Conférence de l'OSCE à Vienne © OSCE press office

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OSCE : le Saint-Siège plaide pour l’égalité des hommes et des femmes

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Le « masculin » et le « féminin » différencient deux individus d’égale dignité

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« Ma délégation soutient les engagements basés sur, et visant à une véritable et authentique égalité entre les femmes et les hommes, et qui nécessitent encore d’être pleinement mis en œuvre », a déclaré Mgr Janusz S. Urbanczyk, représentant permanent du Saint-Siège, à la 1 085e Réunion (spéciale) du Conseil permanent de l’OSCE, le 14 janvier 2016.
Il répondait à l’allocution du Président en exercice de l’OSCE, ministre des Affaires étrangères de la République fédérale d’Allemagne, M. Frank-Walter Steinmeier.
« Nous attirons l’attention de la présidence sur le rôle des femmes dans nos sociétés, a-t-il insisté. Le Saint-Siège croit que le « masculin » et le « féminin » différencient deux individus d’égale dignité, qui ne reflètent cependant pas une égalité statique, car la spécificité féminine est différente de la spécificité masculine et cette diversité dans l’égalité est enrichissante et indispensable pour une vie sociale harmonieuse. »
« La femme est le complément de l’homme, comme l’homme est le complément de la femme : la femme et l’homme se complètent mutuellement, non seulement du point de vue physique et psychique, mais aussi ontologique. Ce n’est que grâce à la dualité du « masculin » et du « féminin » que l’ « humain » se réalise pleinement. »
Voici notre traduction intégrale de l’intervention de Mgr Urbanczyk.
A.B.
Monsieur le Président,
Le Saint-Siège se joint à d’autres délégations pour accueillir chaleureusement le retour, au Conseil permanent, du ministre fédéral des Affaires étrangères de la République fédérale d’Allemagne, Son Excellence le Docteur Frank-Walter Steinmeier et le féliciter pour sa prise de fonction en tant que Président en exercice de l’OSCE pour 2016. Nos félicitations également à vous, Monsieur l’Ambassadeur Pohl, et à l’ensemble de votre personnel. Je vous remercie, Monsieur le Ministre, pour votre présentation complète et perspicace. Je vous souhaite plein succès et vous assure de la coopération et du soutien du Saint-Siège pendant votre présidence.
Permettez-moi également de saisir cette occasion pour renouveler la gratitude de ma délégation envers la présidence sortante serbe pour sa direction et sa diligence au long de l’année passée.
Monsieur le Président,
Ces dernières années, l’Europe a été, malheureusement et de façon inattendue, le témoin de nombreux conflits et attaques terroristes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières, qui ont abouti à la mort et aux blessures de trop de gens. Nous avons confiance en l’engagement de votre présidence à travailler pour la résolution de tous les conflits actuels dans la région de l’OSCE, y compris ceux qui semblent trop longs et plus ou moins gelés.
Le Saint-Siège ne compte pas apporter des solutions pratiques à des situations complexes qui dépassent son domaine de compétence, mais il encouragera et soutiendra tout dialogue et initiative dans la recherche de solutions et d’instruments meilleurs pour maintenir la paix et la sécurité. De même, ma délégation accueillera tout effort de la Présidence en vue de fortifier la coopération et la cohérence dans la lutte contre les menaces transnationales, entre autres le terrorisme, la radicalisation, le trafic de drogue transfrontalier et les risques du cyberespace.
Récemment, l’Europe a aussi fait face à une extraordinaire migration de peuples fuyant les guerres et les persécutions, la pauvreté et l’exclusion, dans diverses zones proches de la région de l’OSCE ; beaucoup d’entre eux furent généreusement accueillis par votre gouvernement, Monsieur le Ministre. Le Saint-Siège est reconnaissant envers tous ceux qui manifestent leur solidarité envers les personnes les plus démunies. Comme l’a fait récemment remarquer le Saint-Père : « Devant l’importance des flux et les inévitables problèmes connexes, de nombreuses questions sont sorties sur les possibilités réelles de réception et d’adaptation des personnes, sur la modification de la structure culturelle et sociale des pays d’accueil, comme aussi sur le remodelage de certains équilibres géopolitiques régionaux. De même, les craintes concernant la sécurité sont importantes, considérablement augmentées par la menace déferlante du terrorisme international […]. Cependant, on ne peut pas se permettre de perdre les valeurs et les principes d’humanité, de respect pour la dignité de toute personne, de subsidiarité et de solidarité réciproque, bien qu’ils puissent, à certains moments de l’histoire, constituer un fardeau difficile à porter. Je souhaite donc rappeler ma conviction que l’Europe, aidée par son grand patrimoine culturel et religieux, a les instruments pour défendre la centralité de la personne humaine et pour trouver le juste équilibre entre le double devoir moral de protéger les droits de ses propres citoyens, et celui de garantir l’assistance et l’accueil des migrants » (1).
En outre, « il est nécessaire d’agir sur les causes et non seulement sur les effets » de ce phénomène (2). « On aurait pu affronter une grande partie des causes des migrations depuis longtemps déjà. On aurait pu ainsi éviter beaucoup de malheurs ou, du moins, en adoucir les conséquences les plus cruelles. Encore aujourd’hui, et avant qu’il ne soit trop tard, on pourrait faire beaucoup pour arrêter les tragédies et construire la paix »(3) et nous convenons qu’un nouvel élan dans les relations particulières entre l’OSCE et ses Partenaires méditerranéens pour la coopération peut jouer un rôle positif à cet effet.
Par ailleurs, le monde entier est confronté à une détérioration environnementale globale. Malheureusement, un processus implacable d’exclusion économique et sociale accompagne l’abus et la destruction de l’environnement. À cet égard, le pape François a lancé un appel : « Le défi urgent de sauvegarder notre maison commune inclut la préoccupation d’unir toute la famille humaine dans la recherche d’un développement durable et intégral, car nous savons que les choses peuvent changer » (4). Le Saint-Siège exprime le souhait que votre présidence conduise l’OSCE à adopter de nouvelles mesures concrètes et des actions immédiates pour un usage durable et une gestion rationnelle des ressources naturelles, tout en cherchant par tous les moyens à mettre fin, le plus vite possible, aux exclusions sociales et économiques.
Monsieur le Président,
L’intérêt, l’engagement et la contribution de ma délégation concernant la dimension humaine sont bien connus. J’aimerais donc attirer l’attention sur la « troisième corbeille », puisque le but de la présence du Saint-Siège dans le CSCE/OSCE a toujours été, et continue d’être, de protéger la dignité inhérente de toutes les personnes humaines, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion.
Nous partageons votre préoccupation par rapport à la liberté d’expression, aux médias et à l’information libre puisque nous croyons que « l’information figure parmi les principaux instruments de participation démocratique » (5). En même temps, le Saint-Siège est convaincu que «  l’information médiatique est au service du bien commun. La société a droit à une information fondée sur la vérité, la liberté, la justice et la solidarité » (6). À cet égard, il est important de souligner que toute personne, spécialement parmi les professionnels des médias, devrait être encouragée à exercer de manière responsable sa liberté d’expression.
De plus, nous sommes d’accord avec votre intention d’accorder une attention spéciale à l’intolérance et à la discrimination, puisqu’elles peuvent déclencher violences et conflits à une échelle plus large, minant ainsi la paix et la stabilité dans la région. En ce qui concerne plus particulièrement les phénomènes d’ordre religieux ou liés à la religion, j’aimerais rappeler qu’en accord avec l’indivisibilité, l’interdépendance et l’interrelation des droits humains, la tolérance religieuse et la non-discrimination doivent marcher main dans la main avec la liberté de religion ou de croyance. Plus encore, toutes les formes d’intolérance et de discrimination religieuses doivent être soigneusement identifiées et traitées, en évitant toute sélectivité ou approche hiérarchique impropres.
Le Saint-Siège demeure convaincu que, sous votre présidence, il sera possible d’atteindre un consensus sur les Déclarations du Conseil des ministres à propos du renforcement de la lutte contre l’intolérance et la discrimination, y compris envers les musulmans, les chrétiens et les membres d’autres religions, conformément aux instructions données par la Déclaration de Bâle sur le renforcement de la lutte contre l’antisémitisme.
Ma délégation considère le dialogue et le partenariat entre religions et avec les religions comme un moyen important de promouvoir la confiance, la réconciliation, le respect et la compréhension mutuels, et comme un moyen essentiel pour promouvoir la paix. Nous encourageons donc votre présidence à prendre cela en compte dans votre ordre du jour et à poursuivre les efforts afin d’aboutir à une déclaration du Conseil des ministres sur ce sujet.
Enfin, nous attirons l’attention de la Présidence sur le rôle des femmes dans nos sociétés. Le Saint-Siège croit que « le « masculin » et le « féminin » différencient deux individus d’égale dignité, qui ne reflètent cependant pas une égalité statique, car la spécificité féminine est différente de la spécificité masculine et cette diversité dans l’égalité est enrichissante et indispensable pour une vie sociale harmonieuse ». « La femme est le complément de l’homme, comme l’homme est le complément de la femme: la femme et l’homme se complètent mutuellement, non seulement du point de vue physique et psychique, mais aussi ontologique. Ce n’est que grâce à la dualité du « masculin » et du « féminin » que l’ « humain » se réalise pleinement » (7). Par conséquent, ma délégation soutient les engagements basés sur, et visant à une véritable et authentique égalité entre les femmes et les hommes, et qui nécessitent encore d’être pleinement mis en œuvre.
Monsieur le Ministre,
Alors que vous prenez vos responsabilités en tant que Président en exercice, je vous souhaite bon voyage sur les eaux périlleuses où l’Europe navigue actuellement. Puisse votre pilotage contribuer à promouvoir davantage la sécurité et la coopération entre tous les États et entre les individus, de Vancouver – via Berlin – à Vladivostok !
Je vous remercie, Monsieur le Président.
© Traduction de Zenit, Constance Roques
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1 Pape François, Discours aux membres du corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, Vatican, 11 janvier 2016.
2 Pape François, Discours aux membres du Parlement européen, Strasbourg, 25 novembre 2014.
3 Pape François, Discours aux membres du corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, Vatican, 11 janvier 2016.
4 Pape François, Lettre encyclique Laudato Si’, n. 13.
5 Compendium de la doctrine sociale de l’Église, n. 414.
6 Catéchisme de l’Église catholique 2494 ; cf. Concile œcuménique Vatican II, Décret Inter mirifica, 11 :
AAS 56 (1964), 148-149.
7 Cf. Compendium de la Doctrine sociale de l’Église, n. 146-147.

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Janusz Urbanczyk

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