l’accent sur l’eau et l’alimentation», développer la «transition énergétique».

Il encourage notamment à récompenser les entreprises qui «font un effort concret dans cette phase de transition pour placer des paramètres tels que la durabilité, la justice sociale et la promotion du bien commun au centre de leurs activités».

Voici notre traduction, rapide, de travail, du message du pape prononcé en italien.

AB

Message du pape François

Bonjour!

Nous vivons un moment historique marqué par des défis difficiles. Le monde est secoué par la crise provoquée par la pandémie de Covid-19, qui met encore plus en évidence un autre défi mondial: la crise socio-environnementale.

Cela nous confronte tous à la nécessité d’un choix.

Le choix entre ce qui compte et ce qui ne compte pas. Le choix entre continuer à ignorer les souffrances des plus pauvres et à maltraiter notre maison commune, la Terre, ou s’engager à tous les niveaux pour transformer notre façon d’agir.

La science nous dit, chaque jour avec plus de précision, qu’il est nécessaire d’agir d’urgence – et je n’exagère pas, la science le dit – si nous voulons avoir une espérance d’éviter des changements climatiques radicaux et catastrophiques. Et pour cela, il faut agir de toute urgence. C’est un fait scientifique.

La conscience nous dit que nous ne pouvons pas être indifférents à la souffrance des plus pauvres, aux inégalités économiques croissantes et aux injustices sociales. Et l’économie elle-même ne peut se limiter à la production et à la distribution. Elle doit nécessairement tenir compte de son impact sur l’environnement et de la dignité de la personne. On pourrait dire que l’économie doit être créative en elle-même, dans ses méthodes, dans sa manière d’agir. La créativité.

Je voudrais vous inviter à faire un voyage ensemble. Un voyage de transformation et d’action. Fait pas tant de paroles, mais surtout d’actions concrètes et impossible à remettre à demain.

J’appelle cela un «voyage», car il nécessite un «déplacement», un changement! De cette crise, aucun de nous ne doit sortir pareil – nous ne pouvons pas en sortir pareils: d’une crise, nous ne sortons jamais pareils -; et il faudra du temps et des efforts pour en sortir. Il faudra y aller pas à pas, aider les faibles, persuader les sceptiques, imaginer de nouvelles solutions et s’engager à les mettre en œuvre.

Mais l’objectif est clair: construire, au cours de la prochaine décennie, un monde où nous pourrons répondre aux besoins des générations présentes, en incluant tout le monde, sans compromettre les possibilités des générations futures.

Je voudrais inviter tous les croyants, chrétiens ou non, et toutes les personnes de bonne volonté, à entreprendre ce chemin, [à partir] de leur foi ou, s’il n’ont pas la foi, à partir de leur volonté, de leur bonne volonté. Chacun de nous, en tant qu’individus et en tant que membres de groupes – familles, communautés de foi, entreprises, associations, institutions – peut apporter une contribution significative.

Il y a cinq ans, j’ai écrit l’encyclique Laudato si’, consacrée au soin de notre maison commune. Il propose le concept d ‘«écologie intégrale», pour répondre ensemble au cri de la terre mais aussi au cri des pauvres. L’écologie intégrale est une invitation à une vision intégrale de la vie, en partant de la conviction que tout dans le monde est lié et que, comme la pandémie nous l’a rappelé, nous sommes interdépendants les uns des autres, et aussi dépendants de notre terre-mère. De cette vision découle la nécessité de rechercher d’autres manières de comprendre le progrès et de le mesurer, sans se limiter aux seules dimensions économique, technologique, financière et au produit [intérieur] brut, mais en accordant une importance centrale aux dimensions éthico-sociale et éducative.

Aujourd’hui, je voudrais proposer trois pistes d’action.

Comme je l’écrivais dans Laudato si’, le changement et la bonne orientation pour le chemin de l’écologie intégrale nécessitent d’abord une démarche pédagogique (cf. n. 202). La première proposition est donc de promouvoir, à tous les niveaux, une éducation au soin de la maison commune, en développant la compréhension que les problèmes environnementaux sont liés aux besoins humains – il faut le comprendre dès le début: les problèmes environnementaux sont liés aux besoins humains – ; une éducation basée sur des données scientifiques et sur une approche éthique. C’est important: les deux. Je suis encouragé par le fait que de nombreux jeunes ont déjà une nouvelle sensibilité écologique et sociale, et certains d’entre eux se battent généreusement pour la défense de l’environnement et pour la justice.

Comme deuxième proposition, il faut alors mettre l’accent sur l’eau et l’alimentation. L’accès à une eau salubre et potable est un droit humain essentiel et universel. Elle est essentielle, car elle conditionne la survie des personnes et pour cette raison elle est une condition à l’exercice de tous les autres droits et responsabilités. Assurer une nutrition adéquate pour tous grâce à des méthodes agricoles non destructives devrait alors devenir l’objectif fondamental de tout le cycle de production et de distribution alimentaires.

La troisième proposition est celle de la transition énergétique: un remplacement progressif mais immédiat des énergies fossiles par des sources d’énergie propres. Nous avons quelques années, les scientifiques calculent environ moins de trente – nous avons quelques années, moins de trente – pour réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Cette transition doit non seulement être rapide et capable de répondre aux besoins énergétiques présents et futurs, mais doit aussi être attentive aux impacts sur les pauvres, les populations locales et sur ceux qui travaillent dans les secteurs de la production d’énergie.

Une façon d’encourager ce changement est de conduire les entreprises vers l’urgence de s’engager dans le soin intégral de la maison commune, en excluant des investissements des entreprises qui ne répondent pas aux paramètres de l’écologie intégrale et en récompensant celles qui font un effort concret dans cette phase de transition pour placer des paramètres tels que la durabilité, la justice sociale et la promotion du bien commun au centre de leurs activités. De nombreuses organisations catholiques et d’autres confessions ont déjà pris la responsabilité de travailler dans ce sens. En fait, la terre doit être travaillée et soignée, cultivée et protégée; nous ne pouvons pas continuer à la presser comme une orange. Et nous pouvons dire que cela, prendre soin de la terre, c’est un droit de l’homme.

Ces trois propositions doivent être comprises comme faisant partie d’un vaste ensemble d’actions que nous devons mener de manière intégrée pour parvenir à une solution durable des problèmes.

Le système économique actuel n’est pas viable. Nous sommes confrontés à l’impératif moral, et à l’urgence pratique, de repenser beaucoup de choses: comment nous produisons, comment nous consommons, penser à notre culture du déchet, à la vision à court terme, à l’exploitation des pauvres, à l’indifférence à leur égard, aux inégalités croissantes et à la dépendance vis-à-vis des sources d’énergie nocives. Autant de défis. Nous devons y réfléchir.

L’écologie intégrale suggère une nouvelle conception de la relation entre nous et la nature. Cela conduit à une nouvelle économie, dans laquelle la production de richesse est orientée vers le bien-être intégral de l’être humain et vers l’amélioration – et non la destruction – de notre maison commune. Cela signifie également une politique renouvelée, conçue comme l’une des formes les plus élevées de la charité. Oui, l’amour est interpersonnel, mais l’amour est aussi politique. Il implique tous les peuples et il implique la nature.

Par conséquent, je vous invite tous à entreprendre ce voyage. Je l’ai donc proposé dans Laudato si’ et aussi dans la nouvelle encyclique Fratelli tutti. Comme le suggère le terme «compte à rebours», nous devons agir de toute urgence. Chacun de nous peut jouer un rôle précieux si nous nous mettons tous en route aujourd’hui. Pas demain, aujourd’hui. Parce que l’avenir se construit aujourd’hui, et il se construit non pas seul, mais en communauté et en harmonie.

Merci!

(c) Traduction de Zenit, Anita Bourdin

 

 

 

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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