Pope Francis in Paul VI Room (archive)

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Quand les consacrés de Rome ont rendez-vous avec leur évêque (2/4)

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« Dans la consécration féminine, il y a une dimension sponsale », explique le pape François. Et il souligne que l’amour vrai est « concret ».

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Le pape a dialogué avec les consacrés de son diocèse, samedi 16 mai, dans la Salle Paul VI, après un temps de témoignages, de danse et de chants – dont un chœur de religieuses de Chine – de différents pays et différents continents, de différentes formes de consécration et différents engagements apostoliques.

Le pape a répondu d’abondance de cœur aux questions posées par quatre consacrés représentant des réalités différentes : une moniale contemplative, une laïque consacrée, un religieux engagé en paroisse, et un capucin au service des jeunes en détresse.

La deuxième question est posée par Iwona Langa, Polonaise, qui sera consacrée dans l’Ordo Virginum du diocèse de Rome le 31 mai prochain, et engagée au service des mamans en difficulté et de leurs enfants dans la « Maison de famille Aïn Karim ». Une vocation de laïque consacrée dans le monde, selon le rituel restauré par le concile Vatican II.

Iwona Langa – Le mariage et la virginité chrétienne sont deux modes de réalisation de la vocation à l’amour. Fidélité, persévérance, unité du cœur, sont des engagements et des défis pour les époux chrétiens comme pour nous, consacrés : comment éclairer le chemin les uns des autres, les uns pour les autres, et cheminer ensemble vers le Royaume ?

Pape François – Comme la première sœur, sœur Fulvia Sieni, était – disons – « en prison », cette autre sœur est… « sur la route ». Toutes les deux portent la parole de Dieu à la ville. Vous avez posé une belle question : « L’amour dans le mariage et l’amour dans la vie consacrée représentent-ils le même amour ? » A-t-il ces qualités de persévérance, de fidélité, d’unité, de cœur ? Y a-t-il des engagements et des défis ? C’est pour cela que les consacrées se disent « épouses du Seigneur ». Elles épousent le Seigneur.

J’avais un oncle dont la fille est devenue sœur et il disait : « Maintenant, je suis le beau-père du Seigneur ! Ma fille a épousé le Seigneur ! » Dans la consécration féminine, il y a une dimension sponsale. Dans la consécration masculine aussi : on dit de l’évêque qu’il est l’ « époux de l’Église », parce qu’il est à la place de Jésus, l’époux de l’Église. Mais cette dimension féminine – je m’éloigne un peu de la question, pour y revenir – chez les femmes, elle est très importante. Les sœurs sont l’icône de l’Église et de la Vierge Marie. N’oubliez pas que l’Église est au féminin. Ce n’est pas « le » Église, mais « la » Église. Et c’est pour cela que l’Église est l’épouse de Jésus.

Nous oublions bien souvent cela ; et nous oublions cet amour maternel de la sœur, parce que l’amour de l’Église est maternel ; cet amour maternel de la sœur, parce que l’amour de la Vierge Marie est maternel. La fidélité, l’expression de l’amour de la femme consacrée, « doit » – mais pas comme un devoir, mais par connaturalité – doit refléter la fidélité, l’amour, la tendresse de notre mère l’Église et de notre mère, Marie. Une femme qui, pour se consacrer, ne prend pas cette voie, finit par se tromper. La maternité de la femme consacrée ! Penser beaucoup à cela. Comment Marie est maternelle et comment l’Église est maternelle.

Et tu demandais : comment éclairer la route les uns des autres, les uns pour les autres, et cheminer vers le Royaume ? L’amour de Marie et l’amour de l’Église sont un amour concret ! La dimension concrète est la qualité de cette maternité des femmes, des sœurs. Amour concret. Quand une sœur commence avec les idées, trop d’idées, trop d’idées… Mais que faisait sainte Thérèse ? Quel conseil donnait sainte Thérèse, la grande, à la supérieure ? « Donne-lui un bifteck et nous en parlons après ! » La faire redescendre dans la réalité. Le concret. Et le concret de l’amour est très difficile. C’est très difficile !

Et en plus, quand on vit en communauté, parce que nous connaissons tous les problèmes de la communauté : les jalousies, les bavardages ; que cette supérieure est comme ceci, que l’autre est comme cela… Ces choses-là sont concrètes, mais pas bonnes ! Le concret de la bonté, de l’amour, qui pardonne tout ! Si on doit dire une vérité, on la dit en face, mais avec amour ; prie avant de faire un reproche et puis demande au Seigneur que cela avance avec la correction. C’est l’amour concret ! Une sœur ne peut pas se permettre un amour dans les nuages ; non, l’amour est concret.

Et à quoi ressemble la dimension concrète de la femme consacrée ? À quoi ressemble-elle ? Tu peux la trouver dans deux passages de l’Évangile. Dans les Béatitudes : elles te disent ce que tu dois faire. Jésus, le programme de Jésus, est concret. Bien souvent je pense que les Béatitudes sont la première encyclique de l’Église. C’est vrai, parce que tout le programme est là. Et puis la dimension concrète, tu la trouve dans le protocole sur lequel nous serons tous jugés : Matthieu 25. La dimension concrète de la femme consacrée est là. Avec ces deux passages, tu peux vivre toute la vie consacrée ; avec ces deux règles, avec ces deux choses concrètes, en faisant ces choses concrètes. Et en faisant ces choses concrètes, tu peux aussi arriver à un degré, à une hauteur de sainteté et de prière très grands. Mais il faut être concret : l’amour est concret ! Et votre amour de femmes est un amour maternel concret.

Une maman ne dit jamais de mal de ses enfants. Mais si tu es une sœur, au couvent ou dans une communauté de laïcs, tu as cette consécration maternelle et tu n’as pas le droit de dire du mal des autres sœurs ! Non ! Toujours les excuser, toujours ! C’est beau, ce passage de l’autobiographie de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, où elle trouvait cette sœur qui la détestait. Que faisait-elle ? Elle souriait et elle avançait. Un sourire d’amour. Et que faisait-elle quand elle devait accompagner cette sœur qui était toujours mécontente, parce qu’elle boitait des deux jambes et que, la pauvre, elle était malade : que faisait-elle ? Elle faisait de son mieux ! Elle la portait bien et ensuite elle coupait son pain, elle faisait pour elle quelque chose en plus. Mais jamais la critique par derrière ! Cela détruit la maternité. Une maman qui critique, qui dit du mal de ses enfants n’est pas une mère ! Je crois qu’on dit « marâtre » en italien… ce n’est pas une mère.

Je te dirai ceci : l’amour – et tu vois qu’il est aussi conjugal, c’est la même figure, la figure de la maternité de l’Église – c’est concret. Le concret. Je vous recommande de faire cet exercice : lire souvent les Béatitudes, et lire souvent Matthieu 25, le protocole du Jugement. Cela fait beaucoup de bien pour le concret de l’Évangile. Je ne sais pas, nous arrêtons ici ?

© Traduction de Zenit, Constance Roques

 

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ZENIT Staff

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